background image
ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
6
OR0896F
CHONDROCALCINOSE:
UN NOUVEAU CONCEPT À INTÉGRER...
Dominique-Jean Bouilliez
«Notre chondrocalcinose n'existe plus...». Déclaration à l'emporte-pièce, cette
phrase prononcée par Pascal Richette (La Riboisière, Paris) dans le cadre de la réunion
annuelle de la Société Française de Rhumatologie, se base notamment sur la nouvelle ter-
minologie de l'EULAR (1). Résumé en 9 recommandations de ce qui est considéré à présent
comme la déposition de cristaux calciques (pyrophophatés) dans le cartilage.
C
O
N
GR
È
S
Dans la majorité des cas, le dépôt intracartilagineux de
cristaux de phyrophosphate calcique est asymptomatique.
En dehors de ces cas, ce dépôt peut entraîner une maladie
aiguë, chronique inflammatoire ou associée à de l'arthrose.
Les termes de pseudo-goutte, pseudo-arthrose et pseudo-
arthrite sont à présent abandonnés. Le diagnostic de certi-
tude de cette affection se fait sur base de l'identification de
ces cristaux de pyrophosphate de calcium dans les fluides
synoviaux, voire au sein des tissus biopsiés. Il peut cepen-
dant être approché par la radiographie, lorsque des images
de tonalité calcique sont présentes, indépendamment de
toute lésion destructrice. Mais la prudence reste de mise
car, si les dépôts pyrophosphatés sont très fréquents au
sein des ménisques par exemple, ils peuvent être mixtes
(comprenant aussi des cristaux d'hydroxyapatite ou d'oxa-
late de calcium) au sein des cartilages (2).
La prévalence de cette affection est de l'ordre de 7%, aus-
si fréquente dans nos régions chez l'homme que chez la
femme (3), «alors que celle de la goutte est de l'ordre de
1% en Europe Occidentale
», souligne Pascal Richette, qui
remarque par ailleurs que cette prévalence augmente avec
l'âge et est très nettement moindre en Chine (4). Ce qui
pose clairement la question de savoir s'il existe un terrain
systémique ou environnemental favorable.
Cette hypothèse a été confortée par les constats de GOAL
(Genetics of Osteoarthritis and Lifestyle), qui a montré que
le risque d'avoir une chondrocalcinose à la hanche ou au
poignet est extrêmement élevé en cas de chondrocalcinose
du genou (5). La même remarque vaut lorsqu'on constate
une chondrocalcinose au niveau de la symphyse pubienne,
de la hanche, du poignet ou des métacarpo-phalangiennes
(5). «En d'autres termes, la sénescence et d'autres facteurs
doivent participer à l'homéostasie des cartilages
Pascal Richette