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ortho-rhumato | Vol 9 | N°5 | 2011
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diScuSSion
Les nouvelles connaissances acquises grâce à l'utilisation
de modalités d'imagerie perfectionnées présentant une
résolution élevée telles que l'IRM et l'ultrasonographie ont
soulevé un certain nombre de points de discussion.
La présence de nombreux signes inflammatoires conforte
ainsi l'hypothèse selon laquelle l'arthrose de la main est plus
qu'une simple maladie dégénérative et qu'elle implique
l'organe dans son ensemble (en l'occurrence, l'articulation
du doigt) et pas seulement l'os sous-chondral. Auparavant,
l'ostéoarthrite était considérée comme une affection pure-
ment dégénérative. Actuellement, la présence d'une inflam-
mation est toutefois de plus en plus souvent constatée dans
les phases tant précoces que tardives. Une étude récente
a montré que, dans l'ostéoarthrite avancée visualisée à la
radiographie, il y a moins de synovite constatée à l'échogra-
phie que dans l'ostéoarthrite bénigne (9). Cette constatation
amène à soupçonner la présence d'une espèce de réaction
synoviale éteinte dans la maladie à un stade avancé. Le rôle
précis de la synovite dans la pathogenèse de l'ostéoarthrite
érosive reste toutefois peu clair. En effet, on observe aussi
fréquemment une synovite dans l'arthrose de la main non
érosive visualisée à la radiographie.
Un autre point de discussion nous amène à la classifi-
cation radiographique en arthrose de la main érosive et
non érosive. L'IRM et l'échographie sont nettement plus
sensibles que la radiographie conventionnelle pour la
détection des érosions. Cette sensibilité plus élevée de
l'échographie peut s'expliquer par le fait que cette mé-
thode est un examen dynamique multiplans, alors que la
radiographie ne met en évidence que les érosions qui sont
situées perpendiculairement au faisceau incident. Pour
l'IRM, cette meilleure sensibilité s'explique par le carac-
tère tridimensionnel de la méthode. Ce sont surtout les
érosions plus marginales qui sont détectées par l'IRM, car
la radiographie met surtout en évidence les érosions cen-
trales sur lesquelles le faisceau tombe de manière tangen-
tielle et manque plus facilement les érosions marginales.
Les connaissances actuelles suggèrent que la division de
l'arthrose de la main en types érosif et non érosif unique-
ment sur la base de la radiographie est quelque peu artifi-
cielle et exige une évaluation critique plus poussée.
Toutefois, le fait que l'ostéoarthrite érosive connaisse une
évolution plus agressive sur le plan clinique que l'ostéo-
arthrite non érosive a été à nouveau démontré récemment
(10). Ces patients éprouvent même davantage de douleur
et d'inconfort que des sujets atteints de polyarthrite rhu-
matoïde ou d'arthrite psoriasique dont la maladie est peu
active. Ces données suggèrent que l'ostéoarthrite érosive
nécessite un traitement plus agressif.
concluSion
Des modalités d'imagerie plus sensibles telles que l'écho-
graphie et l'IRM ont permis de montrer que l'arthrose de
la main est plus fréquemment du type érosif que la radio-
graphie ne le laissait croire. Il est également clair que
l'ostéoarthrite est une pathologie qui affecte l'articulation
du doigt dans son ensemble. Il existe en outre une impor-
tante composante systémique, qui exige un traitement plus
agressif.
références
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arthritis. arthritis rheum. in press.
remerciements
je remercie tous les patients qui ont participé volontairement aux
études. je remercie également mes promoteurs, le pr dr g. verbruggen
et le pr dr d. Elewaut, pour leur contribution à l'élaboration de ma thèse
de doctorat. je remercie enfin le fonds pour la recherche scientifique
en rhumatologie (frSr) pour le soutien financier partiel qu'il m'a
accordé pour mes recherches.