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ortho-rhumato | Vol 9 | N°5 | 2011
Belgique a pris une part active à cette étude: 208 méde-
cins de première ligne
(183 généralistes et 25 kiné-
sithérapeutes) ont référé un total de 141 patients vers
16 centres.
Au départ, l'étude partait du constat que le diagnostic
de spondylarthropathie et de spondylarthrite ankylo-
sante était souvent posé longtemps après l'apparition
des premiers symptômes. Selon une étude de 2005, le
délai avant diagnostic s'élève en moyenne à 6,1 ans en
Belgique (2).
Ce diagnostic tardif peut entraîner une série de con-
séquences fâcheuses, notamment des lésions struc-
turelles, des limitations physiques, un handicap, une
détérioration de la qualité de vie et des préjudices
économiques tant pour l'individu que pour la société.
Une optimisation des méthodes d'orientation vers le
rhumatologue permettrait donc d'améliorer la préci-
sion et le moment du diagnostic.
Dans ce but, l'étude RADAR a comparé deux stratégies
d'orientation pour obtenir un diagnostic de spondylar-
thropathie axiale par le rhumatologue. Les médecins
de première ligne
ont été invités à identifier les patients
souffrant de dorsalgies chroniques persistant depuis
plus de trois mois, d'origine indéterminée et apparues
avant l'âge de 45 ans. Au moment de l'orientation du
patient vers un spécialiste, aucun diagnostic de spon-
dylarthrite ne devait encore avoir été posé.
L'orientation du patient pouvait reposer sur deux straté-
gies. La première, la plus simple, repose sur la présence
d'au moins un des trois critères suivants: dorsalgies in-
flammatoires, marqueur HLA-B27 positif et sacro-iliite
mise en évidence par imagerie. La seconde stratégie
nécessite la présence de deux critères sur six, les six
critères se composant des trois critères précités, aux-
quels s'ajoutent trois critères supplémentaires: anam-
nèse familiale de spondylarthropathie, bonne réponse
aux AINS et manifestations extra-articulaires avérées
(uvéite, psoriasis, maladie intestinale inflammatoire).
Il convient toutefois de noter qu'aucune différence
statistiquement significative n'a été relevée entre ces
deux stratégies. La première stratégie, la plus simple,
convient aussi bien à l'orientation du patient que la
deuxième stratégie, plus complexe (Figure 2). Cette
approche permet de poser un diagnostic définitif de
spondylarthropathie axiale chez plus de 35% des pa-
tients référés. Les chiffres disponibles pour la Belgique
différaient peu des chiffres internationaux (Figure 2).
Parmi les 138 patients belges référés, 43 ont finalement
fait l'objet d'un diagnostic de spondylarthropathie
axiale avérée.
Les motifs d'orientation les plus fréquents étaient les
dorsalgies inflammatoires (total 92,9%), la sacro-iliite
(total 36,2%) et la réponse aux AINS (71,2% pour la
seconde stratégie). La plupart du temps, une bonne
concordance a été observée entre les constats du mé-
decin généraliste et ceux du rhumatologue, sauf pour
la sacro-iliite (61,2% en Belgique), qui n'est pas toujours
facile à interpréter par les techniques d'imagerie.
Conclusions
Les patients sont davantage satisfaits du contrôle des
symptômes de polyarthrite rhumatoïde par les produits
biologiques que les médecins traitants ne le pensent
généralement, quelle que soit la forme d'administration.
La perception de satisfaction vis-à-vis de l'administra-
tion intraveineuse est donc plus faible dans le chef du
médecin que dans le chef du patient lui-même.
En utilisant des critères simples d'orientation vers un
rhumatologue, il est possible d'obtenir un diagnostic
de spondylarthropathie axiale avérée chez plus de
30% des patients référés. Par ailleurs, certains signes
typiques de la maladie (dorsalgies inflammatoires, ré-
ponse aux AINS, sacro-iliite) doivent être mieux connus
en première ligne. Tous les praticiens traitant les dorsal-
gies (orthopédistes, spécialistes de la douleur, kinési-
thérapeutes, physiothérapeutes, chirurgiens) doivent
être davantage conscients de l'existence de cette
affection. Le délai moyen avant diagnostic, qui s'élève
aujourd'hui à six ans, pourrait ainsi être raccourci.
