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GUNAIKEIA
VOL 16 N°7
2011
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C'est ainsi que l'homme est devenu un «singe nu», n'ayant
plus guère de poils dignes de ce nom que sur la face et le
crâne, la poitrine, l'abdomen et les membres ­ ainsi que
dans les régions axillaire et pubienne.
La
pilosité corporelle est un terme général utilisé pour
désigner ­ par opposition d'une part avec les cheveux,
d'autre part avec le duvet, plus discret ­ les poils termi-
naux dont le corps humain se dote à la puberté, et qui
continuent à se développer pendant une période indéter-
minée. Chez l'être humain, poils et duvet sont présents
partout sur l'épiderme, à l'exception des paumes et de la
plante des pieds, exemptes de follicules pileux (
Figure 2).
Chaque follicule pileux est pourvu d'une ou plusieurs
glandes séborrhéiques qui produisent le sébum, une subs-
tance huileuse qui sert à lubrifier le poil; c'est pour cette
raison qu'une pilosité excessive est associée à une peau
grasse.
Les follicules pileux possèdent également chacun un
muscle spécifique, dit muscle arrecteur, qui permet aux
poils de se dresser sous l'effet du froid ou du stress.
Shakespeare illustre particulièrement bien ce phénomène,
lorsqu'il fait dire au fantôme du père de Hamlet:
I could a tale unfold whose lightest word
would harrow up thy soul;
and each particular hair to stand on end.
La pilosité présente aussi des spécificités raciales: chez les
peuples mongoloïdes (Chinois, Japonais, Coréens, Amérin-
diens, Inuits), les cheveux sont sombres, raides et rêches;
chez les peuples négroïdes, ils sont bouclés ou laineux;
chez les blancs caucasiens, ils peuvent être ondulés, bou-
clés ou raides.
Quant à la pilosité faciale et corporelle, elle est moins
développée chez les peuples mongoloïdes, négroïdes et
amérindiens, mais on observe également des différences
ethniques entre sujets caucasiens; les peuples méditerra-
néens sont ainsi plus poilus que les Scandinaves.
La présence ou l'absence de pilosité corporelle a toujours
provoqué chez l'homme un intérêt mêlé d'une sorte de
fascination.
La Bible, déjà, mentionne que Rebecca, femme d'Isaac, donne
naissance à des jumeaux, dont l'un, Esaü, a le corps et les
bras recouverts d'une abondante toison: «
Le premier sortit
entièrement roux, comme couvert d'un manteau de poils». Et,
plus loin: «Jacob
répondit à sa mère: Voici, Esaü, mon frère,
est velu, et je n'ai point de poil» (Genèse 25:25 et 27:11).
Aristote, quant à lui, s'émerveillait que les eunuques, im-
berbes, n'en aient pas moins des cheveux.
Les femmes à barbe furent de tout temps un objet de
curiosité, parfois de vénération, mais aussi de moquerie.
Les récits et légendes du temps jadis en font des êtres
contre nature. Shakespeare reprend lui aussi ce motif dans
Macbeth, lorsqu'il décrit les trois sorcières:
You should be women and yet
your beards forbid me
to interpret that you are so.
Figure 3: Statuette d'une femme à barbe découverte à
Athiénau (Chypre).
Extrait de: Les Velus, contribution à l'étude des variations par excès du système pileux de
l'homme, par A.F. Double et François Houssay, Vigot Frères, Paris, 1912.
Figure 4: La pharaonne Hatchepsout (XVIII
e
dynastie) est
souvent représentée avec une (fausse) barbe.