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l
Neurone
·
Vol 17
·
N°2
·
2012
Dans les formes les plus sévères, il se tra-
duit par une diplégie faciale, des troubles
de la motricité linguale et buccale avec
une dysphagie et un bavage fréquent (3).
Ce tableau clinique a été initialement
décrit en 1926 par Foix, Chavany et Ma-
rie, comme un syndrome acquis de di-
plégie fascio-pharyngo-glosso-mastica-
toire secondaire à un infarctus bilatéral
de l'opercule rolandique. Il comporte,
dans sa forme typique, une diplégie fa-
ciale, une dysarthrie avec une voix na-
sonnée, un syndrome pseudobulbaire,
un retard mental léger à sévère, et une
épilepsie.
Dans les polymicrogyries périsylviennes
bilatérales congénitales, le retard mental
et l'épilepsie sont rapportés chez près de
85% des patients, avec une sévérité va-
riable. Les crises débutent dans l'enfance
entre 4 et 12 ans, avec des sémiologies
polymorphes comportant des absences
atypiques, des crises tonico-cloniques et
parfois des crises atoniques.
Le pattern EEG consiste en des décharges
de pointes-ondes prédominant dans les
régions centro-pariétales, s'activant dans
le sommeil.
La réponse au traitement est assez mé-
diocre, avec une pharmaco-résistance
dans plus de la moitié des cas (3).
La forme pariétale postérieure corres-
pond à la forme la moins sévère de poly-
microgyries périsylviennes, dont la pré-
valence est probablement sous-estimée,
car les signes neurologiques sont peu
importants et l'épilepsie débute assez
tardivement, avec un bon contrôle des
crises (4).
Bases moléculaires et
physiopathologie
Les bases physiopathologiques des poly-
microgyries périsylviennes bilatérales
sont hétérogènes, avec une intrication de
pathologies extrinsèques, dont un
trouble circulatoire pendant le second
trimestre de la grossesse et des anoma-
lies constitutionnelles, aberrations chro-
mosomiques dans un contexte de syn-
dromes polymalformatifs et génétiques
responsables de formes familiales.
Le lien entre les polymicrogyries périsyl-
viennes et une atteinte anoxo-isché-
mique anténatale, consécutive à une
hypotension intra-utérine ou une occlu-
sion vasculaire (artérielle ou veineuse)
survenant au cours de la fin du second
trimestre, a été suggéré par la coïnci-
dence de ces PMG dans des situations
comme les anomalies vasculaires pla-
centaires chez les jumeaux, ou encore
certaines infections intra-utérines. En ef-
fet, la fissure sylvienne primitive (la plus
précoce dans le développement foetal)
se forme pendant le 5
e
mois de gestation,
suivie par la formation du sillon central
(rolandique), interpariétal, et temporal
supérieur entre la fin du 6
e
mois et le
début du 7
e
mois. Un trouble de la perfu-
sion dans les territoires des artères céré-
brales moyennes pendant les premiers
stades de la formation des sulci serait à
l'origine de formes sévères de PMG ho-
losylviennes ou plus étendues. En re-
vanche, les formes moins étendues, plu-
tôt pariétales postérieures, seraient liées
à une hypoperfusion plus tardive ou
moins sévère, avec une atteinte isché-
mique plus limitée, à la jonction entre
les territoires de l'artère cérébrale anté-
rieure et moyenne, et produiraient une
PMG (5).
Bien que l'atteinte ne respecte pas un ter-
ritoire vasculaire strict, on suppose que la
région périsylvienne présenterait une vul-
nérabilité particulière à certains stades du
développement. Plusieurs arguments
plaident en faveur de la vulnérabilité de
ces régions: d'une part, ces régions ven-
tro-latérales se développent plus précoce-
ment que les régions dorso-médianes
(comme celles destinées à former le cor-
tex occipital); d'autre part, les neurones
en migration sont plus vulnérables à une
atteinte anoxo-ischémique que les neu-
rones qui, soit n'ont pas encore migré de
la région périventriculaire, soit ont déjà
atteint le cortex. En outre, l'atteinte
anoxo-ischémique pendant la période de
prolifération cellulaire rendrait compte de
la paucité cellulaire dans les couches du
cortex polymicrogyrique constitué de 4
couches au lieu de 6.
Toutefois, des formes familiales de poly-
microgyries périsylviennes, ainsi que
leur association à des aberrations chro-
mosomiques, renforcent la conviction
que la physiopathologie de ces polymi-
crogyries est plus complexe, avec pro-
bablement une composante génétique.
Les principales aberrations chromoso-
miques associées aux polymicrogyries
périsylviennes sont les délétions
1p36.3, et 22q11.2, 4q21.21-q22.1,
6q26-qter et 21q22, et la duplication
2p16.1-p23 (6).
Enfin, il existe une récurrence familiale
dans de rares cas, suggérant une base
moléculaire. Deux loci en Xq28 et en ch
Xq27.2-Xq27.3 ont été impliqués dans
les polymicrogyries (7). En revanche,
seul le gène SRPX2 en Xq22 a été retrou-
vé comme responsable de formes fami-
liales (8). Les autres gènes candidats sont
des gènes exprimés dans le cortex en
développement, en particulier à la fin de
la migration neuronale, ou dans la zone
germinative, pendant la période de neu-
ronogenèse, mais leur identification et
surtout leur implication dans la physio-
pathologie des polymicrogyries périsyl-
viennes est à démontrer.
On suppose que la région
périsylvienne présenterait
une vulnérabilité particulière
à certains stades du
développement.