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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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FAUT-IL RECHERCHER UNE CHONDROCALCINOSE
DANS LES AUTRES ARTICULATIONS, DÈS LORS
QU'ON EN CONSTATE QUELQUE PART?
Probablement, conclut Richette, d'autant qu'on a constaté
également que les parties adjacentes de l'articulation sont
tout aussi fréquemment atteintes (Figure 1) (6).
L'échographie est une autre technique d'imagerie qui
permet d'approcher le diagnostic. Trois types de chon-
drocalcinose ont été décrits: dans le type I, il existe une
fine ligne échogène à la surface du cartilage (les cristaux
se déposent dans la partie moyenne du cartilage). Dans
le type 2, ils s'agit de points hyperéchogènes dans les ten-
dons et le fibrocartilage avec un cône d'ombre postérieur
lorsqu'ils dépassent 10mm, tandis que le type 3 recense
des nodules hyperéchogènes, souvent mobiles (au sein des
bourses séreuses). Il est également important de signaler
que l'endroit de dépôt le plus fréquent des cristaux se situe
au niveau abarticulaire, au sein des tendons (7). «In fine,
conclut à ce propos Pascal Richette, l'échographie semble
aujourd'hui être le meilleur moyen de détecter des cristaux
de pyrophosphate (8).
»
L'AUTRE QUESTION CONCERNE LE RAPPORT
ARTHROSE-CHONDROCALCINOSE
Ce lien est connu et il a été démontré qu'en cas d'arthrose,
le risque de voir également des dépôts de cristaux est multi-
plié par 2,6 (1). Dans cette mesure, on peut se demander si
ce sont les cristaux qui développent l'arthrose en liaison au
phénomène inflammatoire sous-jacent, ou si c'est l'arthrose
qui génère le dépôt de ces cristaux par modification des
protéines. Dans cette optique, la Boston OA Knee Study
(BOKS) a surpris, car elle n'a pas confirmé cette asso-
ciation si ce n'est une particularité, à savoir la présence
d'ostéophytose lorsque les deux affections sont conjointes,
signifiant par là que l'os est plus floride (9). Quant au dia-
gnostic différentiel, il est parfois difficile avec certaines
affections (Tableau 1).
GARDER L'OEIL...
Des calcifications scléro-choroïdales ont été décrites.
Rares, elles peuvent se rencontrer autant dans les chon-
drocalcinoses primitives que secondaires (surtout) et sont
habituellement asymptomatiques, sauf en cas d'atteinte de
la macula, ce qui entraîne une baisse d'acuité visuelle (10).
Enfin, si la plupart des chondrocalcinoses sont primitives,
il ne faut pas exclure les chondrocalcinoses secondaires
que l'on peut rencontrer en cas d'hyperparathyroïdie, d'hé-
mochromatose, d'hypomagnésémie et d'hypophosphatasie
de l'adulte (certaines associations sont nettement plus
douteuses: goutte, ochronose, maladie de Wilson, acromé-
galie, hypercalcémie hypocalciurie...) (1).
Enfin très rarement, une prédisposition familiale peut être
mise en évidence. Concernant les hypomagnésémies, il
s'agit surtout d'une conséquence de la chirurgie ou d'une
radiothérapie qui entraîne un déficit d'absorption, l'hypo-
magnésémie réduisant la dissolution des cristaux de
pyrophosphate, ce qui augmente leur concentration intra-
articulaire (11). Côté hémochromatose, c'est essentielle-
ment sa forme génétique qu'il faut chercher, une forme
marquée par un taux bas d'hepcidine (12).
LES 9 RECOMMANDATIONS DE L'EULAR (13)
- La prise en charge des dépôts de pyrophosphate passe
par des mesures pharmacologiques et non pharmaco-
logiques qui doivent être adaptées en fonction de la
présentation (asymptomatique, aiguë, chronique, avec
arthrose), des facteurs généraux (âge, comorbidité) et
de la présence de facteurs prédisposants.
- Sous sa forme aiguë, la glace et le repos articulaire sont
généralement conseillés, par analogie avec ce qui a été
réalisé dans la goutte (14). La ponction-évacuation avec
infiltration cortisonée avec un produit à longue durée
d'action est habituellement suffisante.
- Les AINS (en tenant compte de la protection gastrique,
car il s'agit le plus souvent de patients âgés) à la dose
la plus faible possible et pour la durée la plus courte
possible, et la colchicine à faible dose (0,5mg 3-4x/jour
après une dose initiale de 1mg) sont des traitements
systémiques efficaces.
- Un traitement court par corticostéroïdes oraux ou par
Figure 1: Atteintes méniscales, tibio-fémorales et tibio-péronières
coexistent.
A
C
B
D