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ortho-rhumato | Vol 9 | N°5 | 2011
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accèS non invaSif à dES muSclES profondS
L'IRM-fm permet, de manière non invasive et au moyen
d'un seul examen par IRM, d'effectuer des mesures à dif-
férents endroits dans différents muscles. Ceci est parti-
culièrement avantageux pour l'évaluation de structures
musculaires situées en profondeur dans le système mus-
culo-squelettique, qui ne sont pas directement accessibles
à d'autres méthodes d'examen, comme l'EMG de surface
ou intramusculaire, et ce en raison de leur profondeur et
de la proximité d'autres structures telles que des viscères.
De ce fait, l'IRM-fm a gagné en popularité dans les études
évaluant la fonction musculaire, lors desquelles on teste la
musculature paravertébrale profonde (23, 29, 32, 34, 36,
37). Auparavant, celle-ci s'avérait difficile à atteindre par
EMG invasive, et la méthode n'était pas dénuée de risques
(3, 38-41).
élimination dES proBlèmES lorS dE mESurES par
Emg, commE lE croSS-talk
Bien que les mesures par EMG présentent l'avantage d'éva-
luer les niveaux d'activité des muscles en temps réel, l'uti-
lisation de cette technique va souvent de pair avec d'autres
problèmes. Avec une EMG de surface, il est difficile d'obte-
nir un signal reflétant l'activité isolée du muscle visé. Pre-
mièrement, les muscles plus profonds sont difficilement,
voire pas du tout accessibles avec des électrodes de surface
(42). Deuxièmement, le signal est souvent contaminé par
l'activité électromyographique des muscles avoisinants. Ce
dernier phénomène porte le nom de cross-talk ou détec-
tion croisée (16). L'utilisation de l'EMG intramusculaire
permet de surmonter ces deux problèmes. À cet égard,
l'activité musculaire est enregistrée par le biais d'un fil ou
d'une aiguille que l'on introduit dans un muscle. L'incon-
vénient de cette technique est que l'électrode intramus-
culaire capte des signaux provenant d'un groupe d'unités
motrices en relation avec l'endroit d'insertion de l'élec-
trode, et qui n'est peut-être pas représentatif de l'activité
de l'ensemble du muscle. Par contre, l'IRM-fm permet d'ef-
fectuer des mesures sans ces problèmes de cross-talk. En
outre, l'IRM-fm évite également les éventuels problèmes
de signaux rencontrés avec l'EMG, suite à la résistance du
tissu sous-cutané et au type d'électrode.
limitationS dES mESurES par irm-fm
Outre les contre-indications absolues de l'IRM, telles que
les pacemakers, clips d'anévrismes cérébraux, corps étran-
gers métalliques et la claustrophobie, plusieurs limitations
sont inhérentes à la mesure par IRM-fm. Des aspects tant
spatiaux que temporels limitent les possibilités de cette
technique. Tandis que l'EMG permet de mesurer en temps
réel l'activité musculaire dans n'importe quel espace,
l'IRM-fm implique que l'exercice soit effectué dans un
local adjacent, afin que le volontaire puisse facilement s'in-
staller dans l'appareil d'IRM, tant avant que directement
après l'exercice. Il faut également tenir compte du fait que
l'effet de latence sur la mesure du T2-shift, résultant du
délai entre la fin de l'exercice et le début des clichés d'IRM,
n'est pas encore tout à fait compris.
Deuxièmement, il semble, d'après les études actuellement
disponibles, que l'IRM-fm ne soit indiquée que pour éva-
luer des exercices impliquant au moins un effort d'inten-
sité modérée (> 40% du maximum). On ne sait jusqu'à
présent pas clairement ce qui se passe lors des exercices
pratiqués à une intensité plus faible ou plus élevée. Bien
que plusieurs études aient démontré une relation entre
l'intensité de l'exercice, l'amplitude du signal d'EMG et
les temps T2 (24-26), on ne connaît toujours pas le seuil
d'activité musculaire minimal nécessaire pour obtenir un
shift significatif du signal. L'EMG aurait un seuil moindre
que l'imagerie par RM pour détecter l'activité musculaire
(10). Une étude lors de laquelle on a examiné la sensibilité
a révélé que les modifications des temps T2 pour les flé-
chisseurs du coude peuvent être détectées moyennant seu-
lement deux répétitions, effectuées à une intensité élevée
(80% du maximum) (10, 22, 23). Lors des exercices pra-
tiqués à une intensité moindre (25% MVC), cinq contrac-
tions sont nécessaires pour qu'on puisse enregistrer des
modifications des temps T2 (22). Nous pouvons conclure
que, tant dans le cadre de la recherche qu'en pratique cli-
nique, l'IRM-fm et l'EMG peuvent s'utiliser indépendam-
ment l'une de l'autre pour évaluer l'activité musculaire. Le
choix entre les deux méthodes dépend essentiellement du
domaine d'intérêt, en l'occurrence les processus métabo-
liques ou l'activité électrophysiologique sous-jacente. Il
est indéniable que la combinaison de ces deux techniques
offre des informations complémentaires.
Enfin, il faut mentionner que, bien que l'IRM-fm soit
une méthode intéressante, en plein essor, pour évaluer
Points importants:
·
L'IRM-fm a l'avantage (certainement pour les muscles
du dos) d'évaluer de manière non invasive l'activité
musculaire, les muscles voisins et même des muscles
qui se chevauchent, et ce sans cross-talk. La valeur de
l'IRM-fm peut être remise en question lors d'activités
musculaires pratiquées à une intensité faible et élevée.
·
L'IRM-fm et l'EMg sont des méthodes de mesure
complémentaires qui donnent toutes deux des
informations sur la fonction musculaire.
·
La rentabilité de l'utilisation de l'IRM-fm pour évaluer
un patient et établir un plan de soins est actuellement
inconnue.