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Journal du Spécialiste
12-3
4 juillet 2012
www.jds-sk.be/fr
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Pr Delcour:
«Il faut arrêter
de gaspiller»
JdS: Trouvez-vous que cette
campagne de sensibilisation au bon
usage des rayons ionisants va aussi
loin? Les autorités auraient-elles dû
être plus dirigistes?
Pr Christian Delcour:
Il faut commencer
progressivement. Cette campagne a déjà le
mérite d'être nationale et de bénéficier du
soutien de la ministre de la Santé publique, du
SPF Santé publique, de l'Inami... Il s'agit donc
d'une campagne d'envergure. Elle va dès lors
probablement permettre d'aboutir à quelque
chose. Il serait plus compliqué de mettre
en place des contraintes directes. Il faut
informer le patient, puis le responsabiliser.
Cette responsabilisation relève du rôle des
politiques. Le malade doit-il avoir droit à
tout gratuitement? Doit-il participer aux
coûts? Ces décisions ne sont pas du ressort
des médecins. En tant qu'association
professionnelle et scientifique, nous devons
informer les prescripteurs et leur donner des
recommandations en imagerie médicale pour
qu'ils prennent conscience de l'importance de
prescrire le bon examen. Par ailleurs, pour les
praticiens de l'imagerie médicale, les services
de radiologie et de médecine nucléaire sont
en train d'être accrédités via des audits
externes et internes pour qu'ils disposent de
l'équipement le plus performant et l'utilisent
de manière optimale. Avec un même scanner,
un service peut irradier dix fois plus qu'un
autre. Il va falloir imposer des contraintes,
mais cela prendra du temps. Il convient
d'abord de motiver les professionnels et
puis de fixer des normes prévues pour des
machines qui irradient très peu.
Tous les hôpitaux disposent-ils
d'équipements à la pointe de la
technologie?
Non, les hôpitaux vont devoir investir de
façon graduelle et programmée. Disposer d'un
scanner qui irradie moins coûte de l'argent.
L'objectif à atteindre est que les services
performants bénéficient d'un financement
plus élevé que les autres.
Cette prime à la performance fait-
elle déjà l'objet de discussions?
Tout à fait. Nous sommes en train de négocier
à ce sujet.
L'Association intermutualiste et
la ministre Onkelinx estiment
utile d'élaborer un registre de
l'équipement en imagerie médicale.
Qu'en pensez-vous?
Les radiologues réclament un tel registre
depuis des années à l'Agence fédérale du
contrôle nucléaire (AFCN). La situation est
actuellement ubuesque. On ne sait pas
combien de CT-Scans sont installés dans
le pays. On ignore leur âge. Il est logique
de disposer d'un cadastre. Aujourd'hui, des
scanners hybrides puissants sont installés
en dehors des services de radiologie sans
aucun contrôle et sans devoir respecter une
programmation. Or, l'offre crée la demande.
Il faudrait limiter le nombre de scanners et
remplacer certains d'entre eux par des RMN,
qui, elles, n'irradient pas. D'autant plus que
pour pouvoir avoir un rendez-vous pour une
RMN, un patient doit parfois attendre trois
semaines.
Entretien réalisé par Vincent Claes
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