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Vaisseaux, Coeur, Poumons
n
Vol 16
n
N°6
n
2011
212
V1530F_2011
Le tabac, un mot clé repris plus de
2.000 fois dans les abstracts du congrès!
Dominique-Jean Bouilliez
Keywords: NSCLC ­ tobacco ­ susceptibility gene ­ 15q25 ­ denosumab ­ amrubicin ­ platin ­ EGFR ­ cetuximab
Tabac toujours numéro 1
au hit parade!
La première session plénière du
congrès, consacrée à l'épidémiologie
du cancer broncho-pulmonaire n'a pas
(ou peu) apporté de données originales
(1). Mais elle a conclu une fois de plus à
l'avantage majeur de l'arrêt tabagique
On peut rappeler cependant qu'un fumeur sur
deux décédera d'une maladie liée à son tabagisme,
un quart entre 35 et 69 ans. L'arrêt reste à ce
titre le moyen le plus efficace de diminuer le
risque de mortalité lié au cancer, toutes causes
confondues, surtout s'il survient précocement
dans la vie. Ainsi, l'arrêt avant 30 ans confère
un risque relatif légèrement supérieur à celui
du non-fumeur, ce risque étant 5 fois plus élevé
lorsque le sevrage survient avant 50 ans et 15
fois supérieur en cas d'arrêt avant 60 ans (Figure 1).
Ces données sont également retrouvées pour
la mortalité globale, toutes causes confondues.
Quant aux différences géographiques dans
l'évolution de l'épidémie pour la tranche d'âge
35-69 ans, elles sont parfois marquantes. Ainsi,
aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, le taux de
mortalité par cancer broncho-pulmonaire chez
l'homme diminue depuis les années 80 tandis
que, chez la femme, après une augmentation
régulière, la courbe s'est infléchie dans les années
90. Aux Pays-Bas, le profil épidémiologique
des hommes est similaire tandis que celui des
femmes ne montre pas encore de pic. Mais c'est
sur la France que Richard Peto s'est focalisé car
elle est représentative de la tendance inverse,
surtout si l'on se restreint à la tranche d'âge des
35-44 ans. Pour expliquer cette hausse constante,
il incrimine le prix du tabac: clairement dissuasif
dans les pays anglo-saxons depuis de nombreuses
années et plus fluctuant en France. Et comme
prix du tabac et consommation tabagique sont
intimement liés...
Thorgeir Thorgeirsson (Un. California,
Santa Cruz) s'est focalisé quant à lui
sur les gènes de susceptibilité qui
conduisent le fumeur à développer un
cancer broncho-pulmonaire (2)
Les gènes de susceptibilité sont situés
essentiellement sur le chromosome 15 comme
l'ont démontré 3 études majeures (3-5) qui
confirment non seulement qu'il existe bien
une prédisposition génétique associée à la
survenue de cancers bronchiques dans les
populations caucasiennes (ce qui explique que
tous les fumeurs ne développent pas un cancer
David Gandara, président de l'IASLC formulait lors de la conférence de presse introductive
le fait que: «il est approprié pour les grands fumeurs âgés de 55 à 74 ans de discuter de
la pertinence d'un dépistage du cancer par scanner spiralé avec leur médecin afin de les
aider à prendre une décision
». En cause, les conclusions de John Field, président de la Task
Force du National Lung Screening Trial
qui a montré une réduction très significative de
la mortalité par cancer bronchique (20%) et de la mortalité toutes causes confondues
(7%) dans le groupe de sujets suivis par scanner low dose par rapport au groupe suivi
par radiographie standard. A côté de cette étude, «la plus importante de ces dernières
années dans le domaine du cancer bronchique parce qu'elle apporte pour la première fois
la preuve du concept de l'efficacité du dépistage
», les autres présentations manquaient
peut-être de sel, mais pas d'intérêt...
CONGRÈS
14
th
World Conference on Lung Cancer,
Amsterdam, 3-7 juillet 2011
R
isque cumulé (%)
Fumeurs sans interruption tout au long de leur vie
Arrêt tabagique avant 60 ans
Arrêt tabagique avant 50 ans
Arrêt tabagique avant 40 ans
Arrêt tabagique avant 30 ans
Non-fumeurs toute leur vie
Age
45
55 65 75
16
14
12
10
8
6
4
2
0
Figure 1: Risques de mortalité liés au tabagisme.
Richard Peto