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Journal du Spécialiste
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4 juillet 2012
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restreint, mais qu'il s'agit néanmoins des
estimations les plus fiables actuellement
disponibles en Belgique.»
Le Centre fédéral
d'Expertise des Soins de santé compte revoir
régulièrement son étude et espère à l'avenir
une participation plus importante des hôpitaux.
1. Manuel pour une tarification des interventions
hospitalières basée sur les coûts, KCE Reports 178B.
2. Calcul du GHIMD.
Vincent Claes
Pr C. Delcour (CHU de Charleroi):
«Les honoraires du radiologue paient tout l'acte radiologique»
La médiatisation de l'étude du KCE dans la presse générale a donné l'impression que dans certaines spécialités, dont la radiologie,
les médecins sont surpayés.
Si c'était vrai, je le saurais... Il faut rappeler qu'en radiologie, les honoraires «du radiologue» paient tout l'acte radiologique,
c'est-à-dire l'achat de la machine, les frais de fonctionnement de l'appareil, le personnel paramédical... Un scanner coûte un
million d'euros et il faut un médecin et deux techniciens pour le faire tourner, sans compter les salaires et l'indexation des sa-
laires du personnel paramédical, le contrat d'entretien d'un scanner, qui peut coûter autour de 70.000 euros par an... L'opinion
publique peut avoir l'impression que les radiologues sont très bien payés, mais elle devrait se poser la question de savoir ce que
coûte un traitement hospitalier et comment il est financé. Comme les patients ne paient presque rien, ils ne se rendent pas
compte de la chance qu'ils ont de vivre en Belgique et d'avoir facilement accès à des appareils très sophistiqués. En payant
12 euros de ticket modérateur, le patient ne peut pas se rendre compte qu'un examen coûte en réalité 300 euros à la société.
D'où l'intérêt d'informer et de responsabiliser le patient.
V.C.
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MANAGEMENT
YVES-LOUIS SUR LES DIFFÉRENCES DE REVENUS
«Les économies entraînent un rééquilibrage»
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écemment, le Centre fédéral d'ex-
pertise des soins de santé publiait
un rapport dévoilant le coût réel
d'un traitement à l'hôpital. Un des
facteurs qui déterminent le coût est le revenu
du spécialiste. Bien que ce ne fut pas du tout
l'objet initial de l'étude, il en est également
ressorti qu'il existe des différences impor-
tantes au niveau des revenus des spécialistes.
Entre les différentes spécialités, mais aussi
entre spécialités similaires dans différentes
régions. Le Dr Yves Louis, à qui on a demandé
un commentaire, ajoute immédiatement
une troisième différence. «Au sein même
des régions, on observe aussi des différences
significatives. Je pense en particulier à la région
bruxelloise.»
Les politiques qui y sont appli-
quées en matière de suppléments diffèrent
souvent très fort.
Le Dr Louis ne nie pas le fait qu'il y a des dif-
férences dans les revenus des diverses spécia-
lisations. Et selon lui, ce n'est pas nécessaire-
ment un problème. «Je ne suis pas favorable à
l'idée d'aplanir toutes les différences»
, ajoute-
t-il. «Lorsque les honoraires sont définis, les
autorités doivent tenir compte de différents
facteurs et des caractéristiques spécifiques de
chaque spécialité: la charge de travail, le temps
que le spécialiste consacre à une tâche, l'inten-
sité, les compétences du médecin et les coûts
en personnel. L'aspect médicolégal ne doit pas
non plus être oublié. Pour un pédiatre appelé
aux urgences de nuit pour un enfant et qui pose
au départ un diagnostic imprécis, les consé-
quences peuvent être très lourdes. Je me rends
bien compte qu'il est très difficile de quantifier
tout cela.»
Ni tout blanc ni tout noir
Toute la discussion sur le rééquilibrage des
honoraires, selon le Dr Louis, ne peut être
envisagée ni tout en blanc ni tout en noir.
«Certaines spécialités au revenu le plus élevé
- je pense par exemple à la radiologie, à la
biologie clinique et à la néphrologie - sont
souvent partiellement utilisées pour complé-
ter le financement des hôpitaux. Pour cette
seule raison, il ne serait pas bon d'intégrer les
hôpitaux dans l'accord médico-mutualiste.
Ils seraient alors juge et partie»
, précise le
pédiatre.
«Les vagues successives de mesures d'écono-
mies prévoyant que certaines spécialités ne
bénéficieront pas de l'index forment en fait
déjà une certaine forme de rééquilibrage»
,
explique le Dr Louis. «C'est d'ailleurs un pro-
blème que le gouvernement tente toujours de
résoudre au moyen de l'indexation. Et c'est, du
reste, un montant que nous avons perdu pour
de bon. Étant donné que les montants impli-
qués sont relativement petits, le corps médical
n'y réagit pas toujours.»
Régionalisation
La différence de revenus entre les médecins
d'une même spécialité en Flandre et en
Wallonie s'explique historiquement selon
le Dr Louis. «Traditionnellement, en Flandre,
on facture moins les suppléments. Cela vient
aussi du fait que les hôpitaux flamands sont
majoritairement d'appartenance chrétienne
et donc financièrement plus forts que les
hôpitaux wallons, comptant plus d'institutions
publiques.»
Le fait que la Flandre soit moins
encline à accepter les suppléments inquiète
d'ailleurs le Dr Louis dans le cas où une régio-
nalisation des soins serait à l'ordre du jour.
«Il existe un risque réel que le gouvernement
flamand abolisse les suppléments en faisant
quelques vagues promesses pour les remplacer,
promesses qui ne seraient ensuite pas tenues.
Cela implique un gros risque pour le spécialiste
flamand. Je remarque déjà maintenant que
le gouvernement flamand nous invite, mais
ne nous écoute pas. Nous sommes pourtant
démocratiquement élus. Peut-être ne sommes-
nous pas acceptés parce que les élections sont
organisées à un niveau fédéral?»
, conclut le
Dr Yves Louis.
Filip Ceulemans
Il existe de réelles différences de revenus entre les différentes spé-
cialités et au sein même d'une spécialité en fonction des régions.
C'est ce qui ressort d'une étude récente du KCE. Le Dr Yves Louis,
président du VAS pour la Flandre orientale et occidentale, estime
que les mesures d'économies successives engendrent en soi une
forme de rééquilibrage: «Je ne pense pas non plus que les différences
devraient être totalement aplanies.»
Lorsque les honoraires sont définis, les autorités doivent
tenir compte de différents facteurs et des caractéristiques
spécifiques de chaque spécialité.