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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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années qui suivent, surtout si le LCA n'a pas été réparé
chirurgicalement. Ceci est dû au fait que le LAL, en tant
qu'important costabilisateur contre la laxité rotatoire,
décompense (s'étire) progressivement en l'absence du
LCA, ce qui entraîne une instabilité rotatoire croissante
due à la décompensation progressive du LAL (étire-
ment).
4. Certains patients conservent malgré tout une instabi-
lité rotatoire après une reconstruction fructueuse du
LCA. Comment est-ce possible, si le LCA déchiré a été
réparé correctement ? Réponse: parce que ces patients
présentent vraisemblablement conjointement une
rupture du LAL, qui n'a pas été traitée.
5. Certains patients souffrant d'une lésion du LCA, non
opérés, évoluent mieux que d'autres, avec un traite-
ment purement conservateur. On parle de «copers» et
de «non-copers». Pourquoi ? Sans doute parce qu'un
des deux groupes possède un LAL intact, contraire-
ment à l'autre. Un LAL intact signifie que la protection
de la stabilité rotatoire est encore en grande partie
préservée.
6. Pourquoi certains patients souffrant d'une déchirure
du LCA présentent-ils un fragment osseux antérola-
téral sur les RX, qui correspond à la fracture dite de
Segond ? Parce que la fracture de Segond n'est rien
d'autre qu'une avulsion du LAL. Le LAL est en effet une
structure à ce point solide que, dans un certain nombre
de cas, elle peut présenter un arrachement au niveau de
son insertion tibiale.
Bien que les réponses ci-dessus semblent logiques, cer-
taines d'entre elles sont encore insuffisamment prouvées
pour le moment. En effet, la corrélation entre l'anatomie,
la biomécanique et les conséquences cliniques nécessite
une validation clinique plus approfondie. Par le passé, plu-
sieurs autres auteurs ont déjà fait allusion à la présence
d'une structure extra-articulaire, quoique de manière
moins détaillée et sans en expliciter la pertinence physio-
logique ou biomécanique.
Dans cette optique, ce travail offre à cette fin une base
fondamentale.
SIGNIFICATION BIOMÉCANIQUE
Si, en soi, la démonstration de l'existence d'une nouvelle
structure anatomique n'est pas nécessairement très inté-
ressante, elle le devient si la structure en question peut se
voir attribuer une signification fonctionnelle. Classique-
ment, pour les structures ligamentaires, ceci implique des
expériences dites de «section sélective», lors desquelles,
via des transsections successives, on évalue et mesure la
signification de différentes structures anatomiques, et ce,
individuellement et consécutivement.
Nos différentes expériences de section sélective du LAL
ont montré sans ambiguïté un rôle fondamental sur le plan
du contrôle de la stabilité rotatoire du genou, tant en cas de
rotation classique que lors du mouvement de pivot. Simul-
tanément, le rôle du LCA lui-même s'est avéré minime sur
ce plan. Dans toutes nos expériences, la transsection isolée
du ligament croisé antérieur a entraîné une augmentation
très limitée de la laxité rotatoire. Toutefois, dès qu'on sec-
tionnait également le LAL, la laxité rotatoire augmentait
de manière spectaculaire (Figure 6).
Inversement, en cas de transsection isolée du LAL, la laxité
rotatoire augmentait de plus en plus, tandis qu'une trans-
section additionnelle du ligament croisé antérieur n'en-
traînait pas d'augmentation importante de la laxité. Dès
lors, l'importance du LAL lors du (co)contrôle de la stabi-
lité rotatoire peut être qualifiée de fondamentale.
IMPLICATIONS CLINIQUES
Les implications de ces découvertes sont multiples et elles
permettent d'interpréter différentes observations difficile-
ment explicables à ce jour.
1. En effet, certains patients présentent une importante
instabilité rotatoire après une rupture du LCA, tandis
que d'autres en sont beaucoup moins affectés. Com-
ment est-ce possible, puisque ces deux groupes de
patients présentent une lésion identique (rupture du
LCA)? Réponse: parce que, dans le premier groupe de
patients, le ligament antérolatéral est vraisemblable-
ment également déchiré, alors qu'il est probablement
intact dans l'autre groupe.
2. Après la déchirure de leur LCA, certains patients se
plaignent initialement d'une douleur antérolatérale
focale, et pas d'autres. Quelle est la structure endom-
magée chez les patients présentant ce type de douleur?
Réponse: le LAL.
3. Après la rupture de leur LCA, certains patients pré-
sentent peu d'instabilité rotatoire au cours des pre-
miers mois suivant la lésion, mais ils développent une
importante laxité rotatoire au cours des mois et des
Références
1. Claes S, Vereecke E, Maes M, et al. Anatomy of the anterolateral ligament of the knee.
Anatomy 2013;223:321-8.
2. Claes S, promotor: Bellemans J.The anterolateral ligament of the knee. Anatomy,
biomechanics, radiology and clinical implications (PhD thesis). KULeuven 2013;1-121.
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