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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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L'ocrélizumab est un anticorps monoclonal humanisé anti-
CD20 qui a présenté une bonne efficacité clinique dans le
traitement de la PR, mais qui n'a pas été étudié plus en
profondeur en raison de graves complications infectieuses
(28-30).
L'ofatumumab est, lui aussi, un anticorps monoclonal
humain, mais il se lie à un autre épitope que le rituximab
ou l'ocrélizumab, et aurait de ce fait une efficacité supé-
rieure en termes de suppression des lymphocytes B (31,
32). Après de bons résultats initiaux chez des patients
PR n'ayant jamais été traités par des biomédicaments,
les études de phase III sont actuellement en cours (33)
(ClinicalTrials.gov Identifier: NCT00603525).
Des études récentes se sont également intéressées à divers
agents impliqués dans les stades ultérieurs du dévelop-
pement des lymphocytes B. Le bélimumab, un anticorps
monoclonal contre la protéine BlyS (un facteur de survie
des lymphocytes B) déjà approuvé pour le traitement du
lupus érythémateux disséminé, est ainsi en cours d'étude
pour le traitement de la PR (34).
Quant à l'atacicept, il s'agit d'une protéine de fusion re-
combinante complètement humaine, qui inhibe APRIL (un
ligand induisant la prolifération) et BLyS. Les études cli-
niques actuellement disponibles ont jusqu'ici produit des
résultats contradictoires (35, 36).
Enfin, les résultats des études cliniques avec le tabalumab,
un anticorps monoclonal humain qui neutralise le facteur
d'activation des lymphocytes B (BAFF), ne sont pas encore
concluants (37, 38).
THÉRAPIES CIBLANT CERTAINES CYTOKINES
ET CHIMIOKINES
Outre les médicaments ciblant les lymphocytes T et B, di-
vers médicaments ciblant les cytokines pro-inflammatoires
sont également en cours de développement et d'étude.
Le tocilizumab, un anticorps monoclonal anti-récepteur
de l'IL-6, a déjà été reconnu pour sa bonne efficacité dans
le traitement de la PR après l'échec des ARMM classiques
(39). A côté de cela, le sarilumab (un inhibiteur humain
de la chaîne du récepteur de l'IL-6), l'olokizumab (un
anti-IL-6) et le sirukumab (un anti-IL-6) font l'objet d'une
étude clinique (40-42).
Contrairement au succès de l'inhibition de l'IL-6, l'inhi-
bition de l'IL-1 par l'anakinra s'avère moins efficace dans
le traitement de la PR (43, 44). La Belgique ne lui a d'ail-
leurs pas octroyé de licence. En revanche, les études se
poursuivent sur le canakinumab, un anticorps monoclo-
nal humain anti-IL-1 dont la demi-vie est plus longue
(45, 46).
Un médicament ciblant l'IL-15, une cytokine pro-inflam-
matoire et un facteur de croissance des lymphocytes T, a en
outre été étudié, mais les études cliniques ont été arrêtées
en raison de résultats décevants (47).
Dans les maladies inflammatoires telles que la PR, les
chimiokines jouent aussi un rôle important, notamment
en attirant certains types de cellules vers les articulations
et les organes concernés. Dans ce cas, les nouvelles straté-
gies consistent également à développer des médicaments
ciblant ces chimiokines et leurs récepteurs. L'inhibition
du CCR2 ou du ligand CCL2, et celle du CCR5 et de ses
ligands, n'ont toutefois pas induit d'amélioration signifi-
cative des symptômes de PR, bien qu'ils se soient révélés
massivement présents dans la synovie des patients PR
(48-50). Les résultats, que l'on n'attendait pas si négatifs
et contradictoires, peuvent quelque peu s'expliquer par la
redondance entre les chimiokines et leurs récepteurs. En
revanche, les antagonistes et les anticorps du CCR1 restent
à l'étude, avec des résultats encourageants comme une ré-
ponse ACR20 significative par rapport au placebo (51, 52).
INHIBITEURS À PETITES MOLÉCULES
Dans une toute nouvelle approche dans le traitement des
maladies inflammatoires, citons le développement d'inhi-
biteurs de molécules faisant partie des voies de transduc-
tion de signaux intracellulaires, baptisés «inhibiteurs à
petites molécules». L'un des aspects intéressants de ces
médicaments est qu'ils peuvent être administrés par voie
orale, contrairement à tous les précédents agents destinés
à une administration intraveineuse ou sous-cutanée.
La liaison de différentes cytokines, dont IL-1, IL-6, etc.
à leur récepteur entraîne l'activation de Janus kinases
(JAK), qui activent à leur tour le transducteur du signal
et activateur de la transcription (STAT). Et cela conduit à
une transcription du gène (53). Il existe quatre types de
JAK chez l'homme (Jak1, Jak2, Jak3 et Tyk2). Après la
démonstration de son efficacité dans les études cliniques,
le premier inhibiteur pan-JAK à administration orale, le
tofacitinib (CP-690,550), a été approuvé en 2012 par la
FDA pour le traitement de patients PR après échec du mé-
thotrexate (54). Le tofacitinib en monothérapie s'est révélé
aussi efficace que l'adalimumab en monothérapie (55). Les
inhibiteurs plus sélectifs de JAK1/2 que sont le baricitinib
et le ruxolitinib ont, eux aussi, prouvé leur efficacité (56,
57). Les effets indésirables le plus souvent déclarés pour
les inhibiteurs des JAK sont les infections, une élévation
du LDL, du HDL, des transaminases et de la créatinine,
et une diminution du nombre de neutrophiles. Certains
de ces effets indésirables sont attribués principalement à
l'inhibition de JAK2, ce qui motive le développement d'in-
hibiteurs encore plus sélectifs: l'inhibiteur sélectif de JAK1
GLPG0634 et l'inhibiteur de JAK3 VX-509 (58, 59).