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GUNAIKEIA
VOL 16 N°7
2011
205
Martine Berlière
G1438F_20
1
1
Prévention non hormonale du
cancer du sein
Martine Berlière, Pascaline Hayois, Filomena Mazzeo, François Duhoux, Jean-Pascal Machiels,
Jean-François Baurain
Clinique du Sein / Centre du Cancer, Clin Univ St-Luc, UCL, Bruxelles
K
eywords
:
changes
in
life
-
style
­
alcohol
consumption
­
physical
activity
­
weight
control
­
biphosphonates
­
metformine
­
vitamin
d
Introduction
Le cancer du sein est de loin le cancer le plus fréquent
chez la femme. Un cancer sur 4 est un cancer du sein. Une
femme sur 9 à une femme sur 8 risque d'être atteinte d'un
cancer du sein à un moment de sa vie. Le risque d'être
touchée par ce cancer augmente avec l'âge.
Différents facteurs ont été mis en évidence dans la ge-
nèse de la maladie. Il existe bien sûr des facteurs géné-
tiques, des facteurs endocriniens endogènes, des fac-
teurs endocriniens exogènes (comme l'utilisation des
traitements hormonaux de substitution) et des facteurs
environnementaux (comme des facteurs alimentaires,
la consommation d'alcool, la sédentarité et l'obésité).
La prévention non hormonale du cancer du sein est un
domaine complexe et il est important de garder à l'esprit
que des liens étroits existent entre la prévention non hor-
monale et la prévention hormonale.
Parmi les facteurs non endocriniens, on regroupe l'acti-
vité physique et le régime alimentaire (avec notamment
une diminution de la consommation d'acides gras et de
la consommation d'alcool et une majoration de l'apport
de fruits et de légumes, et de l'activité physique). Sous
le vocable d'intervention pharmacologique, on inclut
essentiellement l'utilisation des biphosphonates, l'utilisa-
tion de la vitamine D et la metformine.
Interventions non pharmacologiques
Modification du style de vie et activité
physique
De nombreux travaux (1, 2) ont montré une diminution de
20 à 70% de risque de développer un cancer du sein chez
les femmes qui ont une activité physique régulière tout au
long de leur vie. L'analyse de la littérature montre qu'au
moins 3 à 4h d'activité par semaine d'intensité modérée à
élevée seraient nécessaires pour produire une diminution
statistiquement significative du risque de cancer du sein.
L'activité physique regroupe le sport proprement dit, mais
également les activités domestiques. C'est ainsi que dans
l'étude EPIC (
European Prospective Investigation Into Can-
cer and Nutrition Study) (1), le risque de cancer du sein est
diminué chez les femmes situées dans la quartile d'activité
domestique le plus élevé versus celles qui étaient dans le
quartile le plus faible (-19% chez les femmes ménopau-
sées et -29% chez les femmes non ménopausées).
La prévention non hormonale du cancer du sein est un domaine complexe qui regroupe:
- des interventions non pharmacologiques (modifications de l'alimentation, augmentation de l'activité physique,
diminution de la consommation d'alcool et contrôle du poids);
- des interventions pharmacologiques (utilisation des biphosphonates, de la vitamine D et de la metformine);
- des interventions chirurgicales (mastectomie prophylactique bilatérale et annexectomie) pour les femmes porteuses de
mutation BRCA1 et 2. Ce type de prévention n'est pas discuté dans cet article.
Les femmes doivent prendre conscience qu'une alimentation équilibrée responsable d'un contrôle pondéral, une augmentation
de l'activité physique et une réduction de la consommation d'alcool leur permettent de réduire de manière significative leur
risque de développer un cancer du sein.
En ce qui concerne les interventions pharmacologiques, l'apport des biphosphonates semble efficace. Les études prospectives
de supplémentation en vitamine D ne sont pas concordantes à l'heure actuelle.
Le mécanisme d'action et les premiers résultats des études avec la metformine semblent très promettreurs.