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I
Le Spécialiste
14-10
11 juin 2014
www.lespecialiste.be
C
haque année, 50 fausses couches
sont provoquées par des procé-
dures invasives. Ce qui représente
1% des 5.132 amniocentèses réalisées an-
nuellement en Belgique. L'introduction du
NIPT en première ou deuxième ligne per-
mettrait de réduire ce nombre de fausses
couches: -48 en 1
e
ligne et -50 en 2
e
ligne.
C'est un des résultats les plus remar-
quables des études conjointes réalisées
par le KCE (1)
et le CSS (2), à la demande
de Laurette Onkelinx.
«Notre recherche a porté sur deux façons
dont le NIPT pourrait être introduit dans le
cadre du dépistage prénatal de la trisomie
21. Soit en première ligne, à la place du
dépistage actuel. Soit en seconde ligne et
uniquement lorsque les tests de dépistage
actuels sur la base d'une analyse sanguine
et d'une échographie indiquent un risque
accru»,
explique le Pr Herman Van Oyen
(Institut de Santé Publique). «Chacune de
ces deux options permet d'aboutir à une
estimation du risque nettement plus fiable
que celle obtenue dans le cadre du dépis-
tage actuel. Elles permettent en outre de
réduire le nombre de tests invasifs pratiqués
(Figure 1). Dès lors, elles représentent une
amélioration par rapport au dépistage
actuel. Au niveau purement technique, la
préférence doit être accordée à l'option,
dans laquelle le NIPT est proposé comme
test de dépistage en première instance.
En effet, grâce à celle-ci, non seulement
le nombre de tests invasifs pratiqués sera
moindre, mais le nombre de foetus porteurs
d'une T21 non décelés sera, lui aussi, réduit.
Néanmoins, le coût du NIPT est, à l'heure
actuelle, relativement élevé (460 ). C'est
notamment pour cette raison que, dans un
premier temps, son remboursement dans le
cadre de l'option de 2
e
ligne est préconisé»,
expliquent les auteurs des deux études.
Loi de l'offre et de la
demande
Le KCE et le CSS espèrent qu'une baisse
significative du coût du NIPT permettra
de le rembourser en première ligne dans
un avenir proche. «Selon nos informations,
il est tout à fait possible de réduire le coût
du NIPT. Plusieurs sources nous confirment
que l'on pourrait offrir ces tests dans un
avenir proche à un prix moins élevé. Le prix
de 150 par test semble tout à fait réaliste
et abordable. Des pays étrangers, tels que
la Chine, présentent des offres de service
pour réaliser ce test. Chez eux, on peut
vraisemblablement négocier déjà les prix
autour de 150 . «Nous allons prochai-
nement faire une exercice comparatif des
offres»,
avance le Dr Raf Mertens, direc-
teur général du KCE. Nous recommandons
aux autorités et à l'assurance-maladie
que certaines conditions et garanties suf-
fisantes quant à la qualité soient remplies
avant de se lancer tête baissée dans le pro-
cessus de remboursement du NIPT.»
Si les autorités veulent permettre aux
médecins de proposer le NIPT à toutes
les parturientes en première ligne, il fau-
dra que le prix des tests chute de près de
70% (de 460 à 150 ). Selon un expert,
il sera tout de même difficile en Belgique
d'atteindre prochainement ce niveau de
prix. Il devrait plutôt tourner autour de
250 euros pour couvrir les coûts élevés
des instruments, produits et techniciens
bio-médicaux. A moins d'envoyer les
analyses en Chine, pays où la main
d'oeuvre est nettement moins chère.
Nettement moins
d'amniocentèses
Le recours généralisé au NIPT va vraisem-
blablement provoquer une réorganisation
de la pratique médicale des médecins qui
réalisent beaucoup d'amniocentèses. «En
effet. Dans certains services hospitaliers, on
trouve un médecin qui s'est spécialisé dans
la réalisation d'amniocentèses. Il devra sans
doute changer sa pratique»,
commente
le Pr Christine Verellen-Dumoulin (IPG).
«L'idéal à terme serait de centraliser la réa-
lisation des examens invasifs dans quelques
centres pour réunir l'expertise puisque le
nombre global d'amniocentèses sera nette-
ment moins élevé.»
En effet, selon les pro-
jections du CSS, le nombre de tests invasifs
devrait passer de 5.132 par an à 398 (si
NIPT en 1
e
ligne) ou à 181 (en 2
e
ligne).
Quant à la question de savoir si les gy-
nécologues ont confiance en la validité
du test NIPT, le Pr Verellen-Dumoulin
constate que la demande de tests NIPT
est en augmentation auprès de l'Institut
de pathologie et génétique, un des deux
centres belges de référence en la matière.
«Les gynécologues ont l'air convaincu de
l'efficacité du test pour le dépistage de la
trisomie 21»
, souligne Christine Verellen-
Dumoulin, membre du groupe de tra-
vail du Conseil supérieur de la santé qui
a rédigé l'avis sur la «mise en oeuvre du
screening génétique prénatal non invasif
de la trisomie 21 dans la pratique des soins
de santé en Belgique»
(2). Selon cet avis,
«l'introduction du test NIPT devrait réduire
le nombre de cas faussement négatifs qui
sont la conséquence de la variabilité de la
sensibilité des tests combinés utilisés dans
notre pays.»
Les faux négatifs passent de
67 à 24 lorsque le NIPT est un test secon-
daire et à 2 faux négatifs quand le NIPT
est un test primaire.
Introduction progressive
Le Conseil supérieur de la santé recom-
mande une introduction progressive du
NIPT: «Une phase pilote est préconisée
pour l'introduction du NIPT dans le sys-
tème des soins de santé afin d'effectuer
une évaluation minutieuse de l'ensemble
des aspects de sa mise en place»
. Les ex-
perts conseillent de poser deux conditions
déontologiques et éthiques: une équité
d'accès à ce nouveau test, quel que soit le
milieu économique et culturel et la possi-
bilité pour la parturiente et les futurs pa-
rents de refuser les tests prénataux et de
décider de poursuivre ou non la grossesse,
peu importe leur choix et le résultat des
tests concernant la trisomie 21.
Vincent Claes
Références
1. Avis N° 222bs:, consultable sur le site du KCE
www.kce.fgov.be/node/2436.
2. Avis N°8912, consultable sur le site du CSS: www.
tinyurl.com/CSS-8912-NIPT.
JS1255F
Trisomie 21:
le KCE et le CSS pour
une introduction progressive du NIPT
Le test prénatal non invasif (NIPT) est plus efficace pour le
dépistage prénatal du syndrome de Down que le test combiné
classique (analyse biochimique et échographie). Son utilisation
entraîne une nette diminution des procédures invasives et des
fausses couches. Selon le Conseil supérieur de la Santé (CSS)
et le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE), l'idéal
serait de l'utiliser en 1
e
ligne et, pour des raisons budgétaires,
dans une première phase, en 2
e
ligne.
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Dépistage actuel
2nd line
NIPT 460
1st line
NIPT 460
NIPT
150
T21 non-
dét
ec
tés
fausses-
couches coûts à C
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T21 non-
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ec
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fausses-
couches coûts à C
T
T21 non-
dét
ec
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fausses-
couches coûts à C
T
coûts à C
T
Figure 1: Effets Introduction du NIPT (à court terme).