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l
Neurone
·
Vol 17
·
N°2
·
2012
quantité «épargnée» d'IL-2 va activer et
stimuler une population de cellules «na-
tural killers
» (NK) exprimant fortement
l'antigène de surface CD56 (36). Cette
population cellulaire est particulière-
ment intéressante car elle semble ca-
pable d'inhiber la survie des cellules T et
possède donc un potentiel immuno-ré-
gulateur dans le traitement des patholo-
gies auto-immunes et du rejet de greffe
(37). En outre, il est possible que ces cel-
lules NK CD56
bright
ciblent particulière-
ment les cellules T activées de façon
anormale tout en épargnant les autres
fonctions du système immunitaire.
Les résultats de la première étude de
phase III ­ SELECT ­ on été présentés lors
du congrès ECTRIMS en 2011 (38). Le
DAC y montre un bénéfice très significa-
tif en comparaison du placebo tant pour
ses objectifs cliniques que radiologiques
(Tableau 1). Notons en particulier une
réduction du risque de progression du
handicap de 57%. Les effets secondaires
observés sous DAC ne sont globalement
pas différents de ceux qui sont survenus
sous placebo, les plus fréquents étant les
naso-pharyngites ou d'autres infections
respiratoires hautes et les céphalées. On
observe sous DAC un peu plus d'effets
secondaires cutanés que sous placebo.
Le traitement a donc démontré des effets
solides et significatifs aussi bien cli-
niques que radiologiques, ainsi qu'un
bon profil de tolérance. Une deuxième
étude de phase III ­ DECIDE ­ est actuel-
lement en cours dans le but de confirmer
ces premiers résultats.
Le diméthyl fumarate ou BG-12
Cette molécule à prise orale agit par une
voie originale puisqu'elle active le fac-
teur de transcription nucléaire NRF2.
Cette activation diminuerait la perte
axonale liée au stress oxydatif, mais éga-
lement l'expression de cytokines pro-
inflammatoires et de molécules d'adhé-
sion, et réduirait l'activation lymphocy-
taire. A l'instar du fingolimod, il pourrait
donc se montrer à la fois anti-inflamma-
toire et «neuroprotecteur» (39-41).
L'étude DEFINE, dont les premiers résul-
tats ont été présentés en 2011 (42, 43), a
montré des effets solides et tout à fait si-
gnificatifs de la molécule aussi bien en
termes d'objectifs cliniques que sur les
paramètres radiologiques. On relèvera
une réduction de 53% du taux de pous-
sées et de 38% du risque de progression
du handicap (Tableau 1). L'étude
CONFIRM, contre comparateur actif,
confirme les effets bénéfiques du BG-12
sur les items clinico-radiologiques, supé-
rieurs cette fois à ce qui est obtenu sous
traitement par AG (44). Les effets secon-
daires les plus fréquemment observés
comprenaient: flush facial, naso-pharyn-
gite, céphalées, diarrhée et fatigue (45).
Le BG-12 est donc particulièrement inté-
ressant au vu de son efficacité et de son
bon profil de tolérance, mais également
­ ce qui le différencie des fingolimod,
laquinimod et teriflunomide ­ du recul
offert grâce à son utilisation depuis plu-
sieurs années en dermatologie, surtout
en Allemagne, dans le traitement du pso-
riasis (46).
Le firategrast
L'expérience du natalizumab ayant dé-
montré l'intérêt de cibler l'41 inté-
grine, d'autres molécules similaires d'un
point de vue du mécanisme d'action ont
été développées. Ainsi, le firategrast n'est
pas un anticorps monoclonal, mais se
comporte comme un antagoniste
4intégrine. Il s'agit d'une molécule à
prise orale qui présente la caractéristique
d'avoir une demi-vie de seulement 2,5 à
4,5 heures contre 11 jours pour le natali-
zumab. Compte tenu du risque de LEMP
associé au traitement par natalizumab,
cette courte demi-vie pourrait lui confé-
rer un avantage d'un point de vue de la
sécurité d'utilisation. Les premiers résul-
tats de l'étude de phase II viennent d'être
publiés (47) et montrent une réduction
de 49% (p = 0,0026) des lésions actives
se rehaussant après injection de gadoli-
nium après 6 mois de traitement à haute
dose contre placebo. Il s'agit d'un résul-
tat préliminaire et certes inférieur à ce
qui était observé dans l'étude de phase II
du natalizumab (48), mais qui encou-
rage à d'autres investigations.
Conclusions
Les années à venir apporteront une ex-
plosion de l'offre thérapeutique dans le
domaine du traitement de la SEP. Nous
allons bientôt disposer de différentes
immunothérapies à haute activité très
séduisantes du point de vue de l'effica-
cité et du confort d'utilisation. Les
risques à moyen et long termes devront
en être précisés par un suivi systéma-
Le BG-12, molécule à prise
orale, active le facteur de
transcription nucléaire NRF2.
Le firategrast n'est pas un anticorps monoclonal, mais se
comporte comme un antagoniste 4intégrine.
Le futur devrait voir émerger
des traitements oraux à bon
profil de sécurité comme le
BG-12 ou le laquinimod en
première ligne, au détriment
progressif de l'usage des
traitements injectables.