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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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critère de retour sur le terrain. Ainsi, un retour trop pré-
coce peut priver le tendon à l'adaptation de sa structure
aux contraintes extérieures.
Les tendinopathies représentent la pathologie microtrau-
matique du genou la plus rencontrée (1). Parmi celles-ci,
la tendinopathie patellaire demeure la plus fréquente et
présente une incidence particulièrement élevée dans la
pratique du volleyball et du basketball (1). Le traitement
conservateur des tendinopathies du genou vise à atteindre
deux objectifs distincts. En phase aigüe (avant 6 semaines),
le but est de diminuer les contraintes appliquées au niveau
du tendon et d'agir sur la douleur. Ensuite, le traitement
s'attache à entrainer des modifications de la structure ten-
dineuse, améliorant sa résistance aux forces extérieures
(1).
TRAITEMENTS «PASSIFS»
Les traitements dits «passifs», à visée essentiellement an-
talgique, n'entrainent aucune modification de la structure
tendineuse (1). Ces traitements ne génèrent généralement
qu'une satisfaction incomplète et le risque de récidive
demeure important.
Dans un premier temps, une diminution des activités spor-
tives sous le seuil de la douleur demeure nécessaire. Une
immobilisation stricte ne peut être envisagée sous peine
de voir diminuer la résistance du tendon et de favoriser sa
dégénérescence précoce (2).
La cryothérapie peut être employée pour son effet antal-
gique transitoire uniquement, car il existe peu d'évidence
scientifique quant à son efficacité sur la diminution de la
réaction inflammatoire (2).
La physiothérapie antalgique (diélectrolyse médicamen-
teuse, ultrasons, laser) ne présente à notre connaissance
aucune preuve validant son utilisation (3, 4). L'application
d'une bande ou bracelet patellaire pourrait être conseillée
lors d'activités sportives (5).
TRAITEMENTS «ACTIFS»
Ces traitements rééducatifs actifs ont pour but de contre-
carrer la théorie étiopathogénique proposant que l'insuf-
fisance de résistance du tendon exposé à des charges ex-
ternes semble être à l'origine des lésions (6). Actuellement,
le travail excentrique représente l'orientation de choix
dans le réentrainement tendineux (1, 7, 8). La littérature
reste incomplète sur le remodelage architectural du ten-
don et ses réelles adaptations histologiques suite à une réé-
ducation excentrique adaptée (9). Cependant, les résultats
cliniques liés à cette prise en charge montrent souvent une
évolution favorable des tendinopathies (1, 7, 8).
Cette application vise à favoriser l'adaptation structurale
du tendon dans le but de le protéger des microlésions
résultant des contraintes extérieures (6, 9). L'exercice in-
tègre les paramètres d'allongement résisté de l'unité mus-
culotendineuse, la vitesse du mouvement et l'intensité de
la contraction. Le nombre de répétitions nécessite d'être
élevé et un minimum de 20 à 30 séances de traitement,
à raison de 3 fois par semaine, semblent nécessaires pour
une efficacité optimale (10). Grâce au remodelage tendi-
neux, le travail excentrique va contribuer à prévenir les ré-
cidives selon le principe de la mécanotransduction (trans-
formation de charges mécaniques en réponse cellulaire)
(6, 9). Pour le contrôle strict des paramètres (amplitude
du mouvement, vitesse, intensité de la contraction), le dy-
namomètre isocinétique représente un outil de référence
pour délivrer l'exercice excentrique (11). L'emploi d'un
plan incliné pour réaliser ces exercices peut représenter
une alternative facilement accessible (11, 12). Afin d'éviter
l'échec thérapeutique du travail excentrique, il semblerait
nécessaire de maintenir un repos sportif relatif durant le
traitement (13).
Les étirements quant à eux ont pour objectif de remettre
en charge progressivement le tendon, d'augmenter l'am-
plitude articulaire, d'améliorer l'élasticité du tendon et sa
capacité à absorber les chocs (14). Il a d'ailleurs été démon-
tré que les protocoles de rééducation excentrique associés
aux étirements du quadriceps étaient plus efficaces que le
travail excentrique seul (15).
TRAITEMENTS COMPLÉMENTAIRES
ONDES DE CHOC
Les ondes de choc extra-corporelles demeurent une option
thérapeutique bien connue pour les tendinopathies. Bien
que ressenties parfois comme agressives, elles restent non
invasives et présentent peu de complications (traitement
douloureux, hématome, excoriations cutanées...) (1).
Il existe deux types d'ondes de choc. Les ondes de choc fo-
cales génèrent une zone d'énergie maximale à distance de
l'émetteur, alors que les ondes de choc radiales produisent
l'énergie maximale au contact de la tête émettrice. Ces
deux traitements ont montré une bonne efficacité dans le
cadre de la tendinopathie patellaire (16, 17), sans démon-
trer la supériorité d'un type d'ondes de choc par rapport à
l'autre (18). Leur efficacité pourrait être majorée par l'ad-
jonction d'une rééducation excentrique (1). Dernièrement,
une étude à montré l'intérêt d'une seule séance d'ondes de
choc par un effet favorable des douleurs sur une tendino-
pathie rotulienne (19). Il est également nécessaire de pou-
voir maintenir un repos sportif relatif durant le traitement.
En effet, les ondes de choc réalisées chez des volleyeurs en
compétition n'ont pas montré d'effet positif (20).