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l
Neurone
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Vol 16
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N°9
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2011
ce niveau de grandes difficultés socié-
tales en raison d'un manque de compré-
hension des employeurs qui veulent
généralement remettre au travail un patient
le plus rapidement possible, mais aussi
complètement compétent. Ceci est en
opposition avec l'expérience de la reva-
lidation cognitive qui démontre une
lente et progressive récupération. Il est
donc souhaitable d'amplifier une nou-
velle initiative qu'est le stage préprofes-
sionnel (couvert par la Mutuelle). Ce
stage peut se faire dans l'ancienne ou
dans une nouvelle entreprise. On y tes-
tera les performances résiduelles du pa-
tient et sa fatigabilité. En effet, le système
actuel est souvent trop rigide selon la
culture de l'entreprise et permet rare-
ment la remise au travail de patients
partiellement revalidés, même si c'est à
80-90%!
Les employeurs veulent généralement
remettre au travail un patient le plus ra-
pidement possible, mais aussi complète-
ment compétent.
Quelles sont les perspectives
d'avenir de la revalidation co-
gnitive?
Adrian Ivanoiu: Il faut d'abord noter
qu'il existe actuellement, en Belgique,
un manque de structure et de spécia-
listes intéressés par ce domaine alors
que le nombre de cas d'accident vascu-
laire cérébral et de démence ne fait
qu'augmenter dans notre population
vieillissante. D'autre part, si les patients
ne sont pas rééduqués, ils posent de plus
en plus de problèmes familiaux ou
sociétaux, ce qui aboutit prématurément
à leur placement. D'autre part, il faut
tenir compte d'améliorations techniques:
des appareillages de plus en plus spéci-
fiques apparaissent chaque année pour
les divers domaines concernés, entre
autres pour l'hémi-négligence.
L'avenir me paraît aussi important au vu
de la croissance de la quantité de nou-
veaux patients concernés. De plus, l'ex-
périence récente montre qu'il est égale-
ment important de ne pas hésiter à faire
un bilan d'évaluation après une lésion
aussi minime soit-elle, qu'elle soit d'ori-
gine neurologique, voire circulatoire,
comme les interventions à coeur ouvert
qui donnent à l'occasion l'un ou l'autre
trouble psychologique. Malheureuse-
ment, l'INAMI met un frein à cet aspect
de détection des cas à revalider car,
actuellement, on ne rembourse pas un
bilan d'évaluation s'il ne rentre pas dans
un contexte de revalidation manifeste
ou une hospitalisation.
Qu'en est-il dans la littérature
internationale?
Adrian Ivanoiu: De plus en plus, des
études de type «evidence-based medi-
cine» apparaissent dans la littérature
sous forme de méta-analyses qui font la
part des choses entre des techniques
utiles et non utiles. Tout ceci aboutit à
des guidelines qui apparaissent tant en
Europe qu'aux Etats-Unis. Les journaux à
recommander dans ce domaine sont en
particulier le Journal of Physical Rehabi-
litation et le European Neurology.
Références à consulter au besoin:
1.
Pradat-Diehl P, Azouvi P et Brun V. Fonctions exécutives
et rééducation. Paris:Masson;2006.
2.
Clare L. Neuropsychological rehabilitation and people
with dementia: a modular handbook. Hove:Psychology
Press;2008.
3.
Espace action, Claude Bernard, IFR Neurosciences et
Handicap. La rééducation cognitive. Revue Neu-
rologique 2008;164:154-63.