Références:
1.
Sieper J, et al. EULAR 2011. OP0042.
2.
Ribbens C. EULAR 2006. Abstract SAT0291.
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BougEr pluS pour vivrE pluS longtEmpS
Quinze minutes d'activité physique modérée à intense par jour, ou 90 minutes par semaine, réduiraient le risque
de mortalité, y compris chez les personnes présentant un risque cardiovasculaire élevé. C'est le résultat d'une
étude de cohorte prospective publiée dans The Lancet.
Les bienfaits pour la santé de la pratique d'une activité
physique pendant son temps libre sont bien connus. Par
contre, on ne sait pas vraiment si, en deçà des 150 minutes
hebdomadaires recommandées, il existe un impact sur l'es-
pérance de vie. Dans ce contexte, une équipe de chercheurs
taïwanais et américains ont étudié les effets bénéfiques de
différentes doses d'activité physique sur une population
taïwanaise. Dans le cadre de cette étude de cohorte pros-
pective, ils ont analysé les données de 416.175 personnes
(199.265 hommes et 216.910 femmes) ayant participé à un
programme de dépistage médical type à Taïwan entre 1996
et 2008. Les participants ont été suivis pendant 8,05 ans en
moyenne. Sur la base du degré autorapporté d'activité phy-
sique hebdomadaire, ils ont été répartis en cinq groupes:
activité physique inexistante, faible, modérée, intense ou
très intense. Le risque de mortalité du premier groupe a
été comparé à celui des quatre autres. L'espérance de vie
de chaque groupe a également été calculée.
Le groupe «activité physique faible» (en moyenne 92 mi-
nutes par semaine ou 15 minutes par jour) présentait un
risque de mortalité globale inférieur de 14% à celui du
groupe «activité physique inexistante» et une espérance
de vie trois ans plus longue. Le risque de mortalité glo-
bale diminuait de 4% et la mortalité cancéreuse de 1% par
tranche de 15 minutes en plus des 15 minutes minimales.
Les bienfaits étaient clairement visibles dans toutes les
tranches d'âge, tant chez les hommes que chez les femmes,
y compris chez les personnes présentant un risque accru
d'affections cardiovasculaires. Les personnes du groupe
«activité physique inexistante» présentaient un risque de
mortalité supérieur de 17% à celui du groupe pratiquant
une activité physique limitée.
Selon les auteurs, l'étude présente notamment l'avantage
de démontrer l'effet bénéfique d'une activité physique li-
mitée, à la fois sur la réduction de la mortalité et sur le
prolongement de l'espérance de vie. Et Pang Wen de sou-
ligner que l'espérance de vie, non reprise dans la plupart
des études, ne peut être calculée qu'au sein d'une cohorte
suffisamment large. Les chercheurs indiquent par ailleurs
que les messages sanitaires relatifs au prolongement de
la vie sont facilement compréhensibles par la population.
Dès lors, ils constituent peut-être un excellent stimulant
pour inciter les gens qui ne bougent pas beaucoup à le faire
un peu plus.
L'étude présente certes des limites. Il s'agit d'une étude
observationnelle. Par conséquent, les bienfaits identifiés
ne peuvent pas purement et simplement être attribués à la
pratique d'une activité physique. En effet, les personnes en
bonne santé sont peut-être plus enclines à faire de l'exer-
cice. Ces résultats démontrent néanmoins qu'une acti-
vité physique un peu plus intense fait également du bien
aux personnes en moins bonne santé (qui souffrent par
exemple d'une affection cardiovasculaire).
Quoi qu'il en soit, ces données intéressantes suggèrent
qu'une petite augmentation de la dose d'activité physique
quotidienne peut suffire à réduire la mortalité des suites
d'une maladie cardiaque, d'un diabète ou d'un cancer.
Dans le cadre de la lutte contre ces affections, la pratique
d'une activité physique un peu plus intense peut jouer un
rôle important et éventuellement permettre de diminuer
les frais médicaux y relatifs.
référence
pang Wen C, pui man Wai J, Kuang tsai m, et al. minimum amount of physical activity for reduced
mortality and extended life expectancy: a prospective cohort study. lancet 2011;378(9798):244-53.
lu Pour vous
Heidi Van de Keere