background image
16
I
Le Spécialiste
14-10
11 juin 2014
www.lespecialiste.be
Prostate: une sélection très
épidémiologique
Hypertrophie bénigne de la
prostate
Chargé de sortir du lot les études les plus
importantes dans le champ des troubles
prostatiques d'origine bénigne, Jochen
Walz
(Marseille) a d'abord rappelé l'essai
Goliath dont les résultats à 6 mois ont
été présentés récemment (1). Les résul-
tats à un an présentés ici ont confirmé la
non-infériorité de la vaporisation photo-
sélective en lumière verte par rapport à
la résection prostatique transurétrale en
cas d'obstruction bénigne de la prostate,
quel que soit l'item considéré: score IPSS,
Qmax, taux de complications, taux de ré-
interventions (2).
Cancer de la prostate:
viser le long terme
L'imagerie diagnostique d'un cancer de
la prostate manque encore de précision,
signale Walz. C'est dans ce cadre qu'il faut
apprécier l'essai pilote effectué par une
équipe néerlandaise sur 24 patients chez
lesquels elle a comparé l'imagerie par
échographie en diffusion contrastée et les
lésions anatomiques retrouvées en histo-
logie (Figure 1). Cette technique semble
prometteuse puisqu'elle permet une sen-
sibilité de 78%, une spécificité de 82%
et une précision de la méthode évaluée à
88% (3).
Sur le plan épidémiologique, c'est avec
intérêt que l'on a enregistré les résultats
à 20 ans de Prostate cancer AS (Active Sur-
veillance
), résultats qui ont montré que
la proportion de patients toujours sous
surveillance active est constante à 15 et à
20 ans (52,3%), avec un risque cumulatif
de décès d'autres causes que le cancer de
la prostate 9,7 fois plus élevé, le nombre
total de patients décédés de leur cancer
de la prostate atteignant 1,7% de la po-
pulation de départ tandis que 3,6% ont
développé une maladie métastatique (4).
Quant à la nécessité d'un dépistage, ce
sont les résultats de l'étude suédoise de
Göteborg, qui portait sur 9.951 hommes
réalisant un dépistage tous les deux ans
ou une surveillance active, qui méritent le
détour. Après 18 ans de suivi, 14,0% des
patients du groupe screening ont déve-
loppé un cancer contre 9,7% dans l'autre
groupe, le nombre de décès par cancer
de la prostate étant respectivement de
0,81% et 1,23%. Ce qui signifie que le
NNS (Number Needed to Screen) atteint
242 et le NNT (Number Needed to Treat)
est égal à 11 pour éviter un décès par can-
cer de la prostate (5).
Plus «fun», quoique, l'étude présentée
par Ghazi Mohamad Ahmad Al-Edwan
(Toronto) a montré une corrélation entre
l'importance de la calvitie de type mas-
culin (calculée selon le score de Norwood
(de 1: calvitie frontale à 4: calvitie de l'en-
semble du vertex) et le risque de cancer de
la prostate y compris de haut grade (HR =
1,35 par unité incrémentielle de l'échelle
de Norwood qui comporte 4 stades) (6).
Oncologie: entre
épidémiologie et données
fondamentales
Dans le suivi longitudinal cité plus haut
(5), les auteurs ont également observé un
bénéfice dans les tranches d'âge les plus
élevées, mais avec un écart moins impor-
tant avec le passage aux tranches d'âge
plus élevées (Figure 1). L'âge est égale-
ment un facteur de risque plus important
de décès par cancer de prostate lorsqu'on
favorise la surveillance active par rapport
au dépistage systématique (4).
Après avoir enrôlé 226 patients avec PSA
et TR anormaux, n'ayant jamais eu de
biopsie, une équipe mixte hollando-aus-
tralienne a établi que la réalisation de
biopsies IRM-guidées entraîne une réduc-
tion de 36,3% du nombre de patients
nécessitant une biopsie par rapport à
la technique écho-guidée. De plus, ils
ont observé une réduction de 87,2% du
nombre de cancers de la prostate à faible
risque et une augmentation de 17,7%
des diagnostics de cancer de prostate de
risque intermédiaire. Malgré cela, la tech-
nique IRM-guidée a raté 15 cancers de
grade intermédiaire à élevé, alors que la
technique écho-guidée en a raté 29 (7).
