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ortho-rhumato | Vol 9 | N°5 | 2011
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Pendant l'appui unipodal (10-50%), le pied est d'abord
en appui plantigrade. Le tibia progresse vers l'avant en
roulant autour de la cheville, qui agit comme un deuxième
pivot, qui se met progressivement en flexion dorsale de
10°. A 30% du cycle, le talon décolle progressivement. Le
genou et la hanche s'étendent jusqu'à 50% du cycle.
Le membre controlatéral passe le pas et reprend contact
au sol (deuxième double appui). Le talon du côté porteur
est entièrement décollé, l'appui s'applique maintenant des
métatarsiens aux orteils autour du pivot de l'avant-pied.
La cheville passe en flexion plantaire, se préparant à la
propulsion. Le genou et la hanche fléchissent. Les orteils
décollent, la cheville est en flexion plantaire maximale, le
genou et la hanche continuent à fléchir. Pendant la phase
oscillante, la cheville réduit sa flexion plantaire pour faci-
liter le passage du pas. A 75% du cycle, le genou s'étend à
nouveau, la hanche réduit sa flexion, permettant au pied de
se prépositionner en vue du nouveau contact initial.
Dans les autres plans, les amplitudes angulaires sont mini-
males (< 10°) et participent aux différents amortissements
des articulations et minimisations du centre de masse.
cinétiquE dE la marchE ditE «normalE»
les paramètres cinétiques et leur relation à l'activité
musculaire
Les courbes des moments et des puissances articulaires
permettent d'aborder la marche en incluant l'équilibre
entre les forces externes générées par l'appui au sol et les
forces internes produites par les muscles, ligaments et
capsules articulaires. Les courbes de puissance permettent
d'estimer de façon indirecte et par calcul l'activité muscu-
laire. Les tracés électromyographiques viendront confir-
mer ou infirmer les observations. En observant la figure
2 et les graphiques de la figure 5, nous pouvons à titre
d'exemple observer les courbes d'amplitude, de moment
et de puissance de la cheville. Lors de la phase de mise
en charge, la cheville fléchit du côté plantaire, le vecteur
force, ou plus exactement le vecteur de réaction à la charge
(VRC), en jaune sur la figure 2, passe en arrière de la
cheville, produisant un moment externe des fléchisseurs
plantaires. Celui-ci sera freiné par un moment interne des
releveurs de la cheville. Sur le graphique des puissances de
la cheville, on observe une absorption de puissance corres-
pondant à une activité excentrique, frénatrice du muscle
tibial antérieur.
Lors du milieu de la phase d'appui (10-20%), la cheville pro-
gresse en flexion dorsale, VRC se déplace progressivement
vers l'avant-pied, la cheville montre un accroissement du
moment interne des fléchisseurs plantaires (Figure 2). Ce
moment est généré par les fléchisseurs plantaires qui tra-
vaillent en excentrique en décélérant le système. La courbe
de puissance présente une légère absorption de puissance
(Figure 5). La stabilité de l'appui unipodal assure l'avancée
du membre inférieur opposé.
A 30% du cycle, le talon commence à décoller, la flexion
dorsale continue à croître jusqu'à son pic, le genou
commence à fléchir. Le VRC continue sa progression
vers la tête des métatarsiens. Le moment interne de la
cheville continue à progresser. Le travail excentrique
des fléchisseurs plantaires (soléaire et gastrocnémiens)
devient plus important et se retrouve sur la courbe des
puissances de la cheville sous forme d'une absorption de
puissance.
A 50%, la cheville inverse sa flexion pour atteindre son pic
de flexion plantaire juste après le décollement des orteils;
l'activité du triceps sural s'estompe. Le VRC est très en
avant de l'articulation, résultant en un moment externe
des dorsiflexeurs, auxquels s'opposera un moment interne
des fléchisseurs plantaires, produit par une contraction
concentrique de ces fléchisseurs plantaires. Le résultat est
une importante génération de puissance qui est la plus élevée
de tout le cycle. Le tibial antérieur reprend le contrôle de
la cheville.
L'utilisation de la cinétique corrélée à l'EMG permet
de mieux cerner l'efficacité du système de propulsion/
progression lors d'une atteinte du nerf fibulaire super-
ficiel, d'une spasticité des FP traitée par allongement.
L'analyse des courbes de puissance est une des quali-
tés proposées par l'analyse quantifiée de la marche qui
permet d'affiner les informations nécessaires à l'aide au
diagnostique.
lES indicationS
L'analyse quantifiée de la marche peut être associée au
bilan clinique afin de documenter des troubles complexes de
la marche en recherchant les causes primaires des troubles,
leurs répercussions secondaires sur le système musculo-
squelettique et les compensations qui en résultent. Il est
indiqué dans les pathologies de l'enfant et de l'adulte neuro-
logique à un trouble orthopédique ou rhumatologique.
L'examen est pris en charge par l'INAMI dans le cadre
d'analyse du mouvement pré- ou postopératoire chez
l'enfant. Associant l'étude de l'EMG, la force et le mouve-
ment, il peut être pris en charge sous certains conditions.
Récemment, la Haute Autorité de Santé (21) en France a
reconnu l'analyse quantifiée de la marche (AQM) comme
un examen efficace permettant d'apporter un bénéfice
thérapeutique en modifiant le regard sur le diagnostic
obtenu par voie classique. Dans le cadre de la chirurgie
pédiatrique, il permet de mieux définir les indications
médicamenteuses, chirurgicales et d'appareillages (plus de
toxine botulinique et moins de chirurgie précoce). Il peut
être également inclus dans le suivi de la rééducation en
rhumatologie et en médecine physique. Paradoxalement,
le recours à l'AQM est réduit dans les pays francophones,
comparés aux pays voisins, comme au Royaume-Uni,
probablement par méconnaissance de la méthodologie
proposée par l'AQM.