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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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Leur action thérapeutique n'est actuellement pas encore
totalement démembrée. Le traitement pourrait agir selon
trois principes (1):
- une action antalgique à court terme selon la théorie du
«gate-control»;
- une action biochimique à moyen terme par libération
de substances antalgiques locales et diminution de la
concentration de la substance P;
- une action mécanique «traumatisante», qui crée des
micro-lésions intratendineuses et entraine une hyper-
vascularisation locale stimulant la cicatrisation du ten-
don à long terme, tout en altérant les fibres nerveuses
amyéliniques responsables de la symptomatologie
douloureuse.
PLASMA RICHE EN PLAQUETTES
Les plaquettes contiennent différentes cytokines et facteurs
de croissance qui peuvent initier l'angiogenèse, le remo-
delage et la cicatrisation tissulaire (os, peau...). Le plasma
riche en plaquettes (PRP) est obtenu par centrifugation de
sang autologue. Cependant, en l'absence de consensus in-
ternational, différentes techniques de préparation du PRP
existent et proposent des produits finaux différents. Selon
la technique de préparation employée, la concentration
plaquettaire variera, de même que la présence ou non de
cellules des lignes rouges et blanches (21). Les leucocytes
pourraient produire un effet néfaste sur la cicatrisation
via la libération de facteurs pro-inflammatoires poten-
tiellement responsables d'une dégradation de la matrice
extracellulaire (22). L'absence d'érythrocytes s'avère aussi
nécessaire car leur lyse entraînerait une libération de radi-
caux libres aux effets potentiellement dommageables pour
les structures tissulaires (22).
Malgré la preuve de l'efficacité du PRP sur la régénération
tissulaire en laboratoire (23), peu de preuves cliniques tan-
gibles concernent le traitement des tendinopathies chro-
niques (24). Cette option thérapeutique reste très popu-
laire auprès des sportifs. De plus, le PRP n'est actuellement
plus repris sur la liste des produits dopants de l'Agence
Mondiale Anti-Dopage.
Différentes études cliniques ont montré l'efficacité sur la
douleur, à court et plus long terme (jusque 36 mois), d'in-
filtrations de PRP au niveau du tendon rotulien (25, 26).
Deux infiltrations de PRP à 15 jours d'intervalle semblent
plus efficaces que trois séances d'ondes de choc après un
an de suivi (27). Nos résultats montrent également une
amélioration des douleurs à 3 mois après une infiltration
de PRP dans le cadre de tendinopathies patellaires supé-
rieures chroniques, rebelles à tout autre traitement conser-
vateur, avec un retour aux activités sportives pour 75% des
patients (28). Le statut algo-fonctionnel s'améliore encore
sur une période d'un an (29). Enfin, nous n'avons pas
observé de différence significative entre les patients ayant
bénéficié d'une seule infiltration de PRP et ceux en ayant
reçu 2 à 15 jours d'intervalle (30).
De plus, un travail excentrique progressif pourrait être
in stauré après une infiltration de PRP, afin de guider la
cicatrisation tendineuse (22).
AUTRES NOUVEAUX TRAITEMENTS
D'autres nouvelles options thérapeutiques des tendinopa-
thies sont actuellement en cours de développement: appli-
cation de patches de dérivés nitrés, infiltrations de polido-
canol, d'acide hyaluronique ou encore de cellules souches.
Les patches de dérivés nitrés, employés classiquement
chez les patients angoreux, stimuleraient la prolifération
de fibroblastes, la synthèse de matrice extra-cellulaire et de
collagène (31). Cependant, les études proposent des résul-
tats contradictoires. Dernièrement, aucune différence n'a
été observée sur 24 semaines entre l'application de patches
de dérivés nitrés ou d'un placébo (32).
Les infiltrations de polidocanol, produit sclérosant,
a pour but de diminuer le flux sanguin capillaire (33). La
destruction de cette néovascularisation, ainsi que de la
néo-innervation l'accompagnant, permettrait de diminuer
la douleur et de l'associer avantageusement à une réédu-
cation excentrique (33). Dernièrement, cette technique n'a
pu apporter qu'une légère amélioration des douleurs dans
le cadre de tendinopathies patellaires (34).
L'acide hyaluronique est une substance biologique na-
turelle ayant déjà démontré son effet positif en intra-arti-
culaire en cas d'arthrose. Une première étude montrerait
l'intérêt de plusieurs infiltrations d'acide hyaluronique (2
infiltrations à 1 semaine d'intervalle en moyenne) dans le
cadre de tendinopathies patellaires (35). Cependant, ces
résultats restent encore à confirmer.
Les infiltrations de cellules souches pluripotentes
dans le cadre de tendinopathies patellaires leur permet-
traient, grâce au signalement local et/ou de facteurs exo-
gènes, de se différencier en fibroblastes pouvant synthé-
tiser du collagène de type 1. Elles demeurent un traitement
d'avenir pouvant avoir un effet favorable à long terme (36).
CONCLUSION
Actuellement, les traitements «passifs» des tendinopathies
patellaires ne sont employés qu'à titre antalgique et n'en-
trainent qu'une satisfaction partielle et un risque de réci-
dive important. Seuls les exercices excentriques et les ondes
de choc ont une réelle action sur la structure et l'adaptation