Deux études de petite envergure avaient
montré que les patients sous déprivation
androgénique ont une survie supérieure
lorsque les taux de testostérone des-
cendent sous le taux de 0,7nmol/l, ce que
Laurence Klotz
a confirmé en reprenant
les données de l'essai NCIC/SWOG/UKC-
CR PR7 qui avait randomisé les patients en
échec biochimique après chirurgie ± ra-
diothérapie sous hormonothérapie conti-
nue ou intermittente (8). Par ailleurs, les
patients avec cancer de la prostate à haut
risque qui présentent plus de 3 ganglions
positifs après chirurgie ont un risque 2,5
fois plus élevé de décéder de leur cancer
que ceux qui ont 0-3 ganglions positifs
(survie à 5 ans de 73,2% contre 89,1 à
96,8%, p < 0,0001) (9).
L'étude PREVAIL réalisée sur des patients
avec cancer de la prostate résistant à la
castration non encore traités par chimio-
thérapie pour recevoir de l'enzalutamide
160mg/j (n = 872) ou placebo (n = 845),
avait été arrêtée prématurément car l'en-
zalutamide réduit de manière significative
la progression vers la phase métastatique,
le risque de décès et le délai avant initia-
tion de la chimiothérapie (9). Ce sont les
résultats européens qui ont été présentés
ici par Bertrand Tombal (UCL) (10). Très
semblables à ceux de la population géné-
rale, ils montrent une amélioration de la
rPFS (13,8 mois contre 3,6 mois, HR =
0,21, p < 0,001) avec un bénéfice signifi-
catif en survie globale malgré le passage
précoce des patients sous placebo vers
l'enzalutamide (médiane de survie non
atteinte contre 28,0 mois, HR = 0,68, p
= 0,001). Enfin, le délai avant chimiothé-
rapie est passé de 9,9 à 26,0 mois; HR =
0,34, p < 0,01), avec un profil de sécurité
comparable au placebo.
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Références
1. Bachmann A, et al. Eur Urol 2014;65(5):931-42.
2. Bachmann A, et al. EAU 2014. Abstract#128.
3. Mischi M, et al. EAU 2014. Abstract#1054.
4. Klotz L, et al. EAU 2014. Abstract#26.
5. Hugosson J, et al. EAU 2014. Abstract#848.
6. Al-Edwan G, et al. EAU 2014. Abstract#827.
7. Pokorny M, et al. EAU 2014. Abstract#947.
8. Klotz L, et al. EAU 2014. Abstract#973.
9. Beer T, et al. ASCO GU 2014. Abstract#LBA^1.
10. Tombal B, et al. EAU 2014. Late Breaking News,
Plenary session 4
JS1226F
EUROPEAN ASSOCIATION OF UROLOGY (EAU 2014)
L'EAU
fait la part belle à la prostate
Il fallait se lever tôt pour apprécier la performance des experts
désignés pour présenter les études les plus représentatives
dans leur sous-spécialité respective en 10 minutes chrono...
Mais le jeu en valait la chandelle. Nous avons épinglé pour vous
les présentations concernant la prostate.
VOTRE ACTUALITÉ MÉDICO-SCIENTIFIQUE
Incidence
PC Mortality
Absolute Risk reduction
0,42% (0,34% at 14 years)
Relative Risk reduction
33% (44% at 14 years)
NNI
200 (293 at 14 years)
NND
9 (12 at 14 years)
Conclusions
Organised PSA screening substantially
decreases PC mortality, but is associated
with overdiagnosis.
Men should start testing before the age
of 60.
All ages
60-64
55-59
50-54
Figure 1: Evolution de la mortalité après 18 ans de suivi, par tranche
d'âge, pour la cohorte suédoise de ERSPC.