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l
Neurone
·
Vol 17
·
N°2
·
2012
l
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mutation
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Des chercheurs américains placés sous la direction de Roos Rademakers ont
découvert une mutation génétique qui est la principale cause de la forme
héréditaire de sclérose latérale amyotrophique (SLA) et de démence fronto-
temporale (DFT). Une courte séquence d'ADN, en l'occurrence GGGGCC,
située sur le gène C9ORF72, est répétée 700 à 1000 fois, respectivement chez
près de 12% et plus de 20% des patients présentant une forme familiale de DFT
et de SLA. Neuron a eu un entretien avec Roos Rademakers, professeur de
génétique, directrice d'un laboratoire de recherche à la célèbre Mayo Clinic, en
Floride.
Ce type de mutation se rencontre-t-il régulièrement?
Roos Rademakers: «Ces dernières années, on a trouvé une mutation de répétition
pour un certain nombre d'autres maladies. Initialement, il s'agissait uniquement
d'anomalies au niveau de la région codante, comme dans la maladie de Huntington.
Toutefois, on a également identifié une huitaine d'affections provoquées par des
extensions de ce type de répétitions dans des régions non codantes. Comme exemples,
citons la dystrophie myotonique et certaines formes d'ataxie spinale cervicale. Il va
de soi que, lorsque la modification touche une région non codante, le mécanisme
pathologique est tout différent.»
Quelle est l'importance de cette extension de
répétition par rapport à d'autres facteurs de
risque génétique déjà connus pour les formes
familiales et non héréditaires de SLA et de
DFT?
Roos Rademakers: «Dans le cas de la sclérose latérale amyo-
trophique (SLA), on admet que 5-10% des patients présen-
tent une hérédité familiale. Dans le cas de la démence fron-
to-temporale (DFT), 40-50% des patients auraient des anté-
cédents familiaux. La composante génétique est probable-
ment beaucoup plus importante en cas de DFT que de SLA.
Jusqu'à présent, en ce qui concerne la SLA, on connaissait
trois anomalies géniques, responsables de 20-25% de toutes
les causes de la forme familiale. Le facteur le plus connu, et le plus important, est une
anomalie génétique au niveau du chromosome 21, dans le gène codant pour la super-
oxyde dismutase cuivre/zinc (SOD1). Selon la plupart des sources, 15-20% des
formes familiales de SLA, ainsi qu'une petite fraction de la forme sporadique lors de
laquelle les antécédents familiaux sont négatifs, sont provoqués par des mutations au
niveau du gène SOD1. Plus récemment, deux autres anomalies géniques encore plus
D'après un entretien avec
Roos Rademakers
N1717F_2011
Keywords:
frontotemporal dementia ­
amyotrophic lateral sclerosis ­
genetic risk factor ­ DNA - RNA
- mutation
Roos Rademakers
est
biochimiste de formation.
Elle a obtenu son doctorat
à l'université d'Anvers.
Actuellement, en tant
que professeur de
neurogénétique, elle
dirige son propre
groupe de recherche à
la Mayo Clinic en
Floride (États-Unis).