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GUNAIKEIA
VOL 16 N°7
2011
209
à la demande, conformément à la loi du 6 juillet 2007
concernant la PMA.
Le dossier est ensuite examiné lors de la réunion de
l'équipe pluridisciplinaire. Le médecin responsable de la
prise en charge de la candidate présente brièvement le
dossier, en insistant sur le volet médical. La conseillère en
fertilité aborde ensuite en long et en large le volet psy-
chosocial de la demande, dans la mesure où il s'agit de
l'aspect qui va principalement influencer la décision des
membres de l'équipe. S'il le souhaite, le médecin peut en-
core formuler un commentaire, suivi d'une brève discus-
sion. Enfin, on procède au vote. Tous les membres présents
de l'équipe (médecins, sage-femme en chef, laborantins en
chef, conseillers en fertilité) peuvent attribuer un score de
0 à 10. Les assistants en formation ne peuvent pas voter.
Les points accordés par le médecin responsable de la prise
en charge et la conseillère en fertilité comptent double. La
note de 5 ne peut pas être acceptée. Un score supérieur à
55% correspond à un avis positif, tandis qu'un score infé-
rieur à 45% correspond à un avis négatif. Dans les autres
cas, une réévaluation est possible après 6 mois. Dans le
cadre de ce deuxième vote, un score inférieur à 50% est
synonyme d'avis négatif.
Les critères absolus de refus sont la présence de problèmes
légaux (p. ex. procédure de divorce), de problèmes men-
taux (psychopathologie sévère) ou d'une affection poten-
tiellement mortelle. Une série de critères relatifs, tels que
l'âge de la candidate (compte tenu des limites légales:
18 ans jusqu'au 45
e
anniversaire), le degré d'autonomie
(financière, vivant seule), l'ampleur du réseau social, la
situation familiale, la situation sur le plan relationnel (pro-
blèmes réglés avec les anciens partenaires, maturité sur le
plan relationnel et psychosexuel), la présence d'affections
médicales/chroniques, les aptitudes sociales et de com-
munication, ainsi que la compréhension des implications
de la décision, sont également pris en compte. Une fois
qu'un avis est formulé, il est communiqué oralement à la
candidate (par téléphone par la conseillère en fertilité) et
est suivi d'une confirmation par écrit. Un avis n'est valable
que pendant 6 mois. Cela signifie que le traitement doit
être entamé dans les 6 mois. En cas de refus, une nou-
velle demande ne peut être introduite qu'après minimum
6 mois.
Social freezing: aspects éthiques
Frank Vandekerckhove, membre du staff ARG, Vrouwenkliniek,
UZ Gent
Résumé de Valerie Van Goethem, GSO
En Belgique, certains centres de médecine reproductive
offrent depuis peu la possibilité de congeler des ovocytes
non fécondés (vitrification). Les techniques utilisées dans
ce domaine ont récemment été perfectionnées et sont au-
jourd'hui de plus en plus applicables à la pratique clinique.
La technique de la vitrification ouvre dès lors de nouvelles
perspectives, à la lumière de la fertilité décroissante selon
l'âge de la femme. Elle fait toutefois l'objet de nombreuses
critiques au sujet de divers aspects éthiques. En effet, il
n'est pas facile de concilier les intérêts de la patiente, de
l'enfant, de la société et les critères personnels.
La majorité des femmes qui demandent un «
social freezing»
le font pour une raison sociale ou non médicale. Elles veulent
en quelque sorte acheter du temps, car elles n'ont pas encore
trouvé le bon partenaire. La plupart sont des femmes hau-
tement qualifiées qui ont récemment connu une séparation
et craignent de ne plus trouver le bon partenaire à temps
pour combler leur désir d'enfant. Il s'agit donc de femmes qui
ne souhaitent pas devenir des mères célibataires par choix:
elles veulent un père pour leur enfant.
L'autonomie du patient est définie depuis 1948 dans l'ar-
ticle 27/1 de la Déclaration des Droits de l'Homme. Cet
article stipule que toute personne a le droit de prendre
part librement à la vie culturelle de la communauté, de
jouir des arts et de participer au progrès scientifique et
aux bienfaits qui en résultent. Les femmes qui s'adressent
à ces centres proposant le «
social freezing» le font car
cette technique permet la parentalité biologique, ce qui
n'est pas le cas pour l'adoption ou en cas d'utilisation de
gamètes de donneur. Beaucoup de femmes ressentent par
ailleurs une certaine pression pour tomber enceintes étant
jeunes. En Belgique, le prélèvement d'ovocytes est en prin-
cipe autorisé jusqu'à 45 ans. Cela dit, ce type de traitement
n'est pas exempt de risques et a un coût. En effet, le prix
à payer pour bénéficier de cette technique est d'environ
5.000, auxquels il faut encore ajouter les coûts asso-
ciés à la conservation des ovocytes. Les chances de réus-
site sont faibles, avec un
life birth rate de seulement 4%
par ovocyte décongelé. En outre, plusieurs prélèvements
sont parfois nécessaires chez certaines de ces patientes.
Enfin, toute forme de stimulation implique un risque de
syndrome d'hyperstimulation ovarienne, une affection
iatrogène connaissant parfois une évolution sévère.
Du point de vue de l'enfant, nous ne disposons malheu-
reusement que de peu de données issues d'études avec un
suivi de longue durée. On peut toutefois affirmer que la
vitrification n'a pas d'influence sur le fuseau méiotique ni
sur l'alignement des chromosomes. Il n'y a pas de risque
accru d'apparition d'anomalies chromosomiques.
D'un point de vue social, tout le monde a le droit de fon-
der une famille. En partant du principe d'égalité, nous
pouvons désormais proposer aux patientes féminines une
alternative équivalente à celle des hommes, qui peuvent
déjà depuis longtemps faire congeler un échantillon de
sperme. Si la patiente le souhaite, ces ovocytes peuvent
en outre être utilisés dans le cadre d'un don d'ovules. Les
études et la carrière, d'une part, et le désir d'enfant, d'autre
part, sont parfois difficilement conciliables dans notre so-
ciété. Le «
social freezing» offre donc une solution à cette
problématique. La décision de ne tomber enceinte que plus