comme des boys-scouts», sourit Pascale Frère, spé- san du projet. Plusieurs éléments ont servi de catalyseurs. Le fait, par exemple, d'avoir entendu à un congrès les solu- tions appliquées pour les greffés de moelle dans des pays de grande super- ficie, USA ou Scandinavie. Celui d'expé- rimenter de l'intérieur cette évolution qui veut que l'hôpital moderne, taraudé par des impératifs de rentabilité, fasse toujours plus vite, avec des séjours rabo- tés, parfois au détriment de l'humain. Et surtout celui d'avoir sondé les patients du service et d'avoir senti que, pour des questions de difficulté de transport et de fatigue, ils auraient préféré être soignés dans le confort de leurs pénates, loin des couloirs anxiogènes d'un département d'oncologie. Mais que, parallèlement, ils craignaient de ne pas trouver chez les in- firmiers extérieurs le savoir-faire de leurs homologues spécialisés officiant à l'hôpi- tal. «L'idée est venue d'accompagner nos patients de A à Z, au-dedans comme au- dehors», retrace le Dr Frère. se rendent au domicile des patients qui y sont suivis. Elles y assurent tous les trai- tements et soins spécifiques habituel- lement prodigués en milieu hospitalier, mais qui peuvent l'être aussi dans leur milieu de vie. Cela va de l'administration de certaines chimiothérapies et autres produits cytotoxiques à la perfusion d'antibiotiques et/ou d'antimycosiques, la manipulation des cathéters centraux, les soins supportifs... Cette mobilité de l'équipe soignante a contribué à com- penser l'arrêt des transports bénévoles de malades intervenu l'an dernier. courcir certains séjours hospitaliers. Après avoir eu de la fièvre, un patient stable peut ressortir en 48 heures, plutôt que de res- biotiques et passage journalier de notre infirmière pour surveiller son état.» Les infirmières du service d'oncologie dis- posent d'une tablette et d'un GSM leur permettant d'accéder au dossier du pa- tient depuis le domicile de celui-ci et de compléter le dossier infirmier, a minima, à distance, avec les paramètres et leurs observations. «Avec ce regard continu, on sait comment le patient est entouré, ou pas, par des proches, on réalise dans quel environnement il vit.» du milieu de vie est un argument souvent entendu dans la sphère de la médecine générale. Le domicile est d'ailleurs, tradi- tionnellement, le terrain d'action des in- tervenants de 1 s'inscrire en complémentarité et aucune- ment en rivalité. «Avant de démarrer», se souvient Pascale Frère, «nous sommes allés vers le Sisdef, pour présenter notre projet regroupant les différents intervenants des soins à domicile dans l'arrondissement de Verviers].» D'après le Dr Frère, la grosse majorité des interlocuteurs a accueilli positivement le concept. Deux infirmiers indépendants étaient certes sur la défen- sive face à une initiative vécue comme une concurrence. «Mais au final, ils étaient demandeurs d'acquérir une compétence dans les actes infirmiers spécifiques.» Il est vrai que l'oncologie est un domaine à part, avec lequel certains soignants ne se sentent pas à l'aise. «Les jeunes généralistes, par exemple, a observé la spécialiste. Cela étant, de par la longueur et l'intensité du suivi requis, nous autres oncologues devenons en quelque sorte le médecin traitant des patients cancéreux.» Verviers sort de ses murs. Depuis avril dernier, il va à ses ma- lades plutôt que de les faire venir à lui. Le projet, baptisé Irina, n'a rien d'une prise de possession impétueuse des territoires normalement arpentés par les intervenants de 1 tances ajoutent à la fatigue des patients. minimum de moyens semble avoir convaincu de part et d'autre. Sur le 1 supplémentaire est dédié à Irina, financé via les consultations multidiscipli- naires. Les moyens sont dégagés grâce au bon vouloir de la direction médicale. On tarifie les visites comme des infirmières à domicile. Le seul supplément qu'on met à charge du patient est un petit forfait d'un euro, un euro et demi, pour le petit matériel ou les pansements nécessaires. L'un dans l'autre, on est à l'équilibre», expose Pascale Frère. l'activité à l'hôpital de jour, où la facturation d'actes infirmiers a décru. Mais en fait, ce qui, de prime abord, semble une mauvaise nouvelle pour l'établis- sement peut être vu comme un désengorgement salutaire. «Le service étant à saturation, on a pu remplacer les patients soignés chez eux par d'autres, sans devoir construire une nouvelle aile. On souffrait aussi de ne savoir où caser les personnes à hospitaliser. Ça va mieux à présent. On a, in fine, une possibilité de prendre en charge plus de patients dans de meilleures conditions.» Le Dr Frère se prend à imaginer des prolongements à Irina. Elle aspire tout d'abord, à l'échelle des autorités de santé, à une réflexion globale sur ce concept qui innove et restaure du lien social (*), pour le doter de moyens. Et puis à une autre, à l'échelle du CHR Peltzer-la Tourelle, sur la création d'une help line et d'une permanence en oncologie. L'idée serait, d'une part, d'offrir un point de contact aux intervenants de 1 pour les malades eux-mêmes, «court-circuitant» les urgences dans le sens: les soulageant. Un «dispensaire» ayant un même plateau technique per- mettrait aux patients d'être plus rapidement et plus spécifiquement pris en charge. Enfin, elle encourage l'approche multicentrique, par la fondation d'une structure (asbl ou autre) enterrant les «guerres» institutionnelles en offrant ces soins hémato-oncologiques au domicile pour tout patient, quelle que soit son institution de départ (Verviers, CHU Sart-Tilman, etc.). Fondation contre le cancer. patients. Elles y assurent tous les traitements et soins spécifiques habituellement prodigués en milieu hospitalier, mais qui peuvent l'être aussi dans leur milieu de vie. de vie est un argument souvent entendu dans la sphère de la médecine générale. |