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EDITO
Neurone
Mensuel - 10x par an
(éditions spéciales incluses)
Neurone
est une publication
réservée aux neurologues,
psychiatres, neurochirurgiens
et spécialistes de la douleur
Tirage: 3.400 exemplaires
Rédacteurs
Jean-Emile Vanderheyden
Alex Van Nieuwenhove
neurone@rmnet.be
Rédacteur-adjoint
Pierre-Emmanuel Dumortier
Production
Laura Marlot
Coordination
Liesbeth Mortier
Sales Manager
Catherine Motte
sales@rmnet.be
Publicité
Cornélie Labouchere
Medical Director
Dominique-Jean Bouilliez
Editeur Responsable
Docteur V Leclercq
Abonnement annuel
abonnement@rmnet.be
120
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traduction, même partiellement.
Paraît également en néerlandais.
L'éditeur ne pourra être tenu
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En raison de l'évolution rapide de
la science médicale, l'éditeur
recommande une vérification
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thérapeutiques recommandées.
Copyright
Reflexion Medical Network
Avenue des Fougères 6
1950 Kraainem
02/785.07.20
3
l
Neurone
·
Vol 17
·
N°2
·
2012
N1768F
S
oinS
pharmaceutiqueS
:
applicationS
récenteS
en
neurologie
et
pSychiatrie
Au cours des dernières décennies, le rôle du pharmacien a évolué en passant de préparateur et
dispensateur de médicaments à celui de prestataire de services, d'informations et de conseiller
en santé. In fine, le pharmacien doit s'impliquer dans une prise en charge globale de tous les
besoins liés à la médication, autrement appelée: les soins pharmaceutiques, définis légalement
depuis 2006. L'objectif vise à améliorer la prévention et les traitements tant au point de vue de
la qualité, de la sécurité, de l'efficacité que de l'observance, dans le but d'instaurer une
utilisation rationnelle des médicaments et de rendre les traitements plus sûrs et plus efficaces.
Le rôle du pharmacien ne se limite plus à la délivrance de médicaments conformes: il doit
s'assurer que le patient a bien compris les objectifs du traitement et le mode d'utilisation des
médicaments, qu'il ne subit pas d'effets indésirables, que le résultat thérapeutique escompté est
bien obtenu. Cette évolution se traduit par un changement de paradigme; le pharmacien passe
de la connaissance du produit à la connaissance du traitement, du suivi passif de l'observance
au suivi actif de l'observance, de l'analyse de la conformité du produit à l'analyse de la
conformité du traitement (1).
La mise en place des soins pharmaceutiques vise, entre autres, à diminuer les admissions
iatrogènes en milieu hospitalier et à améliorer l'observance thérapeutique. En effet, les études
concordent sur le fait que 5 à 20% des hospitalisations sont iatrogènes. 38% sont sérieuses ou
potentiellement fatales et 50% des admissions iatrogènes en milieu hospitalier pourraient être
évitées par une meilleure prise en charge au niveau du médicament (3). D'autre part,
l'observance thérapeutique constitue un défi majeur dans le domaine des soins de santé. Elle
est généralement surestimée par le patient et vraisemblablement aussi par le médecin et le
pharmacien. Elle est en moyenne inférieure à 50%, surtout problématique dans le cadre des
maladies chroniques et principalement dans les pathologies «sourdes» (HTA, diabète...) et en
psychiatrie. Le patient attend souvent un effet immédiat du médicament, ce qui n'est pas
toujours le cas (cf. antidépresseurs). Cependant les effets indésirables se manifestent souvent
rapidement et le patient a tendance à arrêter prématurément son traitement. En gériatrie,
patients souvent «polymédiqués», la non-observance est multifactorielle.
Grâce aux programmes informatiques de gestion officinale, chaque pharmacien dispose d'un
historique des médicaments prescrits et non soumis à prescription. Cet historique, actualisé lors
de chaque dispensation, est un outil indispensable pour détecter les interactions, l'observance
thérapeutique, les doubles prescriptions de médicaments (shopping médical). Dans le courant
de l'année 2012, le Dossier Pharmaceutique Partagé (DPP) devra permettre à chaque pharmacien
belge de consulter toute la médication délivrée pour un patient. Ce partage de données entre
pharmaciens permettra d'éviter les risques d'interactions médicamenteuses et les redondances
de traitement.
Par ailleurs, le développement de la concertation médico-pharmaceutique et la complémentarité
entre les deux professions doit assurer une prise en charge optimale du patient pour des soins
de qualité (3). Plusieurs expériences pilote, dont les campagnes fédérales «anxiété, stress et
troubles du sommeil» (utilisation rationnelle des benzodiazépines) et «la cessation tabagique»
ont démontré les apports positifs de cette collaboration: organisation de tables rondes avec
médecins et pharmaciens pour définir une stratégie commune et complémentaire dans la prise
en charge de ces patients, aboutissant à la publication de deux fascicules: «anxiété, stress et
troubles du sommeil: communication à l'officine» et «arrêter de fumer: conseils et
accompagnement en officine» .
Marcel Libert, Pharmacien
Président de la Société Scientifique des Pharmaciens Francophones (SSPF)
Références
1.
Guide des Bonnes Pratiques Pharmaceutiques Officinales annexé AR portant instructions pour les pharmaciens (AR 2009-01-21;guide
BPO_ tem 291-373).
2.
Saint Germain F. Iatrogenèse ­ Effets indésirables médicamenteux: à la recherche de l'évitable. Revue Prescrire 2004;24(248):225-227.
3.
Belon JP. Conseils à l'officine: guide du suivi pharmaceutique. Eds Masson 2006, Paris.