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OrthO-rhumatO | VOL 12 | N°2 | 2014
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osseuses, à une dose beaucoup plus élevée, soit 120mg
toutes les quatre semaines. Ces études sont à présent clôtu
rées, et le dénosumab est enregistré pour la prévention des
complications des métastases osseuses chez les patients
souffrant de tumeurs solides avancées. Les études ont no
tamment inclus des patient(e)s souffrant d'un cancer du
sein, d'un cancer de la prostate et d'autres tumeurs solides
ou d'un myélome multiple. Dans ces études, le dénosumab
a été comparé de façon directe avec 4mg de zolédronate
toutes les quatre semaines (3234). Le dénosumab s'est
révélé supérieur au zolédronate sur le plan de la préven
tion des complications squelettiques en cas de cancer du
sein et de la prostate, et il s'est avéré non inférieur dans
la population souffrant d'autres tumeurs solides ou d'un
myélome multiple.
SyStÈmE immUnitairE Et inFECtionS
Le RANK est non seulement exprimé au niveau des ostéo
clastes et de leurs précurseurs, mais cette expression se
note également au niveau des cellules dendritiques et des
cellules de Langerhans. Au stade embryonnaire, il est pré
sent lors du développement des ganglions lymphatiques et
des cellules épithéliales du thymus.
Le RANK Ligand est exprimé par les cellules de la lignée
ostéoblastique mais aussi au niveau des lymphocytes T et B
activés et des kératinocytes. Il est toutefois important de
noter que, si le RANK appartient effectivement à la famille
des récepteurs TNF, cette parenté n'est que structurelle,
et non fonctionnelle.
Les études précliniques (35) et cliniques (36, 37) n'in
diquent aucun effet du dénosumab sur le système immuni
taire. Les données de sécurité issues d'un vaste programme
clinique impliquant jusqu'à huit ans d'exposition au déno
sumab n'ont pas révélé de surreprésentation des complica
tions infectieuses dans l'ensemble de la banque de données
de sécurité, ni d'augmentation de la fréquence des affec
tions malignes (38).
oStéonéCroSE, FraCtUrES atyPiqUES Et arrêt
De rares cas d'ostéonécrose de la mâchoire et de fractures
fémorales atypiques sont mentionnés dans les études cli
niques portant sur des patientes traitées par dénosumab
pour une ostéoporose postménopausique. Ces effets indé
sirables semblent être liés à la durée du traitement (38).
L'ostéonécrose de la mâchoire et les fractures fémorales
atypiques sont tellement peu fréquentes chez les patients
souffrant d'ostéoporose qu'une comparaison valable avec
le zolédronate est impossible.
Chez les patients cancéreux, l'ostéonécrose de la mâchoire
survient numériquement plus souvent en cas de traite
ment par dénosumab par rapport au zolédronate, mais la
différence n'est pas significative (dans une population de
5.677 patients; p = 0,13) (39). Le dénosumab n'a aucun
risque de toxicité rénale, mais il induit davantage d'hypo
calcémies que le zolédronate. Si le dénosumab s'avère plus
efficace que le zolédronate pour la prévention des compli
cations squelettiques chez le patient cancéreux, les données
publiées à ce jour ne montrent pas de différence d'efficacité
entre les deux molécules pour le traitement de l'ostéoporose
postménopausique, a conclu JeanJacques Body.
BiSPhoSPhonatES Et riSqUE dE CanCEr
Serge Rozenberg (CHU St Pierre) a passé en revue les
preuves au sujet de l'effet des bisphosphonates en cas de
cancer. C'est surtout en cas de cancer du sein et de myé
lome multiple qu'ils ont une place. On ne sait toujours pas
clairement si les bisphosphonates sont euxmêmes asso
ciés à une augmentation du risque de carcinome oesopha
gien.
lES aVantaGES Et l'aCtion PoSSiBlE
dES BiSPhoSPhonatES En CaS dE CanCEr
Les patients cancéreux peuvent tirer des bénéfices d'un
traitement par bisphosphonates, et ce, pour diverses rai
sons. Parfois, les bénéfices sont dus au fait qu'ils souffrent
également d'ostéoporose, mais ils peuvent aussi porter sur
la prévention ou le traitement des métastases osseuses de
tumeurs solides ou d'un myélome multiple. Les bisphos
phonates ont également une place dans le cadre du trai
tement de l'hypercalcémie due à des affections malignes.
Lors du traitement d'entretien du cancer du sein au moyen
d'inhibiteurs de l'aromatase, l'inhibition des oestrogènes
est plus importante que lors de la ménopause naturelle,
et la perte osseuse est doublée. Par rapport au tamoxi
fène, le risque de fractures sous inhibiteurs de l'aromatase
augmente de 35 à 50 pour cent (40). Dans ce contexte,
le Belgian Bone Club a publié des recommandations pour
la prise en charge de la perte osseuse induite par le traite
ment anticancéreux, lors des stades précoces d'un cancer
du sein et de la prostate (40).
Tout comme les statines, les aminobisphosphonates
agissent sur la voie du mévalonate. Ils inhibent l'action de
l'HMGCoAréductase et de la farnésyldiphosphate syn
thase, ce qui provoque une diminution des protéines pré
nylées, telles que les familles des protéines ras, rho et rab,
qui sont plus actives dans certains types de cancers (41).
En outre, on a également décrit des effets sur l'angiogenèse
via le VEGF, le centromère, les macrophages et la MMP9.
myélomE mUltiPlE
L'utilité des bisphosphonates en cas de myélome multi
ple est établie. Une revue Cochrane a formulé en guise