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l
Neurone
·
Vol 17
·
N°2
·
2012
capteurs EEG (Figure 1). On a ainsi mis
en évidence que les rythmes musicaux
induisaient un phénomène de résonance
dans les réseaux de neurones répondant
au son, mais aussi aux rythmes binaires
ou ternaires imaginés par les partici-
pants. Des réseaux de neurones ont donc
la capacité d'entrer en résonance et de
se synchroniser au tempo de la musique.
Ces recherches très intéressantes se font
actuellement en collaboration avec
l'Université de Leipzig où le Pr Kotz
dirige un groupe de recherches intitulé
«ganglions de la base et musique».
Quel impact pratique
pourraient avoir ces
recherches?
D'abord, elles peuvent nous amener à
comprendre les mécanismes d'action sur
notre cerveau et nos comportements, des
sons et de la musique à travers leur rythme
et leur mélodie. Dès lors, on peut aussi en-
visager de faire des comparaisons entre les
rythmes musicaux et déterminer quelles
sont les meilleures musiques (comme les
marches militaires par exemple...) pour
entraîner, rééduquer la marche d'un pa-
tient parkinsonien par exemple, surtout
lorsqu'il est atteint de freezing. Des con-
seils spécifiques pourraient être donnés
dans les centres de rééducation.
On peut aussi envisager de mieux com-
prendre le `groove' musical (en rapport
avec les divers rythmes des musiques
contemporaines) qui amène les danseurs
à s'éclater sur les pistes de danse. `To be
into the groove' veut dire littéralement
`être dans le sillon du disque' et `to
groove'
signifie s'éclater! Le concept de
`groove' marque une compréhension du
flot et de la texture rythmique: une sen-
sation créée par la répétition de trames
rythmiques dans laquelle des variations
peuvent avoir lieu (5). Le groove, chez
les musiciens, donne un état «magique»
dit de grâce ou encore envoûtant, de la
musique où celle-ci «décolle» rythmi-
quement: on peut le rapprocher du
swing en jazz, du duende en flamenco,
du tarab en musique arabe...
Enfin par extension, on pourrait, à
l'avenir, approcher l'effet sur le cerveau
d'autres musiques comme les chansons
religieuses, la musique sacrée... mais
aussi des spots publicitaires, ou encore
du rythme de la parole dans des discours
ou entretiens d'ordre politique, éducatif,
thérapeutique, relaxant... voire sé-
ducteur! Pourquoi certaines mélodies
nous parlent-elles plus que d'autres,
comme les berceuses, boléros, ritour-
nelles, sérénades, sonneries de clai-
ron...? Déjà, dans le monde de
l'entreprise, l'expression «avoir le neti-
zen groove» veut dire que l'on a une ges-
tion harmonieuse avec un client: pour
séduire le netizen, consommateur exi-
geant, il faut trouver le bon `groove'
familier et entraînant!
Tout un programme qui nous concerne
dans la vie de tous les jours!
Références
1.
Münte TF, Altenmüller E, Jäncke L. The musician's
brain as a model of neuroplasticity. Nature Reviews
Neuroscience 2002;3:473-8. Doi: 10.1038/nrn843
2.
Mouraux A, Iannetti GD, Colon E, et al. Nociceptive
steady-state evoked potentials elicited by rapid
periodic thermal stimulation of cutaneous
nociceptors. The Journal of Neuroscience
2011;31(16):6079-87.
3.
Nozaradan S, Peretz I, Mouraux A. Steady-state
evoked potentials as an index of multisensory
temporal binding. NeuroImage 2011, doi: 10.1016/j.
neuroimage.2011.11.065
4.
Nozaradan S, Peretz I, Missal M, et al. Tagging the
neuronal entrainment to beat and meter. The Journal
of Neuroscience 2011;31(28):10234-40.
5.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Groove
A l'Université de Leipzig, le
Pr Kotz dirige un groupe de
recherches intitulé «ganglions
de la base et musique».
Le `groove' musical amène les danseurs à s'éclater sur
les pistes de danse.