avant l'apparition de symptômes. Ceci est extrêmement important en vue de l'étude des tout premiers stades de la maladie. Des modifications précoces (parfois minimes) du tableau clinique et de l'imagerie peuvent en l'occurrence constituer une première indication qu'une certaine personne va développer la maladie, ce que l'on pourra égale- ment utiliser par la suite chez les per- sonnes non porteuses de la mutation. Simultanément, cela constitue la pre- mière étape importante d'une longue quête d'un médicament pour ces deux affections. Nous savons à présent que la cause réside dans une longue répétition dans une région non codante du génome et nous avons également pu démontrer que ces patients présentent des accumu- lations d'ARN messager, appelées agré- gats d'ARN. En cas de répétition limitée, comme chez les personnes en bonne santé, cet ARN est tout simplement dé- truit. Cependant, en cas de très longues répétitions, l'ARN va s'accumuler dans le noyau cellulaire. Il en va de même pour d'autres répétitions non codantes, qui surviennent par exemple en cas de dystrophie myotonique, pour lesquelles on a démontré que les protéines liant l'ARN vont se fixer à ces amas d'ARN et ne pourront plus exercer leur fonction normale. Le plus souvent, il s'agit de protéines exerçant une fonction régula- trice vis-à-vis des molécules d'ARN. Selon l'hypothèse formulée, ceci entraîne une désorganisation complète et une dérégulation de l'ARN dans la cellule. En fonction de la séquence de la répé- tition, GGGGCC pour la mutation de ré- pétition que nous avons trouvée, d'autres protéines pourront se fixer. Pour le mo- ment, nous ne savons pas encore quelles protéines sont précisément impliquées en cas de SLA et de DFT. Dans d'autres affections, les séquences de répétition sont précisément différentes, et d'autres protéines se fixeront. Toutefois, ces autres processus pathologiques peuvent complémentaires devront également se focaliser sur ce point. Quelles protéines liant l'ARN vont se fixer? Quelles molé- cules d'ARN sont fautivement scindées et n'aboutissent donc pas au bon en- droit? Pour quelles molécules d'ARN se produit-il une sur- ou une sous-expres- sion? On envisage la fabrication de petits oligonucléotides qui pourraient éven- tuellement neutraliser l'ARN, afin qu'il ne se forme plus d'agrégats.» de continuer à travailler sur la SLA et la DFT? nement l'intention de consacrer une par- tie de nos travaux de recherche à ce gène et de regarder plus spécifiquement quelles molécules d'ARN sont modi- fiées. Pour cela, nous utilisons une tech- nique de séquençage d'ARN compa- rable à la Next generation sequencing technology (NGST). En une fois, on dé- termine non seulement la séquence, mais aussi le niveau d'expression de sonne. Nous avons d'une part sélection- né des patients souffrant de DFT, por- teurs de la mutation, et d'autre part des patients atteints de DFT, ne possédant pas cette mutation. Nous comparons le schéma, l'expression et le type d'ARN provenant du cortex frontal des deux groupes. Nous espérons de la sorte trou- ver une première indication au sujet du type de molécules d'ARN qui jouent pré- cisément un rôle dans la physiopatholo- gie de l'affection. Nous souhaitons éga- lement étudier davantage pourquoi cer- tains patients développent la maladie à un âge relativement jeune, et d'autres seulement à un âge avancé. D'autres fac- teurs génétiques jouent-ils un rôle ici, ou la longueur de la répétition a-t-elle un rôle déterminant? Dans certaines affec- tions, la longueur de la répétition est liée à l'âge de début de la maladie. Le phé- nomène par lequel la maladie survient de plus en plus tôt à chaque génération successive, car la répétition ne cesse de s'allonger, est appelé anticipation. Nous quel rôle cette mutation joue dans d'autres maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson. Ces patients possèdent-ils éventuellement une mutation semblable avec une sorte de longueur intermédiaire de 50 à 100 répétitions? Enfin, nous continuons également à rechercher d'autres gènes responsables. Il existe en effet toujours des familles touchées par la SLA ou la DFT, dans lesquelles la ma- ladie ne peut être expliquée par les ano- malies géniques connues.» codante du génome. |