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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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FACTEURS ANGIOGÉNIQUES ET GROSSESSES
LUPIQUES
Les femmes ayant un lupus et/ou un syndrome des anti-
phospholipides ont un risque accru d'événements défavo-
rables en cours de grossesse, en particulier de prééclamp-
sie. L'identification des femmes qui vont développer des
complications reste malheureusement très aléatoire.
La prééclampsie est la résultante de troubles de la régu-
lation des facteurs angiogéniques placentaires qui sont
normalement sécrétés pour permettre la transformation
des vaisseaux utérins permettant d'assurer une perfusion
adéquate du placenta et du foetus. En cas de prééclamp-
sie, il a notamment été montré que le placenta sécrétait
trop de sFlt1, une sorte de récepteur soluble du VEGF,
ce qui a pour effet d'empêcher l'action de protéines pro-
angiogéniques, notamment le facteur de croissance pla-
centaire (PlGF) et le facteur de croissance vasculaire endo-
thélial (VEGF), qui sont nécessaires au développement du
placenta et à l'homéostasie vasculaire (Figure 1).
L'étude PROMISSE (Predictors of pRegnancy Outcome:
BioMarkers In antiphospholipid antibody Syndrome
and Systemic Lupus Erythematosus
) a suivi de façon
prospective 503 femmes enceintes présentant un lupus éry-
thé mateux disséminé et/ou un syndrome des antiphospho-
lipides et 204 femmes enceintes témoins en bonne santé
afin de déterminer si les niveaux de facteurs angiogéniques
en début de grossesse pouvaient prédire les complications
gravidiques délétères. Les complications gravidiques prises
en considération étaient la prééclampsie, la mort foetale, la
mortalité néonatale, une prématurité < 36 semaines liée à
un retard de croissance intra-utérine ou une insuffisance
placentaire et/ou un retard de croissance < 5
e
percentile.
Une prééclampsie a été documentée dans 9% des gros-
sesses (42 cas en tout, dont 33 à moins de 34 semaines) et
d'autres complications gravidiques sont survenues égale-
ment dans 9% des grossesses.
Les taux de sFlt1 et les ratios sFlt1/PlGF étaient significa-
tivement plus élevés dès 12-15 semaines de grossesse chez
les femmes qui ont ultérieurement présenté des compli-
cations gravidiques et le sont restés jusqu'à 31 semaines
(p < 0,0001).
Il a également été constaté une augmentation plus rapide
des taux de sFlt1 de la semaine 6 à la semaine 31 et, à
l'inverse, une croissance plus faible des taux de PlGF chez
les femmes avec prééclampsie ou d'autres complications
gravidiques (p < 0,0001).
Figure 1: En cas de prééclampsie, il a notamment été montré que le placenta sécrétait trop de sFlt1, une sorte de récepteur soluble du VEGF,
ce qui a pour effet d'empêcher l'action de protéines pro-angiogéniques, notamment le facteur de croissance placentaire (PlGF) et le facteur de
croissance vasculaire endothélial (VEGF), qui sont nécessaires au développement du placenta et à l'homéostasie vasculaire.
PIGF
VEGF
VEGF
VEGF
PIGF
PIGF
VEGF
sFIt1
Grossesse normale
Endothélium
Endothélium
Lumière vasculaire
VEGFR1
VEGFR2
Conservation de la fonction endothéliale
sFIt1
PIGF
Rapport sFlt1/PlGF
Grossesse normale
sFlt1/PlGF: bas
VEGF
sFIt1
Pré-éclampsie
VEGFR1
VEGFR2
Transmission insu sante des signaux VEGF
Dysfonctionnement endothélial
sFIt1
PIGF
Pré-éclampsie
sFlt1/PlGF: élevé
VEGF
PIGF
PIGF
PIGF
PIGF
VEGF
VEGF
VEGF
sFIt1
Pré-éclampsie : un trouble de la régulation angiogénique