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l
Neurone
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Vol 17
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N°2
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2012
biteurs de l'IL 1 (Anakinra) (21) ou du
TNF- (Propentofyline) (22).
Postopératoire précoce
Cette prise en charge doit être continuée
en postopératoire, avec un traitement op-
timal de la douleur par une analgésie
multimodale. La douleur postopératoire
aiguë intense étant un facteur de risque
constant de développer des douleurs per-
sistantes, il est capital de détecter le plus
tôt possible les patients qui sont insuffi-
samment soulagés pour leur apporter des
traitements personnalisés. Par ailleurs,
l'évaluation de la surface des zones d'hy-
peralgésie (18, 26) et de la trajectoire de
l'intensité de la douleur (19) permet
d'identifier plus précocement les patients
à risque, qui doivent être suivis au delà de
la période postopératoire immédiate. Au
niveau médicamenteux, la gabapentine
et la prégabaline ont montré dans de
nombreuses études qu'elles pouvaient
améliorer la prise en charge de la douleur
postopératoire aiguë (23) et, peut-être,
réduire l'incidence des douleurs chro-
niques (24, 25).
Suivi postopératoire de la
douleur subaiguë
La période transitionnelle (jusqu'à deux
mois après l'intervention) entre la
douleur postopératoire aiguë et d'éven-
tuelles douleurs chroniques post-
chirurgicales reste mal connue. Nous ne
savons pas avec certitude s'il existe un
continuum entre douleur aiguë et chro-
nique ou si les deux phénomènes sont
séparés (27), mais il a été montré pour
certaines chirurgies que l'intensité de la
douleur à 1 mois était corrélée avec le
développement de douleurs chroniques
(6). Chez certains patients, l'intensité de
la douleur augmente dans le temps, en
particulier s'il y a une composante neu-
ropathique (par exemple après thoraco-
tomie ou cure de hernie inguinale). Dans
tous les cas, les douleurs résiduelles
peuvent interférer avec la réhabilitation
et peut-être entretenir les phénomènes
de sensibilisation. Une meilleure prise
en charge précoce des patients en souf-
frant pourrait accélérer leur récupération
et, peut-être, réduire le nombre d'entre
eux qui évolueront vers des douleurs
chroniques (3, 6).
Prise en charge
Une fois installées, les douleurs chro-
niques post-chirurgicales sont, comme
bon nombre de syndromes douloureux
chroniques, difficiles à traiter. Une
approche multidisciplinaire est indis-
pensable, associant anesthésistes, chirur-
giens, médecins physiques, kinésithéra-
peutes et psychologues. La mise au point
comme le traitement dépendront de la
présentation clinique. Après avoir exclu
une complication chirurgicale ou une
récidive de la pathologie initiale, le trai-
tement symptomatique est le même que
pour les autres syndromes douloureux
chroniques, c'est à dire une association
de médicaments, de techniques algolo-
giques invasives, de kinésithérapie et de
prise en charge psychologique.
Conclusion
La douleur chronique post-chirurgicale
touche et affecte la qualité de vie d'un
grand nombre de patients.
Ses mécanismes ne sont pas connus avec
certitude, mais sont sans doute liés à des
lésions nerveuses, un dysfonctionne-
ment des mécanismes endogènes de
contrôle de la douleur ou à un réaction
inflammatoire persistante ou inadaptée.
Cibler en préopératoire et en postopéra-
toire précoce les patients les plus à
risque de développer des douleurs per-
sistantes permettrait de mieux les prendre
en charge et peut-être d'éviter le passage
à la chronicité.
Réduire l'incidence de ces douleurs et
les traiter d'une manière optimale re-
quiert une collaboration multidiscipli-
naire. Une connaissance plus fine des
mécanismes responsables, en particulier
les interactions entre les systèmes ner-
veux et immunitaire, permettra de déve-
lopper des stratégies préventives et thé-
rapeutiques plus efficaces.
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