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l
Neurone
·
Vol 17
·
N°2
·
2012
diarrhée, nausées, élévation des tests
hépatiques et un amincissement des
cheveux. D'autres données seront cer-
tainement nécessaires pour préciser le
profil de sécurité de la molécule dans
cette indication. Effectivement, sous le-
flunomide, des cas de décès sur insuffi-
sance hépatique (21) et un cas de LEMP
chez un patient atteint de lupus érythé-
mateux systémique (22) ont été décrits.
En outre, les effets tératogènes du leflu-
nomide (23) engagent également à la
prudence et à la vigilance quant à
l'usage du teriflunomide à grande
échelle dans une population de pa-
tientes SEP en âge de procréer.
Le laquinimod
Le laquinimod est un dérivé du lino-
mide, qui a été étudié il y a quelques
années comme traitement potentiel de la
SEP (24, 25). Le développement du lino-
mide a ensuite été arrêté en raison d'ef-
fets secondaires trop importants. Le la-
quinimod, lui, semble nettement mieux
toléré. D'un point de vue immunolo-
gique, il induit un shift de profil Th1 (pro-
inflammatoire) vers Th2/3 (anti-inflam-
matoire) et réduit les réponses de type
Th17 également pro-inflammatoires (26-
29). Les résultats préliminaires de l'étude
de phase III contre placebo ALLEGRO
sont moins spectaculaires mais néan-
moins significatifs. En particulier, notons
une intéressante réduction de 36% de la
probabilité de progression du handicap
confirmée à 3 mois (Tableau 1), ce qui
reste probablement l'objectif premier
des traitements de la SEP. Les effets se-
condaires sont peu spécifiques, incluant
notamment des dorsalgies, des troubles
gastro-intestinaux et des élévations tran-
sitoires, asymptomatiques et réversibles
des tests hépatiques (Th = T helper cells).
L'alemtuzumab
L'alemtuzumab (ATZ), ou CAMPATH-
1H, est un anticorps monoclonal huma-
nisé qui cible le CD52, une molécule de
surface exprimée principalement par les
lymphocytes T et B (30). Il s'agit donc
d'un très puissant dépléteur lymphocy-
taire (31), la déplétion des T CD4 et CD8
pouvant durer jusqu'à 16 mois post-in-
jection. La molécule est approuvée en
Europe depuis 2001 comme traitement
des leucémies lymphoïdes chroniques
de type B. Dans l'étude de phase III
CARE-MS I, dont les résultats ont été ré-
cemment rapportés à l'ECTRIMS en
2011 (32), 581 patients ont été randomi-
sés pour recevoir soit ATZ (n = 376), soit
IFN--1a SC (Rebif
®
) (n = 187). Il s'agis-
sait de patients présentant une SEP RR
naïfs de tout traitement préalable. Le
taux annualisé de poussées sous ATZ
12mg IV y est de 0,18 contre 0,39 sous
IFN (p < 0,0001). Ceci correspond à une
réduction de 55% en faveur de l'ATZ
contre comparateur actif. En revanche,
après deux ans d'étude, la différence en
termes de progression du handicap n'est
pas significative entre les deux traite-
ments, avec 8% des patients présentant
une progression confirmée du handicap
à 6 mois sous IFN contre 11% sous ATZ
(p = 0,22). Les objectifs radiologiques
restaient cependant, pour la plupart, plu-
tôt favorables au traitement par ATZ. On
note également plus d'effets secondaires
infectieux sous ATZ avec, cela dit, moins
d'interruptions de traitement dues à des
effets secondaires et moins de sorties
définitives de l'étude sous ATZ que sous
IFN. Sous ATZ, on note également une
fréquence accrue de pathologies thyroï-
diennes auto-immunes (18% ATZ contre
6% IFN), ainsi que des cas de purpura
thrombocytopénique auto-immun. Les
résultats de cette étude de phase III sont
en ligne, quoiqu'en un peu moins spec-
taculaire, avec ceux qui avaient été obte-
nus au cours de l'étude de phase II (33,
34).
Le daclizumab
Le daclizumab (DAC) est un anticorps
monoclonal humanisé de type IgG1 diri-
gé contre la sous-unité alpha du récep-
teur à l'interleukine-2 (IL-2), le CD25. Il
s'agit d'un traitement qui s'administre
par voie sous-cutanée toutes les 4 se-
maines. Il est approuvé depuis de nom-
breuses années comme traitement im-
munomodulateur pour la prévention du
rejet aigu de greffe sous le nom de Zena-
pax
®
. Il a été récemment retiré du mar-
ché pour des raisons supposées straté-
giques ou économiques, du moins non
liées à la sécurité ni aux caractéristiques
du produit (35).
Le DAC empêche la formation, à partir
de ses 3 sous-unités , et , du récep-
teur à l'IL-2 de haute affinité, réduisant
de ce fait l'activation des cellules T. Les
cellules qui expriment les sous-unités
et restent néanmoins capables d'activer
la signalisation IL-2 via un récepteur
d'affinité intermédiaire. Une part de l'IL-
2 n'est donc pas consommée et cette
L'alemtuzumab est un anticorps monoclonal qui cible le CD52,
une molécule de surface exprimée principalement par les
lymphocytes T et B: il s'agit donc d'un très puissant dépléteur
lymphocytaire.
Le daclizumab (DAC) est un
anticorps monoclonal
humanisé de type IgG1 dirigé
contre la sous-unité alpha du
récepteur à l'interleukine-2.