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ortho-rhumato | Vol 9 | N°5 | 2011
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lymphomE
Les patients avec SS ont un risque 20 à 40 fois supérieur
de développer un lymphome non Hodgkinien (NHL) par
rapport à la population globale. Le NHL a une prévalence
d'environ 4% dans les SS et se produit classiquement
7,5 ans environ après le diagnostic initial. Le type histo-
logique le plus fréquent de NHL est le lymphome de MALT.
Généralement indolent, il est souvent de petite taille et
n'altère pas l'état général des patients atteints. Les loca-
lisations anatomiques les plus fréquentes sont les glandes
salivaires, mais les sites ganglionnaires peuvent être impli-
qués, de même que l'estomac ou les reins. Il est hautement
prévisible lorsque le taux de C4 est bas, en présence d'un
purpura manifeste, avec taux élevés de b2-microglobuline,
lymphocytopénie CD4, gonflement de glande parotide qui
montre un élargissement et une hypocaptation persis-
tante à la scintigraphie salivaire, cryoglobulinemie mixte,
ulcères de jambe, splénomégalie et présence des bandes
monoclonales dans le sang et les urines (15).
approchES thérapEutiquES
Le traitement conventionnel du SS est symptomatique. En
tant que tel, il passe par l'utilisation de salive et de larmes
artificielles, l'implantation chirurgicale de bouchons dans
les voies lacrymales, l'utilisation de la cyclosporine to-
pique pour les symptômes oculaires. Plus récemment, des
médicaments cholinergiques tels que la pilocarpine et la
cevimeline sont disponibles pour augmenter la sécrétion
glandulaire. L'hydroxychloroquine est prescrite en cas
d'arthralgies et de myalgies, mais des études récentes ont
montré qu'on pourrait aussi proposer des médicaments à
propriétés anticholinestérasiques pour améliorer la fonc-
tion glandulaire (16). L'efficacité des corticoïdes est limitée
et restreinte à des patients souffrant d'arthrite et de graves
manifestations extraglandulaires. Les traitements immu-
nosuppresseurs comme le cyclophosphamide et l'azathio-
prine sont utilisés pour les manifestations systémiques de
la maladie. Plus récemment, les nouveaux médicaments
immunosuppresseurs, tels que le mizoribine et le myco-
phénolate mofétil, ont montré des résultats prometteurs.
Ces médicaments agissent en inhibant l'inosine mono-
phosphate déshydrogénase, qui est l'enzyme limitante de
la synthèse de la purine, et ont donc un effet antiproliféra-
tif sur les lymphocytes activés (17). L'électrostimulation est
un dispositif nouvellement développé et qui a montré des
résultats prometteurs dans la lutte contre la xérostomie en
augmentant la production salivaire (18).
thérapiES dE déplétion En cEllulES B
Le rituximab, un anticorps monoclonal chimérique qui
cible CD20 à la surface des cellules B, est le traitement bio-
logique le plus étudié dans le SS. Plusieurs études pilotes
ont montré l'efficacité du rituximab en termes d'améliora-
tion de la fatigue, de la qualité de vie et de la fonction glan-
dulaire. Dernièrement, une étude randomisée contrôlée a
confirmé ces résultats préliminaires (19).
L'epratuzumab est un anticorps humanisé dirigé contre
l'antigène CD22 des lymphocytes B. Un essai ouvert a
montré des effets bénéfiques en termes d'amélioration des
symptômes du SS et les scores de fatigue (20).
l'inhiBition dE l'ifn
L'interféron-a(IFN) joue un rôle essentiel dans la patho-
genèse de plusieurs maladies auto-immunes, y compris
le SS. Outre les effets antiviraux, l'IFN-a a des propriétés
immunomodulatrices. Quatre études pilote ont montré des
effets bénéfiques de l'IFN-a par augmentation du flux sali-
vaire. L'histologie des glandes salivaires après traitement
a démontré une diminution des infiltrats lymphocytaires
(21, 22). Un essai ultérieur de phase a montré une augmen-
tation du flux salivaire non stimulé, mais le principal cri-
tère d'évaluation clinique, qui a été l'amélioration du flux
salivaire stimulé, n'a pas été atteint.
tranSplantation dE cEllulES SouchES
dE la moEllE oSSEuSE
Les cellules souches de la rate, transplantées à la souris
NOD, un modèle animal pour les SS, ont montré le poten-
tiel de régénérer les cellules épithéliales salivaires (23).
Des essais sont en cours actuellement pour déterminer si
on peut restaurer la fonction glandulaire chez les patients
souffrant de SS après transplantation des cellules hémato-
poïétiques.
la thérapiE géniquE
La thérapie génique consiste en l'introduction de nouveau
matériel génétique d'un individu à des fins thérapeutiques.
Parmi les cibles pour la thérapie génique: les aquaporines
semblent intéressantes, de même que des médiateurs
inflammatoires comme les cytokines et de chimiokines,
ou des molécules apoptotiques et des molécules intra-
cellulaires.
Les premières études de thérapie génique utilisant un
vecteur adénoviral de sérotype 5 (Ad5) se sont montrées
extrêmement efficaces dans le transfert de gènes in vivo
chez les rongeurs à des glandes salivaires (24). Des études
supplémentaires utilisant une Ad5 humaine codant pour
l'aquaporine 1 (Ad5hAQP1) ont montré la possibilité de
restaurer le flux salivaire chez les rats irradiés ayant une
fonction salivaire altérée (25). Les études d'efficacité et
de mise à l'échelle de cette thérapie génique ont alors été
effectuées sur des modèles animaux de grande taille (26):
macaques rhésus et porcs miniatures (27). Un essai clini-
que de la NIH en utilisant Ad5hAQP5 a été entrepris pour
tester l'innocuité et l'efficacité chez les personnes avec une
irradiation induite par hypofonction salivaire parotide.