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ortho-rhumato | Vol 9 | N°5 | 2011
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perfectionnés et performants, présentant une meilleure
résolution et équipés de transducteurs à haute fréquence,
qui permettent d'obtenir un niveau de détail anatomique
jamais atteint auparavant. La Figure 4 présente des
anomalies échographiques dans l'ostéoarthrite érosive. Il
existe certes une discordance remarquable entre le nombre
d'études échographiques dans les affections inflamma-
toires et les pathologies dégénératives.
Notre groupe de recherche a fait oeuvre de pionnier avec
l'étude des observations échographiques dans l'ostéoarthrite
érosive.
Annamaria Iagnocco et ses collaborateurs (3) ont été les
premiers à montrer une bonne concordance entre la
détection d'érosions centrales radiographiques et écho-
graphiques. La spécificité de l'échographie était de 100%
(ce qui signifie qu'aucune érosion n'a été observée avec
l'échographie dans l'arthrose non érosive de la main).
Dans le cadre de nos propres travaux (4), dans lesquels
des patients souffrant tant d'ostéoarthrite érosive que
d'arthrose non érosive de la main ont été étudiés, nous
avons montré que l'échographie présente une sensibilité
remarquablement supérieure à celle de la radiographie
pour la détection des érosions dans l'ostéoarthrite éro-
sive (45 érosions supplémentaires dans 558 articulations).
La spécificité est également excellente. Quatre érosions
seulement ont échappé à la détection par l'écho graphie,
car elles étaient dissimulées sous des ostéophytes et
tombaient ainsi en dehors de la fenêtre acoustique
échographique. Nous avons également fait l'observa-
tion frappante qu'il existait un pourcentage élevé de
caracté ristiques inflammatoires dans les articulations
des patients souffrant d'ostéoarthrite érosive, mais éga-
lement dans l'ostéoarthrite non érosive. Cela concerne
la gray-scale synovitis (16,5% dans l'ostéoarthrite éro-
sive, 12,7% dans l'ostéoarthrite non érosive; p = 0,076),
l'effusion de liquide articulaire (45,5% dans l'ostéo-
arthrite érosive, 48,4% dans l'ostéoarthrite non érosive;
p = NS), et le signal doppler puissance renforcé (2,2%
dans l'ostéoarthrite érosive, 0,8% dans l'ostéoarthrite non
érosive; p = NS). Il avait déjà été suggéré auparavant que
les caractéristiques inflammatoires présentes dans
l'ostéo arthrite érosive correspondent à la phase érosive
à la radiographie (phase E). Notre étude a toutefois mon-
tré que les caractéristiques échographiques et inflam-
matoires sont présentes en dehors de la phase érosive et
même dans la phase de l'ostéoarthrite non érosive à la
radiographie.
La question de l'existence d'une relation entre l'inflam-
mation et le caractère érosif de la maladie reste donc sans
réponse. Dans d'autres affections, il s'est également avéré
qu'il peut se produire une progression radiographique
malgré la répression de la synovite ou une rémission cli-
nique.
Dans la détection des ostéophytes, l'échographie s'avère
moins fiable et la radiographie conserve sa supériorité.
irm
Les données d'IRM dans l'ostéoarthrite sont assez limitées.
Le groupe de travail OMERACT définit l'érosion comme
une lésion à contour net, juxta-articulaire, visible dans deux
plans, avec une rupture corticale au moins visible dans un
plan. Les érosions centrales sont situées dans l'os sous-
chondral à des endroits où il y a disparition du cartilage
articulaire, tandis que les érosions marginales sont situées
à la périphérie du cartilage articulaire de recouvrement. La
Figure 5 illustre les anomalies détectées à l'IRM.
Une étude réalisée par Grainger (6) et une autre par Tan
(7) dans l'arthrose de la main montrent que l'IRM est plus
sensible que la radiographie pour la détection des érosions:
l'IRM a mis en évidence 4,1 fois plus d'érosions. Ce sont sur-
tout les érosions marginales qui sont davantage détectées.
Celles-ci sont associées à la présence de synovite, comme
cela a déjà été observé dans la polyarthrite rhumatoïde et
l'arthrite psoriasique, ainsi que d'oedème médullaire.
Notre groupe a récemment publié une étude dans laquelle
des patients atteints d'ostéoarthrite érosive et non éro-
sive ont été soumis à des examens par échographie, IRM
et radiographie conventionnelle (8). Les observations de
ces différentes modalités d'imagerie ont été comparées
entre elles. Il en est à nouveau ressorti que l'IRM et l'écho-
graphie sont plus sensibles pour la détection des érosions.
La validité de l'échographie par rapport à l'IRM est démon-
trée pour la détection des érosions et de la synovite. Cela
signifie que l'échographie permet d'obtenir suffisamment
d'informations dans la pratique clinique quotidienne. En
outre, nous avons pu démontrer que de nombreux signaux
inflammatoires étaient détectés par l'IRM dans des articu-
lations de patients souffrant d'ostéoarthrite tant érosive
que non érosive. Voilà qui soulève à nouveau la question
d'un lien causal déjà suggéré entre l'inflammation et la
survenue d'érosions.
Les signaux inflammatoires sont détectés par l'absorption
de gadolinium. Ils sont présents non seulement au niveau
de la synovie des articulations interphalangiennes des
doigts, mais également dans d'autres structures articu-
laires, telles que les ligaments, les tendons, les enthèses et
la moelle osseuse (7). Le rôle de cette coloration ligamen-
taire n'est toutefois pas si clair, car un épaississement liga-
mentaire et une coloration sont également fréquemment
observés dans les articulations de personnes normales et
âgées, qui ne souffrent pas d'une maladie dégénérative,
suite à un stress mécanique.