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I
Le Spécialiste
14-10
11 juin 2014
www.lespecialiste.be
Quelles complications
neurologiques chez l'enfant
cancéreux?
Des complications neurologiques sont
présentes chez 5-10% des enfants
avec cancer, avec une mortalité élevée
puisqu'elle atteint 30%. Les survivants
paient aussi leur écot par la présence fré-
quente d'une épilepsie ou d'une atteinte
cognitive. Le diagnostic spécifique de la
complication n'est pas aisé sur le plan
clinique, car les symptômes sont com-
muns: crises d'épilepsie dans un cas sur
deux, céphalées, altération du niveau de
conscience (47%), symptômes d'hyper-
tension intracrânienne, déficits neuro-
logiques focaux... «Quant à l'origine des
symptômes, elle peut être chimiotoxique,
tumorale, vasculaire, infectieuse, métabo-
lique...
», rappelle Anne Van Damme (UCL)
qui propose en aigu de traiter les convul-
sions et l'hypertension artérielle éven-
tuelle et de réaliser un CT scan, une IRM,
un examen du fond d'oeil, le dosage des
électrolytes, de la glycémie et du pH et
envisage sous conditions de réaliser une
ponction lombaire.
PRES, le mal connu
Le syndrome encéphalopathique postérieur
réversible (PRES) est une entité radiocli-
nique qui associe des symptômes neuro-
logiques aspécifiques (y penser en cas de
troubles visuels) avec des caractéristiques
radiologiques spécifiques en IRM portant
sur la substance blanche (oedème vaso-
génique) habituellement en zones occipi-
tales et pariétales, et une implication plus
rare de la substance grise (1). Cet oedème
vasogénique peut être stimulé par une
hypertension ou certains immunosup-
presseurs et est la conséquence combinée
probable d'une altération de l'autorégu-
lation de la perfusion cérébrale et d'une
cyto toxicité avec dysfonction endothé-
liale. Le fait que les régions postérieures
sont plus fréquemment atteintes est lié
à ce que l'innervation orthosympathique y
est moindre, ces régions devenant ainsi plus
vulnérables aux modifications de pression.
Il est donc capital de reconnaître tôt cette
complication afin d'éviter des dégâts irré-
versibles ou une hémorragie consécutive
à des lésions liées à la reperfusion. Le trai-
tement comportera un anticonvulsivant
et le contrôle de l'urgence hypertensive
en tentant d'obtenir une réduction de 20-
25% de l'oedème au cours des deux pre-
mières heures, tout en corrigeant la cause
sous-jacente. Dans ces conditions, une
guérison a été observée dans 35-100%
des cas (la littérature faisant état égale-
ment d'une mortalité de 15%, surtout en
cas d'oedème cytotoxique et d'hémorra-
gie), l'imagerie montrant dans 49-75%
une résolution des anomalies dans un
délai allant de 5 jours à 17 mois. Cela dit,
il persiste souvent des séquelles neuro-
cognitives légères.
Thrombose du sinus veineux
cérébral
Survenant dans 30% des cas de complica-
tions neurologiques des leucémies, le plus
souvent au cours de la phase d'induction, elle
est liée à l'action sur la L-asparaginase avec
formation d'asparagine et d'ammonium qui
entraîne une réduction de synthèse des élé-
ments impliqués dans la coagulation, de telle
sorte qu'existe un état hypercoagulable. Ici
aussi, les symptômes sont aspécifiques, le
diagnostic étant fait par l'imagerie. Le trai-
tement passe par une anticoagulation en
l'absence d'hémorragie durant au moins 3
mois, ou une observation très attentive avec
éventuellement anticoagulation contrôlée
en cas d'hémorragie. La mortalité est de
9-29% et les conséquences cognitives, com-
portementales ainsi qu'épileptiques sont
présentes dans > 50% des cas.
Abcès cérébraux
Pyogènes (staphylocoques, strepto-
coques) ou fungiques le plus souvent, ils
sont liés à une dissémination hémato-
gène. Le diagnostic se fait grâce à l'ima-
gerie associée à un diagnostic microbio-
logique après prélèvement stéréotactique.
Le traitement passera par un drainage et
un antifungique adapté, ce qui permet de
réduire la mortalité qui était historique-
ment > 90%. Quant au traitement anti-
convulsivant, la préférence est accordée
pour l'instant au levetiracetam.
Syndrome inapproprié de
sécrétion de l'hormone
antidiurétique (SIADH)
L'hyponatrémie et l'hypo-osmolalité liées
à la sécrétion d'hormone antidiurétique
malgré un volume plasmatique normal
ou légèrement augmenté entraînent un
SIADH par excès d'eau plutôt que par
manque de sodium. Ce syndrome rare est
généralement décrit dans les 4-10 jours
qui suivent l'administration de vincristine
et se traite par restriction liquidienne avec
perfusion d'une solution saline hyper-
tonique et diurèse lente.
Enfin, reste la neurotoxicité
propre à certaines molécules
Le détail de ces toxicités peut être obtenu
sur les sites www.bccancer.bc.ca ou www.
cure4kids.org. Ainsi en est-il par exemple
de la neuropathie induite par la vincristine,
une neuropathie mixte sensorimotrice et
autonomique liée à une dégénérescence
axonale avec démyélinisation segmen-
taire. Les dérivés du platine provoquent le
même type de neurotoxicité qui se traite
par les traitements classiques des neuro-
pathies périphériques.
Dr Dominique-Jean Bouilliez
Référence
1. Panis B, et al. Eur J Paediatr Neurol
2010;14(6):539-45.
P1123F
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e
CONGRÈS ANNUEL DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE PÉDIATRIE, BRUGES
Chronique bien sûr, mais
pas sans espoir
Thème central de la réunion 2014 de la société Belge de
pédiatrie, l'approche multidisciplinaire d'enfants atteints de
maladies chroniques a suscité de nombreuses présentations de
qualité remarquable. Focus sur ce qui est moins fréquemment
abordé au quotidien.
VOTRE ACTUALITÉ MÉDICO-SCIENTIFIQUE
Le détail de ces toxicités peut être obtenu sur les sites
www.bccancer.bc.ca ou www.cure4kids.org.
Des complications neurologiques sont présentes chez
5-10% des enfants avec cancer, avec une mortalité
élevée puisqu'elle atteint 30%. Les survivants paient
aussi leur écot par la présence fréquente d'une
épilepsie ou d'une atteinte cognitive.