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OrthO-rhumatO | VOL 12 | N°2 | 2014
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rECommandationS
Il existe différentes sortes de recommandations au sujet de
la prévention de l'ostéonécrose de la mâchoire.
Les recommandations générales portent sur la commu
nication franche entre médecin et patient, sur l'informa
tion du patient, l'importance de l'hygiène buccale et des
contrôles dentaires et, enfin, sur l'éducation du médecin
et du patient.
Il existe des recommandations spécifiques pour les patients
souffrant d'une affection osseuse non maligne. Le patient
doit savoir que le risque est compris entre 1 sur 10.000 et
1 sur 100.000. Si le patient est inquiet à ce sujet, il peut
consulter un dentiste. Une bonne hygiène buccale et des
visites régulières chez le dentiste sont nécessaires, mais
aucun examen des dents ne s'impose avant le début du
traitement. En cas d'utilisation à long terme, le traitement
d'une périodontite doit de préférence être non chirurgical.
Si on recourt malgré tout à une intervention, l'accord du
patient est requis. Les traitements endodontiques em
portent la préférence.
On ne sait pas encore clairement si les bisphosphonates
doivent être arrêtés avant une intervention dentaire inva
sive. Si le risque est faible, cela ne semble pas nécessaire,
mais on peut l'envisager en cas de chirurgie étendue ou de
facteurs de risque cliniques, tels que le diabète, l'utilisation
de glucocorticoïdes, l'immunodéficience, etc.
Le risque en cas de doses élevées pour des affections ma
lignes varie entre 1 et 15%, en fonction de la dose et de la
durée du traitement. Le patient doit en être informé. Une
visite chez le dentiste est requise avant le début du trai
tement. Les interventions dentoalvéolaires électives ne
sont pas recommandées. En cas de survenue de problèmes
dentaires, une approche non chirurgicale est préférable, et
une chirurgie périapicale ou parodontale n'est pas recom
mandée.
Une fois le diagnostic d'ostéonécrose de la mâchoire
confirmé, il faut envisager d'arrêter les bisphosphonates.
Le traitement par oxygène hyperbare n'est pas établi avec
certitude. D'autres traitements expérimentaux reposent
sur l'ozone topique, l'application intralésionnelle de cel
lules souches de la moelle osseuse ou l'ajout de pentoxifyl
line ou de tocophérol aux antibiotiques.
étUdES
De plus amples études portant sur l'ostéonécrose de la
mâchoire sont clairement nécessaires, et ce, tant au niveau
clinique que fondamental.
Sur le plan clinique, il faudrait en savoir davantage au su
jet de l'incidence réelle de l'ostéonécrose, des facteurs de
risque et de l'influence du schéma posologique. Par ailleurs,
il serait utile de mieux pouvoir surveiller une suppression
excessive du remodelage osseux, d'améliorer le résultat
diagnostique et pronostique, d'améliorer les options (pour
le moment suboptimales) pour la prévention et le traite
ment, ainsi que le résultat des traitements dentaires.
Sur le plan de la recherche fondamentale, il est en tout
cas nécessaire de disposer de meilleurs modèles animaux.
L'effet des bisphosphonates sur l'homéostasie de la mandi
bule et du maxillaire doit encore être élucidé. En particu
lier, il faut accroître les connaissances au sujet de l'effet des
cellules médullaires osseuses, y compris les macrophages,
au sujet des mécanismes de la cicatrisation des plaies au
niveau moléculaire et cellulaire, et au sujet de la relation
entre l'angiogenèse, d'une part, et l'ostéoclastogenèse et
la résorption osseuse, d'autre part. De plus amples études
sont également nécessaires au sujet du rôle des infections,
des traumatismes et des cellules inflammatoires.
traitEmEnt ProlonGé Par
BiSPhoSPhonatES Et FraCtUrES atyPiqUES
dE la diaPhySE FémoralE
À l'aide d'un cas clinique, JeanPierre Devogelaer (Clin.
univ. St-Luc, Bruxelles) a traité de l'influence potentielle
de l'utilisation prolongée de bisphosphonates et de la sur
venue de fractures atypiques de la diaphyse fémorale.
Les fractures atypiques ne sont pas toujours dues aux bis
phosphonates. Il peut aussi s'agir de fractures de fatigue,
de Looser zones en cas d'ostéomalacie ou de fractures de
stress en cas de maladie de Paget.
tableau 2: incidence de fractures atypiques du fémur sous bisphosphonates.
Durée du traitement
Incidence de fractures fémorales atypiques
Incidence de fractures typiques
< 2 ans
1,78/100.000 personnesannées
463/100.000 personnesannées
68 ans
~38,9/100.000 personnesannées
?
> 10 ans
~107,5/100.000 personnesannées
?