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GUNAIKEIA
VOL 16 N°7
2011
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Dans une revue récente de la littérature (2), ces résultats
sont confirmés et il apparaît que le risque de développer
un cancer du sein diminue de 6% chaque fois que l'on
ajoute 1h d'activité sportive par semaine.
Mais l'intérêt de l'activité physique ne se limite pas seu-
lement à la prévention primaire, il concerne également la
diminution du risque et du nombre de récidives de cancer.
Neuf études prospectives qui regroupent plus ou moins
18.500 patientes confirment l'association entre l'augmen-
tation du risque de cancer du sein et l'augmentation du
poids tout au long de la vie (1, 3-5). Le contrôle pondéral
tout au long de l'existence constitue également un élé-
ment de prévention important et de diminution de risque
de récidive chez les femmes atteintes d'un cancer du sein.
Modification alimentaire: régime
pauvre en graisses et majoration de la
consommation de fruits et légumes
L'étude WHI (
Women's Health Initiative) (6, 7) montre
qu'un régime pauvre en graisses peut diminuer le risque
relatif de cancer du sein approximativement de 9%, mais
cette estimation n'est pas statistiquement significative.
D'autres études (5) montrent qu'une diminution de la
consommation de graisses associée à une augmentation
de la consommation de fibres entraîne une diminution
de risque de cancer du sein qui majoritairement n'est pas
statistiquement significative.
Des résultats similaires sont observés en ce qui concerne
l'augmentation de consommation de fruits et légumes
(8-10). Il n'y a pas de modification statistiquement signifi-
cative du risque de cancer du sein lorsque l'on augmente
la consommation de fruits et légumes.
En ce qui concerne l'
alcool, si son rôle causal dans les can-
cers de la cavité buccale, du pharynx, du larynx, de l'oeso-
phage et du foie est bien connu depuis de nombreuses
années, la relation entre alcool et cancer du sein a été mise
en évidence plus récemment. Ainsi, la méta-analyse de Key
(méta-analyse portant sur des études observationnelles)
(11) montre que les femmes ménopausées qui boivent de
l'alcool ont un risque relatif majoré de 22% de développer
un cancer du sein par rapport à celles qui n'en boivent
pas. Toute consommation additionnelle de 10g d'étha-
nol (approximativement une boisson) est associée à une
augmentation relative de risque de 10% (12, 13).
Selon le CIRC (Centre International de Recherche sur le
Cancer) et l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé),
l'analyse de différentes études a montré qu'une consom-
mation quotidienne de 50g d'alcool (5 verres de vin, 5
cannettes de bière ou 15cl d'alcool fort) est associé à un
risque relatif d'environ 1,5, soit une majoration de 50% de
risque pour une femme de contracter un cancer du sein.
Même une consommation faible mais régulière augmente
ce risque d'approximativement 7%. Ces données sont
confirmées dans la méta-analyse de Key.
L'association claire et nette entre un risque accru de cancer
du sein et des niveaux de consommation d'alcool même
faibles est une source de préoccupation importante, no-
tamment vu l'évolution des habitudes de consommation
d'alcool chez les femmes dans de nombreux pays. Les ac-
tions de santé publique contre la consommation d'alcool
doivent être renforcées.
En ce qui concerne les interventions non pharmacolo-
giques, il est maintenant clairement prouvé qu'en limitant
la consommation alcool, en maintenant un poids opti-
mal et en pratiquant une activité physique régulière, les
femmes peuvent faire la différence et réduire le risque de
développer un jour un cancer du sein.
Prévention non endocrinienne et
utilisation d'agents pharmacologiques
La WHI (14), qui est une étude observationnelle, a enrôlé
151.592 patientes. Parmi celles-ci, 2.216 ont utilisé des
biphosphonates. Pour 90% d'entre elles, il s'agit de l'alen-
dronate et pour 10% de l'etidronate. Chlebowski constate
que les patientes qui ont initialement une densité miné-
rale faible ont un risque plus faible de développer un can-
cer du sein. En règle générale, les patientes chez qui on
diagnostique une densité minérale faible vont utiliser des
biphosphonates.
Une autre étude israélienne (15) confirme les résultats de
la WHI. Après un an d'utilisation, on observe une diminu-
tion du risque relatif de cancer du sein pour les patientes
qui utilisent des biphosphonates. En fait, on note une
réduction du nombre de cancers infiltrants, de cancers
de mauvais pronostic. Le mécanisme d'action des biphos-
phonates dans la prévention du développement du can-
cer du sein est complexe. On sait que les biphosphonates
inhibent la résorption osseuse médiée par les ostéoclastes.
Par cette action, ils diminuent le relargage du calcium et
d'autres minéraux dans le flux sanguin. Dans un grand
nombre de processus de croissance cellulaire impliqués
dans le développement des cancers, la biosynthèse des
isoprénoïdes est requise. Ces molécules sont inhibées par
les biphosphonates et c'est en partie par ce processus que
l'on explique leur activité anti-cancéreuse.
En conclusion, qu'il s'agisse de l'étude WHI ou de l'étude
israélienne (14, 15), la consommation de biphosphonates
est associée à une diminution de l'incidence du cancer du
sein et au développement de cancers de meilleur pronos-
tic. Néanmoins, toutes les questions ne sont pas résolues,
notamment quelle est la durée optimale du traitement
par biphosphonates pour en retirer le maximum de béné-
fices et le minimum d'effets secondaires? A quel moment
faut-il débuter le traitement par biphosphonates? Et quel
biphosphonate se révèle le plus efficace dans la prévention
du cancer du sein?