tial (10). il est maintenant bien démontré que les opioïdes induisent une hyperalgésie à plus long terme. Celle-ci partage certains mécanismes physiopathologiques avec l'hyperalgésie secondaire et il semblerait que la microglie contribue à son établis- sement (6, 11, 12). Le rôle de cette hyper- algésie dans la pathogénie des douleurs chroniques postopératoires n'est pas en- core bien établi. Les agents anesthé- siques halogénés, utilisés couramment en anesthésie, activent des canaux io- niques pro-nociceptifs périphériques (5). Là aussi, l'importance clinique de ce phénomène n'est pas certaine. développer des douleurs chroniques post-chirurgicales permettrait de mieux les prendre en charge dès le préopéra- toire. Plusieurs échelles (13) permettent de d'évaluer le risque de l'intensité de la douleur postopératoire immédiate, mais la survenue de douleurs postopératoires chroniques se révèle plus difficile à pré- dire. Cependant, plusieurs facteurs de risque ont été mis en évidence. Le plus frappant est l'intensité de la dou- leur postopératoire aiguë, sans que l'on puisse déterminer avec certitude si c'est cette intensité qui initie les processus menant à des douleurs chroniques ou si elle est seulement le témoin d'une vul- nérabilité plus importante du patient. Ce lien a été mis en évidence après plu- sieurs types de chirurgies (thoracotomie, chirurgie herniaire, césarienne, mam- mectomie) (12, 14). Plusieurs études ont également montré une corrélation entre la présence d'une douleur préopératoire au site chirurgical et la survenue de douleurs chroniques post-chirurgicales, par exemple après putation (13, 15, 16). De même, une corrélation a pu être mise en évidence entre les douleurs postopératoires chro- niques et certains syndromes doulou- reux chroniques comme la fibromyalgie, le syndrome temporo-mandibulaire ou la migraine (6, 14). Par contre, bien que de nombreuses pu- blications aient montré un lien entre l'intensité de la douleur aigue après chirurgie et certains facteurs psychoso- ciaux (par exemple la dépression, l'an- xiété ou la dramatisation), les études sont beaucoup plus équivoques en ce qui concerne les douleurs chroniques (7, 14, 17, 18). Certains polymorphismes génétiques sont associés à une sensibilité altérée à la douleur. A ce jour, le rôle éventuel de ces polymorphismes génétiques sur la genèse de douleurs chroniques n'est pas encore élucidé (3, 6). Par ailleurs, il semblerait que l'âge ait un certain effet protecteur sur le développe- ment de douleurs chroniques postopéra- toires, en tous cas après chirurgie her- niaire ou mammaire (14, 19). Les femmes ont l'air plus touchées que les hommes par ce phénomène (1, 10). Enfin, l'évaluation des systèmes endo- gènes du contrôle de la douleur pourrait avoir un grand intérêt. Des études ré- centes montrent que les patients ayant des systèmes inhibiteurs peu efficaces développent plus de douleurs chro- niques après thoracotomie ou chirurgie abdominale (6). nombre de patients souffrant de douleurs chroniques post-chirurgicales est de ré- duire le nombre d'interventions chirurgi- cales. Les indications doivent être bien posées et les patients devraient être mieux informés du risque de développer des interventions à visée esthétique. A titre d'exemple, l'incidence de douleurs persistantes après augmentation mam- maire est estimée entre 15 et 50% selon les études (6, 14). Si une intervention est nécessaire, choi- sir l'approche la moins invasive possible semble causer moins de douleurs chro- niques. Plusieurs études ont montré que les cures de hernie inguinale par lapa- roscopie étaient moins souvent suivies de douleurs chroniques que celles par voie ouverte. De même, on retrouve moins de douleurs résiduelles après une cholécystectomie rotomie (6, 14). Dans le futur, la préparation optimale des patients avant une intervention chirurgicale pourrait comporter une pré- paration psychologique pour réduire l'anxiété, de l'exercice physique pour réduire l'inflammation (20) ou un régime alimentaire particulier. En effet, certaines suppléments nutritionnels ont montré des effets antalgiques et anti-hyperalgé- siques dans des modèles animaux (15, 16). thésique est la réduction de la sensibili- sation périphérique et centrale par une anesthésie protective. Pour ce faire, il est nécessaire d'agir aux multiples niveaux impliqués dans la genèse des processus de sensibilisation, par exemple en appli- quant des stratégies d'épargne morphi- nique, en utilisant les techniques d'anes- thésie locorégionale et administrant des médicaments anti-hyperalgésiques comme la kétamine, le protoxyde d'azote, les AINS ou la clonidine (10). Dans le futur, il sera sans doute possible de moduler plus finement les processus physiopathologiques par des interven- tions sur l'activité gliale (par exemple la minocycline) (18) ou sur les médiateurs de l'inflammation (par exemple les inhi- |