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OrthO-rhumatO | VOL 12 | N°2 | 2014
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qUand déBUtEr/intErromPrE
Un aGEnt BioloGiqUE
En CaS d'arthritE rhUmatoïdE?
L'ajout d'adalimumab à une monothérapie par méthotrexate augmente les chances d'obtention d'une faible acti-
vité de la maladie en cas d'arthrite rhumatoïde. Dans de nombreux cas, un bref traitement d'induction par un agent
biologique associé à du méthotrexate suffira pour maintenir une faible activité de la maladie ou une rémission
lors d'un traitement d'entretien ultérieur par méthotrexate en monothérapie. C'est ce que nous apprend l'étude
OPTIMA, dont les résultats sont parus dans The Lancet.
Le méthotrexate reste le traitement de base classique en
cas d'arthrite rhumatoïde. Par ailleurs, on a démontré que
l'instauration temporaire d'un agent biologique ­ avec
l'obtention rapide d'un objectif clinique tel que la rémis
sion ou une faible activité de la maladie ­ limite les dégâts
articulaires, tout en ayant un effet bénéfique sur la fonc
tionnalité. Malgré tout, on dispose de peu d'informations
univoques au sujet de l'utilisation la plus efficace d'agents
biologiques, comme le moment idéal pour les débuter et
les conséquences potentielles d'une interruption ultérieure
de ce traitement.
C'est pour mieux répondre à ces questions que l'étude
OPTIMA (Optimal Protocol for Treatment Initiation with
Methotrexate and Adalimumab
) a été mise sur pied. Elle
avait pour objectif d'évaluer les résultats cliniques, radio
graphiques et fonctionnels des différentes approches thé
rapeutiques chez les patients souffrant d'arthrite rhuma
toïde précoce (< 1 an). Concrètement, les investigateurs ont
testé l'hypothèse selon laquelle on aboutirait à de meilleurs
résultats cliniques et radiographiques chez les patients
ayant obtenu une activité de la maladie faible et stable, en
l'occurrence ceux qui avaient initialement été traités par
adalimumab plus méthotrexate, par rapport aux patients
traités uniquement par méthotrexate.
L'étude OPTIMA a été conduite dans 161 endroits dans le
monde, entre décembre 2006 et août 2010. Les patients
participants (n = 1.032) n'avaient préalablement pas reçu de
méthotrexate. Après la randomisation, ils ont été traités par
méthotrexate plus de l'adalimumab (n = 515) ou un placebo
(n = 517) pendant 26 semaines. Les patients du groupe ada
limumab plus méthotrexate, qui présentaient une activité
de la maladie faible et stable aux semaines 22 et 26 (DAS28
<3,2), ont été randomisés à nouveau vers la poursuite de
l'adalimumab ou vers un traitement par méthotrexate plus
placebo pendant 52 semaines supplémentaires. Les patients
qui avaient obtenu une faible activité de la maladie sous
monothérapie par méthotrexate ont continué ce traitement.
Les patients obtenant une réponse insuffisante sous métho
trexate ont reçu un traitement par méthotrexate plus adali
mumab durant une seconde période.
Le critère d'évaluation primaire était un score DAS 28 < 3,2
à la semaine 78, associé à l'absence de progression de la
maladie sur les radiographies, entre le début du traitement
et la semaine 78. Dans le groupe traité par adalimumab
plus placebo, 207 patients ont obtenu une activité de la
maladie faible et stable. Parmi eux, 105 patients ont été
randomisés vers la poursuite du traitement par adalimu
mab. Dans le groupe recevant un placebo plus du métho
trexate, les 112 participants ayant obtenu une activité de la
maladie faible et stable ont poursuivi leur monothérapie
par méthotrexate.
Les résultats de cette étude suggèrent que la plupart des
patients souffrant d'arthrite rhumatoïde précoce, qui ob
tiennent une activité de la maladie faible et stable dans les
six mois suivant l'instauration d'un traitement par ada
limumab plus méthotrexate, conservent cette bonne ré
ponse, tant sur les plans clinique et fonctionnel que struc
turel. Ceci est également valable si l'adalimumab est inter
rompu, ce qui suggère qu'un bref traitement d'induction
par un agent biologique associé à du méthotrexate peut
suffire pour maintenir une faible activité de la maladie ou
une rémission lors d'un traitement d'entretien ultérieur
par méthotrexate en monothérapie. Ces observations ont
des implications importantes pour les soins des patients et
pour les aspects économiques du traitement de l'arthrite
rhumatoïde par d'onéreux agents biologiques. Peutêtre
peuventelles conduire à une révision des schémas théra
peutiques existants.
L'étude indique également que l'introduction d'un agent
biologique après une réponse insuffisante au méthotrexate
représente une stratégie raisonnable. Cela suggère qu'une
approche treat-to-target instaurée précocement durant
l'évolution de la maladie peut donner d'excellents résultats
en cas d'arthrite rhumatoïde, même en cas de réponse cli
nique et structurelle insuffisante à un traitement initial par
DMARD classiques.
smolen Js, emery p, Fleischmann r, et al. adjustment of therapy in rheumatoid arthritis on
the basis of achievement of stable low disease activity with adalimumab plus methotrexate or
methotrexate alone: the randomised controlled optima trial. lancet 2014;383:321-32.