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ortho-rhumato | Vol 9 | N°5 | 2011
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être utilisée pour remplacer l'enzyme naturelle. Elle pour-
rait donc en principe offrir une alternative aux comprimés
antigoutte oraux. Administrée en intraveineuse, la peglo-
ticase reste dans la circulation et accélère l'élimination de
l'urate.
John Sundy (Université de Durham, Caroline du Nord,
Etats-Unis) et son équipe se sont penchés sur l'hypo-
thèse suivante: la diminution de la quantité d'urate dans
le sang sous l'effet de la pegloticase devrait entraîner un
flux d'urate extravasculaire depuis les tissus vers la circula-
tion, où il serait à son tour détruit, avec pour conséquence
une normalisation du dépôt d'urate dans l'organisme et
une réduction des symptômes de la goutte. Le JAMA pu-
blie les résultats de deux études randomisées, en double
aveugle, contre placebo, menées de juin 2006 à octobre
2007. 56 cabinets de rhumatologie américains, canadiens
et mexicains y ont participé. Les résultats concernent
225 patients atteints de goutte aiguë, qui ne toléraient pas
l'allopurinol ou n'y réagissaient pas et qui présentaient un
taux sérique d'acide urique 8mg/dl. Les patients se sont
vu administrer soit une perfusion de pegloticase (8mg)
deux fois par mois, soit une perfusion de pegloticase et une
perfusion de placebo une fois par mois, soit une perfusion
de placebo deux fois par mois. Le critère primaire consis-
tait en une baisse de l'uricémie pour atteindre un taux
< 6mg/dl au mois 3 et au mois 6. Les résultats révèlent que
36 des 85 patients ayant reçu de la pegloticase deux fois
par mois ont rempli le critère primaire, contre 29 sur 84
dans le groupe qui l'a reçue une fois par mois et 0 sur 43
dans le groupe placebo. 7 patients sont décédés au cours
de l'étude: 4 dans les groupes sous pegloticase et 3 dans les
groupes placebo. Conclusion des auteurs: l'administration
de pegloticase fait baisser l'uricémie au sein de cette popu-
lation. Ils recommandent bien sûr de prendre des mesures
pour stabiliser la comorbidité cardiovasculaire, avant et
pendant le traitement par pegloticase.
priSE dE StatinES
Et riSquE dE maladiES auto-immunES
Existe-t-il un lien entre la prise de statines et l'augmentation du risque de maladies auto-immunes telles que
l'arthrite rhumatoïde? Des chercheurs néerlandais pensent que oui. Leur hypothèse se base sur les conclusions
d'une étude cas-témoins. BMJ a publié les résultats.
Des études épidémiologiques ont mis au jour une aug-
mentation de la prévalence des maladies auto-immunes
dans les pays industrialisés. Cette prévalence accrue n'est
pas seulement due à un meilleur diagnostic. La prise de
médicaments aurait-elle un rôle à jouer? Le rôle potentiel
des traitements préventifs, dont les statines, prescrites à
grande échelle pour réduire la mortalité et la morbidité car-
diovasculaires chez les personnes souffrant d'hyperlipidé-
mie, d'hypertension ou de diabète, a déjà été suggéré dans
ce contexte. Diverses études ont déjà démontré qu'outre
un effet hypocholestérolémiant, les statines avaient éga-
lement des propriétés anti-inflammatoires et immuno-
modulatrices. D'où la piste de réflexion selon laquelle ces
propriétés immunomodulatrices seraient susceptibles
de favoriser le développement de l'auto-immunité, avec
pour conséquence potentielle le développement de mala-
dies auto-immunes telles que le lupus et l'hépatite auto-
immune. Une méta-analyse récente a fait état d'une corréla-
tion entre la prise de statines et un risque accru de diabète.
Etant donné qu'aucune distinction n'a été faite entre les
différents types de diabète, aucune conclusion n'a pu être
tirée quant aux mécanismes susceptibles d'intervenir. Plu-
sieurs études ont également fait état d'un impact des sta-
tines sur l'équilibre Th1/Th2, avec pour conséquence une
stimulation de la production d'auto-anticorps. Selon un
nombre croissant d'observations, les statines pourraient
déclencher plusieurs maladies auto-immunes rares.
Une question s'est donc posée: l'utilisation de cette médi-
cation à grande échelle pourrait-elle influencer l'appari-
tion de maladies auto-immunes plus courantes telles que
l'arthrite rhumatoïde? De Jong (Université de Maastricht,
Pays-Bas) et ses confrères ont mené une étude cas-témoins
visant à vérifier l'impact de l'exposition aux statines (du-
rée, dose, type, etc.) sur le risque de survenue de l'arth-
rite reumatoïde. Les données concernent 508 personnes
( 40 ans) chez qui une arthrite reumatoïde a été diagnos-
tiquée entre 2001 et 2006. Cinq témoins étaient prévus
pour chaque personne atteinte d'arthrite reumatoïde, de
référence
sundy J, Baraf h, yood r, et al. efficacy and tolerability of pegloticase for the treatment of chronic gout
in patients refractory to conventional treatment. Jama 2011;306:711-20.