background image
315
l
Neurone
·
Vol 16
·
N°9
·
2011
avaient un plus haut pourcentage de
rêves négatifs précocement dans la nuit
et beaucoup moins en fin de nuit. Il faut
en conclure qu'une humeur dépressive
est corrélée avec un contenu négatif des
rêves et que la fonction modulatrice du
rêve en sommeil REM apparaît surtout
lorsque l'humeur dépressive est modé-
rée.
Sommeil et émotion au niveau
neurophysiologique
Système limbique
Les fonctions modulatrices des émotions
pendant le sommeil impliquent le sys-
tème limbique. En effet, l'imagerie céré-
brale du sommeil a montré que l'activité
neuronale dans l'amygdale et les zones
corticales paralimbiques antérieures, y
compris le cortex préfrontal médian, va-
rie pendant les cycles du sommeil. Parti-
culièrement, ce sont les activations de
l'amygdale et du gyrus para-hippocam-
pique qui sont à mettre en relation avec
la genèse du rêve pendant le sommeil
REM, alors qu'une activation hippocam-
pique est discutée, retrouvée par certains
auteurs seulement. De plus, les aires
postérieures temporo-occipitales sont
également activées lorsque le rêve a un
caractère visuel, alors que l'hippocampe
et les zones para-hippocampiques sont
stimulées lors du rappel des images.
D'autre part, les rêves ou activités céré-
brales de valeur émotionnelle plus faible
semblent bien à mettre en rapport avec
du sommeil lent apparaissant plus pré-
cocement dans la nuit et pendant lequel
la décharge de cortisol reste minimale.
L'amygdale et l'hippocampe sont donc
parmi les structures les plus actives du-
rant le sommeil REM, ce qui favorise
l'hypothèse de leur interactivité et ceci,
en comparaison avec le sommeil non-
REM où leur activité est beaucoup plus
faible. La mémoire émotionnelle dépen-
dant de l'amygdale est plus importante
dans la seconde partie du sommeil, là où
les phases REM prédominent. La régula-
tion émotionnelle et l'intégration dans la
mémoire n'impliquent pas que des pro-
cessus d'information à l'éveil, mais aussi
une reprogrammation durant la nuit.
L'amygdale
L'activation cérébrale liée à la phase
REM du sommeil est riche d'afférences
provenant de l'amygdale. L'activation de
l'amygdale varie au cours du cycle du
sommeil avec un haut taux de décharges
neuronales durant l'éveil et les phases
REM, et une nette diminution de ces dé-
charges dans le sommeil non-REM. Plus
spécifiquement, une étude récente en
IRM fonctionnelle durant la phase REM a
démontré que particulièrement, le ré-
seau thalamocortical, le système lim-
bique et les aires para-hippocampiques
sont les plus actifs. L'amygdale influence
aussi des régions-clés dans la régulation
cardiovasculaire telles que l'hypothala-
mus et le tronc cérébral. L'amygdale a
donc non seulement un rôle central dans
les processus émotionnels, mais est égale-
ment impliquée dans les mécanismes de
modulation du tronc cérébral liés au
phénomène d'alerte et de stress durant le
sommeil comme l'éveil. La phase REM
du sommeil est considérée comme une
variable influencée au jour le jour par
des changements limbiques dus aux
états émotionnels.
Cortex cingulaire et lobe
pariétal inférieur
Parmi les zones limbiques qui ont des
connexions étendues avec l'amygdale,
il faut citer le cortex cingulaire anté-
rieur, actif durant le sommeil REM et
agissant généralement comme un mé-
diateur entre les axes d'attention et
d'émotion et la conscience affective.
Avec la désactivation du cortex dorsola-
téral, l'activation de l'hippocampe s'ac-
compagnant de l'activation du cortex
cingulaire et du lobe pariétal inférieur
­ une région cérébrale impliquée dans
la construction de l'imagerie spatiale ­
intervient dans les caractéristiques du
rêve: celles-ci peuvent être influencées
par l'activation et la récupération d'élé-
ments de mémoire autobiographique
ou de mémoire épisodique. Ainsi Ma-
quet et al. ont rapporté l'activation de
l'operculum pariétal droit durant le
sommeil REM en dépit d'une désactiva-
tion quasi globale du cortex pariétal.
Ainsi ce lobe pariétal inférieur peut être
impliqué dans la visualisation de situa-
tions spatiales fictives dans le rêve.
Durant le sommeil REM, la faible acti-
vation de la jonction temporopariétale
droite peut être mise en rapport avec la
perte de distinction de l'action dans le
rêve à la première personne (le rêveur
se voit agir lui-même) ou à la troisième
personne (le rêveur est un observateur
dans son rêve). Particulièrement, des
émotions de type social telles que ja-
lousie, orgueil, honte, passion et culpa-
bilité sont rapportées dans des rêves: en
effet, la jonction temporopariétale inter-
vient dans le fonctionnement des com-
portements de type social.
L'activation cérébrale liée à la
phase REM du sommeil est
riche d'afférences provenant
de l'amygdale.
L'augmentation du sommeil
REM chez des personnes
souffrant de stress peut être
le reflet d'une incapacité à
prendre en charge les
événements émotionnels
durant la journée.