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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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MORTALITÉ CHEZ LES FEMMES MÉNOPAUSÉES
ATTEINTES DE POLYARTHRITE RHUMATOÏDE
Chez les femmes ménopausées, la polyarthrite rhumatoïde avec présence d'anticorps anti-CCP s'avère associée à
une mortalité considérablement accrue. Telle est la conclusion d'une analyse des données issues de la Women's
Health Initiative
(WHI). Cette mortalité supplémentaire ne s'explique pas par des facteurs de risque objectivables.
C'est le constat formulé par Lewis Kuller et collègues dans Arthritis & Rheumatism.
Il est généralement admis que les personnes souffrant de
polyarthrite rhumatoïde ont un risque accru de morbidité
et de mortalité cardiovasculaires par rapport aux per-
sonnes du même âge en bonne santé. Toutefois, la phy-
siopathologie spécifique de cette augmentation de morta-
lité n'est pas établie. Les facteurs potentiels suggérés à ce
jour incluent notamment un vieillissement accéléré, une
inflammation persistante en rapport avec la sévérité de
la polyarthrite rhumatoïde, des anomalies au niveau des
lymphocytes T, d'autres modifications immunologiques,
etc. Lewis Kuller (Université de Pittsburgh) et collègues
ont cherché à déterminer dans quelle mesure la présence
d'anticorps anti-CCP constituait un risque de mortalité
accrue.
Concrètement, ils ont dosé les anti-CCP, le facteur rhuma-
toïde et les anticorps antinucléaires sur des échantillons
sériques conservés (à -70°C) dans une cohorte relevant de
l'étude WHI. Cette cohorte incluait 9.988 femmes d'ori-
gine blanche, noire ou latino-américaine, présentant une
polyarthrite rhumatoïde auto-rapportée. A l'aide d'une
analyse statistique, les chercheurs ont étudié la relation
entre la polyarthrite rhumatoïde auto-rapportée, l'utili-
sation de DMARD et la présence d'anti-CCP d'une part,
et la mortalité totale d'autre part. L'étude WHI avait déjà
montré que la classification de polyarthrite rhumatoïde
rapportée par le patient sur la base de la présence combi-
née de deux facteurs (anti-CCP et utilisation de DMARD) au
début ou durant l'étude résultait en une valeur prédictive,
positive ou négative, extrêmement élevée de diagnostic
de polyarthrite rhumatoïde validé par un médecin sur
la base de rapports médicaux. Dans leur étude, Kuller
et collègues ont donc défini un diagnostic de probabilité
de polyarthrite rhumatoïde sur la base des éléments sui-
vants: polyarthrite rhumatoïde rapportée par le patient,
la présence ou l'absence d'anticorps anti-CCP et l'utilisa-
tion de DMARD.
Au début de la phase de suivi, l'âge moyen des femmes était
de 64,7 ans. La cohorte se composait d'un quart (24,5%)
de femmes noires et de 10% de femmes d'origine latino-
américaine. La prévalence d'anticorps anti-CCP s'élevait à
8,1% (n = 812). La cohorte comptait encore 217 femmes
négatives pour les anticorps anti-CCP, mais qui utilisaient
des DMARD. Les chercheurs ont ainsi pu établir la clas-
sification suivante: 1.029/9.988 diagnostics probables de
polyarthrite rhumatoïde et 8.958 diagnostics probables
d'absence de polyarthrite rhumatoïde.
La mortalité corrigée pour l'âge était deux fois plus élevée
chez les femmes qui présentaient des anticorps anti-CCP
(20,2/1.000 années-personnes), par rapport à celles qui
rapportaient une polyarthrite rhumatoïde, mais étaient
négatives pour les anti-CCP et n'utilisaient pas de DMARD
(11,4/1.000 années-personnes) et par rapport à celles qui
n'avaient pas rapporté de polyarthrite rhumatoïde au dé-
but de l'étude (8,3/1.000 années-personnes). Le risque de
mortalité accru en cas de polyarthrite rhumatoïde associée
à des anti-CCP ne pouvait être expliqué par des facteurs
réunion de consensus. Enfin, le questionnaire ASAS HI
a été testé et accueilli favorablement dans le cadre d'une
étude de terrain menée au sein d'une cohorte de 40 pa-
tients originaires de quatre pays anglophones (Australie,
Canada, Royaume-Uni, Etats-Unis). Le questionnaire a été
perçu comme simple et facile à utiliser. Les 17 items éva-
luent des domaines tels que la douleur, le fonctionnement
émotionnel, le sommeil, le fonctionnement sexuel, la mobi-
lité, l'autonomie et les activités sociales et professionnelles.
Selon les auteurs, l'ASAS HI devrait être disponible d'ici
peu pour une utilisation dans le cadre d'études cliniques
et de la pratique clinique, deux contextes qui permettront
de confirmer si ce questionnaire apporte bel et bien des
informations pertinentes sur la fonctionnalité et la santé
des personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante.
Avant de pouvoir être appliqué à l'échelle internationale,
le questionnaire devra être traduit en d'autres langues et
testé sur le terrain.
Kiltz U, van der Heijde D, Boonen A, et al. Development of a health index in patients with
ankylosing spondylitis (ASAS HI): nal result of a global initiative based on the ICF guided by
ASAS. http://dx.doi.org/10.1136/annrheumdis-2013-203967.