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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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Une analyse plus détaillée montre que le risque est 8 fois
plus élevé au cours de la première année qui suit le dia-
gnostic, puis diminue progressivement.
Ces résultats concernent aussi bien les hommes que les
femmes et sont retrouvés dans les différents groupes d'âge
au delà de 45 ans (Tableau 1).
L'ESSENTIEL
Ce travail plaide en faveur d'une surveillance accrue des
facteurs de risque cardiovasculaires et d'interventions ap-
propriées chez les sujets atteints de sclérodermie diffuse,
tout particulièrement pendant la période qui suit l'établisse-
ment du diagnostic et chez les sujets de la tranche 45-59 ans.
S 322-3
LA FIBROSE DE LA SCLÉRODERMIE DIFFUSE
A-T-ELLE TROUVÉ SON REMÈDE?
L'élucidation du rôle des récepteurs à la vitamine D des
fibroblastes dans la voie de signalisation du principal agent
impliqué dans la synthèse des fibres de collagène offre des
perspectives thérapeutiques pour la sclérodermie diffuse.
Les récepteurs de la vitamine D font partie de la grande
famille des récepteurs stéroïdiens. Leur ligand naturel est
la forme dihydroxylée en 1 et 25 de la vitamine D3. La fixa-
tion de la 1,25-(OH)
2
-D3 sur le récepteur de la vitamine D
entraîne son activation, ce qui lui permet alors de se lier
à une séquence particulière d'ADN, appelée élément de
réponse spécifique à la vitamine D, qui se trouve dans la
région hébergeant les promoteurs des gènes cibles de la
vitamine D. Cette liaison permet de réguler l'expression de
certains gènes.
Les niveaux de vitamine D3 sont significativement dimi-
nués chez les patients atteints de sclérodermie diffuse,
mais nous n'avons aucun renseignement sur les consé-
quences fonctionnelles de cette diminution. Une équipe
allemande a donc entrepris d'explorer les éventuels liens
entre la baisse des taux de vitamine D et la fibrose cutanée
observée dans la sclérodermie diffuse.
A la suite d'une série d'observations et d'expérimenta-
tions in vitro et in vivo, les données suivantes ont été
recueillies.
- Chez les sujets avec une sclérodermie diffuse, on
constate, au niveau de la peau des sujets atteints de
sclérodermie diffuse, une diminution d'expression
des récepteurs de la vitamine D par rapport aux sujets
contrôles sains. Ces données concordent avec ce qui est
observé dans 2 modèles expérimentaux de fibrose, dans
lesquels une intervention du Transforming Growth
Factor ß
(TGFß) a été établie.
- La stimulation des fibroblastes par le TGFß, réduit
d'une part l'expression des récepteurs de la vitamine D
dans les fibroblastes et favorise d'autre part la phospho-
rylation de Smad3, un des éléments de la voie de signali-
sation impliquée dans la synthèse des fibres collagènes
(effet profibrotique du TGFß). Cet effet profibrotique
est inhibé (diminution de fabrication des fibres colla-
gènes) lorsqu'il y a surexpression des récepteurs de la
vitamine D.
- Un autre moyen d'inhiber l'effet profibrotique du TGFß
pourrait être le renforcement de l'activité des récepteurs
de la vitamine D par un agoniste tel que le paricalcitol.
Grace à ce composé, les récepteurs de la vitamine D
peuvent se lier à Smad3 phosphorylé, l'empêchant ainsi
de véhiculer le signal de synthèse de fibres collagènes.
L'effet antifibrotique du paricalcitol a été documenté
dans plusieurs modèles animaux.
Tableau 1: Les résultats concernent aussi bien les hommes que les femmes et sont retrouvés dans les différents groupes d'âge au delà de 45 ans.
Sujets avec/sans sclérodermie
n = 1.207/12.380
Infarctus n
incidence/1.000 P-A
89/289
20,2/5,3
Risque relatif (IC95%)
- non ajusté
- ajustements multiples
3,8 (3,0-4,9)/1
4,1 (3,1-5,4) /1
Risque relatif (IC95%) selon l'ancienneté de la maladie
- < 1 an
- 1 à 4,9 ans
- 5 ans et +
8,2 (5,3-12,4)/1
3,1 (2,01-4,4)/1
1,4 (0,9-3,4)/1
Risque relatif (IC95%) selon l'âge
- < 45 ans
- 45-59 ans
- 60-74 ans
- 75 ans et +
1,0 (0,1- 1,7)/1
7,4 (3,5-15,7)/1
4,4 (2,7-7,3)/1
5,6 (2,9-10,6)/1