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l
Neurone
·
Vol 17
·
N°2
·
2012
Pendant de longues années, les polymi-
crogyries ont été considérées comme
des anomalies du développement spora-
dique, unilatérales, et dont l'origine était
en rapport avec des accidents vascu-
laires anténataux. L'identification ré-
cente de formes bilatérales et familiales
a permis de repenser la classification de
ces dysgénésies corticales et de recher-
cher des bases génétiques. De façon
intéressante, ces polymicrogyries bilaté-
rales respectent des territoires assez
précis dans le cerveau et ont des limites
assez nettes et reproductibles.
Différents syndromes polymicrogyriques
ont pu être définis sur la base de l'asso-
ciation d'un tableau clinique et d'une
forme de polymicrogyrie bilatérale et
symétrique. On distingue les polymicro-
gyries bilatérales périsylviennes, formes
parasagittales pariéto-occipitales, les
formes bilatérales frontales et bilatérales
diffuses (Tableau).
Ainsi, les polymicrogyries périsylviennes
impliquent l'opercule frontal, temporal
et souvent le cortex pariétal adjacent, les
polymicrogyries bifrontales sont limitées
par le sillon central en arrière et la fissure
sylvienne en bas, et les polymicrogyries
parasagittales pariéto-occipitales s'étendent
du cortex occipital sous le sillon pariéto-
occipital (au-dessus de la marge du
cuneus) jusqu'à immédiatement en ar-
rière du precuneus et du lobule pariétal
supérieur.
Le tableau clinique varie en fonction de
l'étendue et de la topographie de la po-
lymicrogyrie, avec une atteinte neurolo-
gique d'autant plus sévère et précoce
que la polymicrogyrie est étendue. En
outre, il existe quelques spécificités du
tableau clinique en fonction du maxi-
mum de la polymicrogyrie:
Syndrome
Régions atteintes
Clinique
Aspect radiologique
Bases génétiques
Bifrontale
Encéphalopathie avec
tétraparésie spastique,
épilepsie (50% cas)
PMG symétrique des
pôles frontaux jusqu'au
gyrus précentral en
arrière et à l'opercule
frontal en bas
Cas sporadiques isolés
Rares familles
consanguines (2/13)
Fronto-pariétale
bilatérale
Encéphalopathie sévère
avec signes cérébelleux
et atteinte
oculomomotrice (60%)
PMG fronto-pariétale
diffuse avec un gradient
antéro-postérieur et
atrophie cérébelleuse
fréquente
Autosomale récessive
(GPR56)
Cas sporadiques isolés
Périsylvienne
bilatérale
Syndrome
pseudobulbaire avec
retard mental (30%) et
épilepsie (30%)
Périsylvienne bilatérale
Probablement
hétérogènes avec
aberrations
chromosomiques
(21q21.3-q22.1,
1p36.3)
Parasagittale
pariéto-
occipitale
bilatérale
Epilepsie partielle et
retard mental (50%)
Régions parasagittale et
cortex pariéto-occipital
mésial
Cas sporadiques
Locus 6q16-q22
Bilatérale diffuse
Encéphalopathie de
sévérité variable avec
épilepsie dans 80% des
cas
Diffuse avec
prédominance
périsylvienne
Principalement
familles consanguines
Implication de NHEJ1
et EOMES/TBR2
Aberrations
chromosomiques
Tableau: Les différentes formes de polymicrogyrie.
L'identification récente de
formes bilatérales et
familiales a permis de
repenser la classification des
dysgénésies corticales et de
rechercher des bases
génétiques.