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l
Neurone
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Vol 16
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N°9
·
2011
prédisposition familiale est principale-
ment due à des facteurs génétiques com-
muns.
À côté des facteurs génétiques, les fac-
teurs environnementaux jouent égale-
ment un rôle dans la SEP. L'infection par
le virus d'Epstein-Barr (EBV), et l'âge au-
quel celle-ci est contractée, est associée
au risque de SEP. De nombreux autres
facteurs, tels que le tabagisme, les rayons
du soleil et la vitamine D, ont été suggé-
rés.
La longue quête des gènes
prédisposant à la SEP
D'autres affections neurologiques, telles
que la sclérose latérale amyotrophique
ou la maladie de Parkinson, ont un sché-
ma de transmission de type mendélien
chez 10% des patients. Les études de lin-
kage,
ou liaison génétique, se sont révé-
lées très fructueuses à partir des années
`80 pour les pathologies mendéliennes.
On a pu ainsi, au sein des familles souf-
frant de formes héréditaires de sclérose
latérale amyotrophique ou de maladie
de Parkinson, relier l'étiologie à des mu-
tations de certains gènes, qui se sont par
la suite avérés jouer un rôle clé dans la
pathogénie.
Cependant, dans le cas de la SEP, il est
extrêmement rare que des familles pré-
sentent plus de 7 membres ou plus de
2 ou 3 générations successives atteints de
la maladie. La prédisposition génétique
à cette pathologie est néanmoins impor-
tante et est déterminée par un grand
nombre de facteurs héréditaires qui aug-
mentent chacun le risque de manière li-
mitée. Ceci explique pourquoi la SEP est
un exemple de maladie multifactorielle
complexe, tout comme le diabète ou la
maladie de Crohn. Au lieu d'utiliser
quelques grandes familles, on a mené
des études de linkage ou liaison géné-
tique chez de nombreuses paires de
frères et soeurs atteints de SEP. Ces
études démontrent que ces paires par-
tagent une plus grande partie de leur
matériel génétique que présupposé, ce
qui constitue à nouveau une preuve de
la prédisposition génétique à la maladie
(5). Cependant, la résolution est si faible
que seul le facteur héréditaire possédant
le plus grand effet sur le risque de SEP
(la région de l'Human Leucocyte Antigen
­ voir ci-dessous) est identifiable. Pour
identifier d'autres facteurs dotés d'effets
moins importants, il faudrait un nombre
inaccessible de paires de frères et soeurs.
Pour les maladies complexes, les études
d'association, plutôt que de linkage, sont
une stratégie plus indiquée. Une étude
d'association compare un grand groupe
de patients à des sujets témoins en bonne
santé et recherche des différences au ni-
veau de la fréquence d'un facteur entre
ces deux groupes. Une des premières dif-
férences génétiques interindividuelles
que l'on a pu étudier réside dans les diffé-
rentes formes d'antigènes de surface cel-
lulaire du complexe Human Leucocyte
Antigen
sur le chromosome 6. Ces études,
menées chez guère plus de quelques di-
zaines de patients et de sujets témoins au
cours des années `70, se sont avérées im-
médiatement fructueuses (3). La forme
DR2 (ou 1.501 à plus forte résolution) du
gène HLA-DRB1 est plus fréquente chez
les patients SEP que chez les sujets té-
moins en bonne santé. Une personne
porteuse de cette forme présente un
risque trois fois plus élevé de développer
une SEP qu'une personne non porteuse.
En dépit de ce risque accru, la grande
majorité de ces porteurs ne développe-
ront jamais de SEP (Tableau 1).
Après cette première découverte, il
s'avéra extrêmement laborieux d'identi-
fier de manière fiable d'autres facteurs
de risque héréditaires, et ce durant plus
de 30 ans. En dépit de nombreux efforts,
il est apparu souvent difficile de répli-
quer les découvertes d'un groupe
d'étude donné dans d'autres études in-
dépendantes. Ce n'est qu'à partir de
2007 qu'un changement s'est opéré,
tant pour la SEP que pour d'autres mala-
dies complexes. Trois facteurs se sont
avérés cruciaux. Premièrement, le sé-
quençage du génome humain en 2003,
Personnes
Population belge
Risque
Augmentation
atteintes de SEP
totale par rapport
de SEP
durisque de
au groupe de
SEP
référence
Tous génotypes 10 000
10 000 000
0,001
DR15/DR15
700 (7%)
100 000 (1%)
0,007
12
DR15/X
4 500 (45%)
2 300 000 (23%)
0,002
3
X/X
4 800 (48%)
7 600 000 (76%)
0,0006
référence
X/X
4.800 (48%)
7.600.000 (76%)
0,0006
referentie
Ce tableau illustre comment un variant génétique qui apparaît fréquemment dans la popula-
tion générale n'engendre pas la SEP mais en détermine la prédisposition. Bien qu'il existe une
augmentation nette du risque de SEP chez les porteurs (hétérozygotes ou homozygotes) du
variant de risque DR15, la grande majorité d'entre eux ne développeront jamais la SEP. Ces
chiffres sont basés sur une étude de notre groupe de recherche (25).
Tableau 1: Le variant DR15 du HLA-DRB1 est le facteur de risque génétique possédant
l'effet le plus important.
En 2007, les premiers facteurs de risque situés en dehors de la
région HLA ont été découverts, à savoir les récepteurs de
cytokines que sont le récepteur alpha de l'interleukine-2 et le
récepteur de l'interleukine-7.