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ORTHO-RHUMATO | VOL 12 | N°1 | 2014
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THE STORY BEHIND...
Il peut paraître étrange qu'on identifie ou qu'on définisse
encore une nouvelle structure anatomique en 2014. Sur-
tout en anatomie orthopédique ou musculo-squelettique,
où tout semblait déjà décrit et connu. Pourtant, rien n'est
moins vrai. Le ligament fémoropatellaire médial (LFPM),
par exemple, n'a été identifié comme tel qu'au début des
années 1990, et la reconnaissance de l'importance des
ligaments glénohuméraux en cas d'instabilité de l'épaule
ne date que des années 1970. Ces deux découvertes sont le
résultat des recherches des chirurgiens orthopédiques, qui
visaient à mieux comprendre les problématiques respec-
tives de l'instabilité patellaire et glénohumérale.
C'est ainsi qu'un certain nombre d'observations cliniques
a débouché sur la recherche du ligament antérolatéral du
genou.
En effet, un problème important en cas de rupture du liga-
ment croisé antérieur est l'apparition d'une instabilité dite
«rotatoire», caractérisée par une rotation excessive du ti-
bia par rapport au fémur, ce qui entraîne un affaissement.
Ceci pose surtout problème en cas d'appui sur la jambe
blessée, en combinaison avec une rotation tibio-fémorale,
phénomène qui porte le nom de «mouvement de pivot»
en médecine sportive. C'est surtout la rotation interne du
tibia par rapport au fémur qui constitue un problème ma-
jeur chez de nombreux patients atteints d'une déchirure du
ligament croisé antérieur (LCA).
En dépit du fait que ce phénomène soit bien connu, deux
réflexions importantes s'imposent. Premièrement, tous les
patients présentant une lésion du LCA ne développent pas
une telle instabilité rotatoire. Si c'est le cas de la plupart
d'entre eux, certains y échappent, ce qui est étrange, car
tous présentent apparemment la même lésion, en l'occur-
rence une déchirure isolée du LCA.
Deuxièmement, il semble illogique, d'un point de vue
biomécanique, que le LCA joue un rôle important dans le
contrôle de la stabilité rotatoire du genou. En effet, le liga-
ment croisé antérieur occupe une position centrale dans le
genou, assurant donc une connexion centrale entre le tibia
et le fémur, ce qui est logique et efficace pour le contrôle
de la stabilité antéropostérieure (tiroir), mais très illogique
et inefficace pour le contrôle de la rotation tibio-fémorale
(Figure 1). D'un point de vue biomécanique, il semble
Figure 1: D'un point de vue biomécanique, le ligament croisé antérieur
(LCA), en tant que structure centrale (bleu), est un protecteur peu
approprié contre la rotation. Une structure excentrique telle que le
ligament antérolatéral (LAL) (orange) s'avère plus efficace.
OR0897F
LE LIGAMENT ANTÉROLATÉRAL
DU GENOU
Johan Bellemans
1
, Steven Claes
2
1. Ziekenhuis Oost-Limburg, Genk
2. Dienst Orthopedie, AZ Herentals
Ces dernières semaines, la presse internationale a annoncé la découverte d'un
nouveau ligament dans le genou. Des chirurgiens belges ont défini une structure qui
semble jouer un rôle important en cas de lésions du ligament croisé antérieur. The New
York Times
, BBC, Le Figaro, Der Spiegel, USA Today et bien d'autres ont annoncé la nou-
velle en prime time. Même en 2014, l'anatomie humaine continue à intriguer bon nombre
d'entre nous.
O
R
T
HO