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I
Journal du Spécialiste
12-3
4 juillet 2012
www.jds-sk.be/fr
«L
es images médicales ne sont pas
des photos de famille. Pas de
rayons sans raisons»
, tel est le
message de cette campagne réalisée par le
SPF Santé publique en collaboration avec les
radiologues et les médecins spécialistes en
médecine nucléaire.
«En moyenne chaque belge passe chaque
année un examen radiologique»
, ont révélé
les promoteurs de cette campagne. «Un Belge
sur cinq subit un examen tomographique (CT-
scan) par an. Les examens au scanner IRM sont
moins fréquents. En moyenne, 1 Belge sur 20
fait l'objet chaque année d'une IRM. Par com-
paraison avec nos voisins, la charge effective
de radiations en Belgique est relativement
élevée
(voir graphique ci-dessous). Le Belge
reçoit notamment 1,5 fois plus de radiations
que le Français en moyenne, et jusqu'à 3 fois
plus qu'un citoyen néerlandais.»
Selon Chris Decoster, directeur général des
établissements de soins au SPF Santé pu-
blique, on ne pourra arriver à réduire la sur-
exposition aux rayons ionisants qu'en lançant
une «réforme communautaire», englobant
les autorités, les médecins, les patients et les
médias. «Nous avons déjà eu de bons résultats
en menant ce type d'action pour réduire la
consommation d'antibiotiques ou pour amé-
liorer l'hygiène des mains à l'hôpital»
, rappelle
Chris Decoster. «Une plateforme destinée à
l'imagerie médicale a été créée au sein du SPF
Santé publique. Elle fédère des représentants
du SPF Santé publique, de l'Inami, de l'AFCN
et le secteur de l'imagerie médicale. Grâce
aux efforts de cette plateforme, des recom-
mandations en matière de prescription de
l'imagerie médicale ont été créées en 2010 et
publiées sur le site du SPF Santé publique. Pour
promouvoir ces recommandations et les tenir à
jour, une ASBL a été mise sur pied. Elle rédigera
des brochures sur l'imagerie médicale pour les
médecins, à l'instar de ce qui se fait déjà pour
les médicaments avec les Folia Pharmaco-
therapeutica. La plateforme travaille aussi au
développement d'un système de qualité pour
la radiologie qui définit des critères pour une
utilisation sans risque. Par ailleurs, une pres-
cription standardisée a été développée pour
la radiologie. Ce sera bientôt également le cas
pour la médecine nucléaire.»
Chris Decoster souligne qu'en 2010, l'Inami
avait déjà envoyé aux médecins prescripteurs
une brochure présentant les recommanda-
tions de bonne pratique pour l'imagerie mé-
dicale. L'Inami souhaite également renvoyer
aux médecins généralistes et aux rhumato-
logues leur profil de prescription en imagerie
médicale pour les pousser à réfléchir sur leur
pratique.
Un registre de l'imagerie
médicale
Les autorités comptent aussi tenir à jour
un registre de l'imagerie médicale repre-
nant tous les appareils coûteux ou à haute
charge de rayonnement et limiter le nombre
d'appareils CT afin de libérer des moyens
pour développer des méthodes diagnostiques
alternatives. Elles espèrent aussi pouvoir
compter sur la plateforme eHealth pour offrir
des applications qui stimulent et facilitent un
usage rationnel de l'imagerie médicale.
Il faudra encore un certain temps avant de
concrétiser certains de ces chantiers, récla-
més depuis des années par l'association des
radiologues (voir article ci-contre).
Vincent Claes
1. Selon une étude l'AIM sur l'imagerie médicale,
réalisée entre 2002 et 2008.
JS0066F
GRANDE CAMPAGNE DE SENSIBILISATION
«Chaque Belge subit annuellement
un examen radiographique»
Entre 2001 et 2009, la dose d'irradiation causée par des examens
diagnostiques a augmenté de 17%. Chez près d'un Belge sur deux,
on dénombre (1) plus de 10 examens d'imagerie médicale factu-
rés par an. Une situation qui inquiète les autorités sanitaires et le
Consilium radiologicum. Le SPF Santé publique a lancé le 14 juin une
grande campagne de sensibilisation destinée aux médecins prescrip-
teurs d'examens radiologiques, aux spécialistes en imagerie médi-
cale et aux patients.
VOTRE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
Médecine
nucléaire
Scanographie
Radiologie
D
ose ecac
e mo
y
enne par habitan
t
(mS
c/an/habitan
t)
Source: UNSCEAR rapport 2008.
3,5
3,0
2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0
Allemag
ne (2003-2002)
Lux
embour
g (2002-2001)
Suisse (1998-2004)
Suède (1995-2005)Danemar
k (1995)
Eta
ts-Unis (2006-2005)
Belg
ique (2001-1999)
Nor
vège (2002-2004)
Franc
e (2007-2007)
Pa
ys-Bas (2002-2002)
Ro
yaume
-Uni (2001-2004)
Expositon moyenne aux rayons ionisants à des fins diagnostiques en Belgique et à l'étranger.
Une campagne
interactive
Le SPF Santé publique a centré sa
campagne sur le site web www.
pasderayonssansraisons.be. Ce
site informe les internautes sur
les risques en cas d'usage super-
flu de l'imagerie médicale et
donne des conseils concrets au
corps médical (médecins pres-
cripteurs, radiologues et spécia-
listes en médecine nucléaire).
L
es médecins prescripteurs peuvent y
trouver des recommandations de bonne
pratique. Les patients sont invités à
tester leurs connaissances, à participer à un
concours et à transformer via Facebook leur
profil en cliché radiographique via l'applica-
tion spéciale «Fun Scan». «Nous espérons
que cette campagne va contribuer à une
meilleur connaissance de l'imagerie médicale
auprès du grand public et qu'elle contribuera
à un dialogue constructif entre les patients
et les soignants. Les images médicales sont
importantes, mais nous devons les utiliser
avec attention et parcimonie»
, a recommandé
Laurette Onkelinx, la ministre de la Santé
publique lors du lancement de la campagne.
As Low As Reasonably Achievable
Les médecins prescripteurs vont également
recevoir des affiches à placer dans leur salle
d'attente pour sensibiliser l'opinion publique.
«Les patients doivent aussi être responsabi-
lisés»
, souligne le Pr Delcour, président du
Consilium radiologicum belgicum. «Il faut
davantage communiquer entre le médecin et
le patient. Il ne faut réaliser une RX que s'il y a
une indication médicale. Le prescripteur doit
suivre les recommandations de bonne pra-
tique, éviter les examens inutiles et les doubles
examens. Dans le chef des radiologues et des
nucléaristes, il est aussi nécessaire d'optima-
liser au maximum les examens et de protéger
les groupes sensibles, les enfants et femmes
enceintes.»
V.C.