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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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OR0879F
LES FUTURS TRAITEMENTS DE
LA POLYARTHRITE RHUMATOÏDE
Peggy Jacques
Service de rhumatologie, UZ Gent
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie auto-immune chronique qui affecte
les articulations et qui peut, par son caractère évolutif et souvent destructeur, entraîner
de graves déformations et limitations fonctionnelles. L'arrivée des biothérapies, et en par-
ticulier des inhibiteurs du TNF, a marqué une importante avancée dans le traitement de
la polyarthrite rhumatoïde. Malgré tout, la rémission reste inaccessible pour une part sub-
stantielle des patients. Plusieurs nouvelles stratégies thérapeutiques sont abordées dans
ce texte, notre attention se portant à la fois sur des médicaments ciblant d'autres cytokines
que le TNF, et sur les inhibiteurs à petites molécules.
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U
M
AT
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INTRODUCTION
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie auto-
immune inflammatoire chronique qui touche environ 0,5 à
1% de la population mondiale. Le spectre clinique se carac-
térise par une inflammation des articulations, le plus sou-
vent au niveau des mains et des pieds (1). L'inflammation
articulaire se distingue par une inflammation et une hyper-
plasie synoviales, ainsi que par une destruction du carti-
lage et du tissu osseux, laquelle entraîne progressivement
une perte fonctionnelle. L'une des manifestations typiques
est la production d'auto-anticorps, tels que le facteur
rhumatoïde (RF) et l'anticorps anti-protéines citrullinées
(ACPA), présents chez une majorité de patients. Outre
l'atteinte articulaire, la PR se distingue également par
des manifestations systémiques telles que les atteintes
cardio vasculaires et pulmonaires. La pathogenèse de la
PR est influencée par des facteurs génétiques, des fac-
teurs environnementaux et le système immunitaire. Tant
la prédisposition génétique que la production d'auto-
anticorps soulèvent le rôle du système immunitaire adap-
tatif dans l'apparition de la PR. Cependant, l'inflamma-
tion et l'hyperplasie synoviales se caractérisent par une
infiltration de cellules du système immunitaire tant inné
qu'adaptatif. Les chimiokines, qui attirent les cellules, et
les cytokines pro-inflammatoires jouent un rôle important
dans le développement et l'entretien de l'inflammation.
Dans ce cadre, le TNF-alpha remplit une fonction cru-
ciale, parallèlement à d'autres cytokines telles que les
IL-1, IL-6, IL-8 et GM-CSF.
Chez un nombre important de patients, la PR est évolutive
et induit la destruction des articulations. Des érosions
osseuses se produisent ainsi chez 70 à 75% des patients
durant les trois premières années de la maladie. Un diag-
nostic et un traitement précoces revêtent dès lors une
importance cruciale en vue de contrôler la maladie (2, 3).
Les stratégies thérapeutiques actuelles, comme le «tight
control
» ou le «treat-to-target», visent l'obtention d'une
faible activité de la maladie ou d'une rémission persistante,
ce qui résulte en une amélioration des résultats fonction-
nels et radiographiques. Les agents ARMM (antirhumatis-
maux modificateurs de la maladie ou DMARD) classiques,
comme le méthotrexate, le léflunomide, la sulfasalazine
et leurs associations (éventuellement complétés de cor-
ticoïdes) permettent également d'atteindre cet objectif
chez une proportion significative de patients PR. Quelques
études cliniques d'envergure sont d'ailleurs venues étayer
ce constat (CAMERA, COBRA, TICORA) (3-5). Pourtant,
la maladie continue à progresser chez la plupart des pa-
tients en dépit d'un traitement agressif et précoce par une
association d'ARMM (6).