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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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une arthrite d'apparition récente et à risque élevé (> 70%)
de développer une arthrite persistante. Les 281 patients
enrôlés étaient majoritairement des femmes (68%), pré-
sentant des symptômes depuis en moyenne 5 mois et demi.
Initialement 267 (95%) remplissaient les critères 2010
pour la PR, 216 (77%) avaient des anticorps anti protéines
citrullinées (ACPA +) et 48 (16%) présentaient des érosions
sur les radiographies.
Ils ont été randomisés vers 3 stratégies d'induction:
- bras A = trithérapie conventionnelle (MTX 25mg +
SSZ 2g + HCQ 400mg) plus une injection IM unique de
120mg de méthylprednisolone (n = 91);
- bras B = trithérapie conventionnelle (mêmes doses)
complétée par une corticothérapie orale débutant à
15mg et diminuée progressivement (n = 93);
- bras C = monothérapie par MTX complétée par une
corticothérapie orale débutant à 15mg et diminuée
progressivement (n = 97).
Les patients ont été suivis selon la technique du contrôle
serré, évaluation tous les 3 mois avec adaptation du traite-
ment de façon à obtenir et maintenir un bas niveau d'acti-
vité de la maladie (DAS 28 < 3,2).
L'efficacité a été évaluée à 12 mois par la mesure de l'aire
sous la courbe du DAS et du HAQ, paramètres indica-
teurs de la charge que représente la maladie pour les
patients.
A chaque point de contrôle, l'activité de la maladie était
plus basse et l'aptitude fonctionnelle plus élevée chez les
malades des bras A et B que chez les malades du bras C, la
différence en termes d'aire sous la courbe DAS28 et HAQ
(Figure 5) étant respectivement de -2,39 (IC 95% -4,77 à
-0,00) et -1,67 (IC 95% -3,35 à 0,02).
Aucune différence n'a été observée entre corticothérapie
IM et orale. Après 3 mois, il a été documenté moins
d'échecs du traitement dans les bras A et B, avec comme
conséquence moitié moins de prescriptions de biothérapies,
une différence qui a persisté jusqu'à 1 an.
A 1 an, les proportions de patients ayant progressé sur le
plan radiographique étaient relativement similaires (res-
pectivement 19%, 23% et 21% dans les bras A, B et C). Au-
cune différence d'incidence d'effets indésirables graves n'a
été observée.
L'ESSENTIEL
Chez les malades au stade précoce, la trithérapie donne de
meilleurs résultats que la monothérapie MTX, y compris
sur une période de 12 mois, et le clinicien peut opter pour
l'un ou l'autre des régimes de corticothérapie d'induction,
sans risquer d'altérer ces résultats.
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CELLULES SOUCHES ET PR
L'utilisation de cellules souches pour contrôler les PR réfrac-
taires est-elle en passe de devenir une réalité? Peut-être, mais
pas de suite et pas avec n'importe quelles cellules souches.
Les cellules souches dérivées d'adipocytes possèdent
plusieurs caractéristiques intéressantes:
- elles sont faciles à obtenir grâce à la mode des liposuc-
cions;
- elles expriment peu les complexes majeurs d'histocom-
patibilité de classe I et II, et sont exemptes de molé-
cules de costimulation, ce qui se traduit par une faible
immunogénicité;
- des travaux in vitro et sur modèles animaux de PR
ont mis en évidence des propriétés immunomodula-
trices. Cet ensemble de propriétés a conduit à étudier
l'impact éventuel de l'usage de ces cellules dans la PR.
Les résultats présentés sont ceux d'une étude espagnole
multicentrique randomisée contrôlée, menée en simple
aveugle (phase IB/IIA) et destinée à évaluer sur une
période de 24 semaines la faisabilité, l'innocuité et la
tolérance d'injections IV de doses croissantes de cellules
souches dérivées d'adipocytes allogéniques.
Cette étude a concerné 53 sujets atteints de PR réfractaire
(échec d'au moins deux biothérapies), les doses succes-
sives testées étaient de 1, 2 et 4 millions de cellules/kg, les
injections se faisant à intervalle d'une semaine. Le groupe
contrôle recevait des injections de solution de Ringer en
guise de placebo.
L'innocuité et la sécurité d'emploi constituaient le critère
d'évaluation principal, l'impact sur l'activité de la maladie
étant également évalué comme critère secondaire. A chaque
récipiendaire de cellules souches correspondait un donneur
différent. Aucun signal majeur de toxicité n'a été relevé et il
ne semble pas y avoir de toxicité dose-limitante.
Trois effets secondaires sévères ont été documentés chez
les patients recevant les cellules souches (infarctus cérébral
lacunaire, paralysie du sciatique poplité externe et fièvre
d'origine indéterminée), aucun d'entre eux n'étant claire-
ment en relation avec le traitement. Chez ces mêmes pa-
tients, il a été observé 48% d'effets secondaires non sévères
(essentiellement fièvre, céphalées et infections urinaires
ou bronchopulmonaires) versus 14% avec le placebo. En
termes d'efficacité (rappelons que l'étude n'était pas conçue
pour évaluer cet aspect), les résultats sont très modestes et
il ne semble pas y avoir de relation dose-effet. A 3 mois, il
n'y avait au maximum que 15 à 25% de réponses ACR 20 et
20% de réponses EULAR bonne ou modérée chez les sujets
recevant les cellules souches (versus 0% avec le placebo).
A suivre...
S 1126