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GUNAIKEIA
VOL 16 N°7
2011
211
Patrick Emonts
G1447F_20
1
1
Césarienne peri-mortem
Patrick Emonts
1
, Philippe Boxho
2
1.
Département de Gynécologie-Obstétrique, CHU de Liège, ULg
2.
Département de Médecine légale, CHU de Liège, ULg
K
eywords
:
perimortem
caesarean
section
­
cardiac
arrest
­
cardiopulmonary
resuscitation
­
neonatal
survival
Introduction
La césarienne peri-mortem est une césarienne pratiquée
chez une gestante en arrêt cardio-respiratoire ou en cours
de réanimation cardio-respiratoire intensive (1).
Des arrêts cardio-respiratoires sont rencontrés en cours
de grossesse dans environ une grossesse sur 30.000 (2). La
césarienne peri-mortem a pour double objectif de sauver
l'enfant, mais également la future mère. Il s'agit d'un geste
rare, qui de plus est souvent réalisé en dehors des unités
obstétricales et par des opérateurs non obstétriciens loin
de conditions optimales d'intervention (3).
Il n'existe à ce jour aucune directive tant nationale qu'in-
ternationale sur cette pratique.
Toutefois, l'évolution des techniques de réanimation tant
maternelles que foetales donne à la césarienne peri-mor-
tem une place grandissante en raison de l'augmentation
réelle des chances de survie de la future mère et du foetus.
Incidence de la césarienne peri-mortem
L'incidence exacte de la césarienne peri-mortem est diffi-
cile à évaluer. Dans son rapport triennal, le CEMACH (
Confi-
dential Enquiry into Maternal and Child Health - Londres)
montre un doublement du nombre de césariennes peri-
mortem entre les périodes 2000-2002 et 2003-2005 (1).
Sur 2.113.831 grossesses, ce rapport décrit 49 césariennes
peri-mortem, soit 52 nouveau-nés, dont 28 vivants et 24
prématurés. Ce rapport ne donne toutefois pas le devenir
des enfants nés vivants, ni la survie de la maman, les césa-
riennes peri-mortem et post-mortem étant comptabilisées
ensemble.
Intérêt de la césarienne peri-mortem
Pour la mère
Les changements cardiovasculaires et respiratoires induits
par la grossesse influencent les efforts de réanimation
maternelle (4).
Une série de modifications physiologiques de la grossesse
dès le début de la 20
e
semaine pénalise l'efficacité de la
réanimation: l'augmentation du volume sanguin avec
anémie physiologique diminuant la capacité de fixation de
l'oxygène, la réduction de la capacité respiratoire résiduelle
de près de 20% par la compression pulmonaire, l'augmen-
tation de la consommation d'oxygène de près de 20% par
les demandes du compartiment foetal, la diminution du
retour veineux par la compression utérine aorto-cave avec
effet sur le débit cardiaque, tous ces facteurs pouvant très
rapidement affecter la saturation en oxygène dès qu'une
hypoventilation alvéolaire survient.
En d'autres termes, la seule présence d'une grossesse de
plus de 20 semaines peut compromettre grandement les
manoeuvres habituelles de réanimation maternelle et la
césarienne peri-mortem peut être considérée comme une
technique active de réanimation indépendamment de la
survie du foetus (4).
Selon Katz
et al (5), si après 4 minutes de réanimation ma-
ternelle intensive, aucun signe de survie n'est noté, la césa-
rienne peri-mortem doit être envisagée en tant que mesure
de sauvetage, la vidange de l'utérus permettant d'augmen-
ter le débit cardiaque, de décompresser les gros vaisseaux
abdominaux, d'améliorer l'efficacité pulmonaire, toutes ces
actions accroissant les chances de survie maternelle.
La césarienne peri-mortem garde toute sa place dans l'obstétrique moderne, tant pour le sauvetage foetal que pour la
réanimation maternelle.
Mais bien peu d'obstétriciens sont préparés à une telle situation.