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l
Neurone
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Vol 16
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N°9
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2011
rentées), considérées à la fois comme
aiguës et chroniques, la convention
est de type aigu mais avec une prise
en charge plus brève, quoiqu'éven-
tuellement répétée. (convention 7.71)
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pour les pathologies chroniques type
démence et pathologies dégénéra-
tives
, une nouvelle convention spéci-
fique (convention «Clinique de la
mémoire») permet de pratiquer un
maximum de 25 séances de rééduca-
tion remboursées par patient et par
an. Cettte mesure ne concerne que
les patients ambulatoires.
Comment débute une
revalidation cognitive?
Adrian Ivanoiu: Le thérapeute com-
mence par prendre note des différents
symptômes tels que des troubles de la
mémoire, de la confusion, des troubles
exécutifs... et réalise ensuite une ana-
lyse fonctionnelle avec mise en situa-
tion et surtout un bilan neuropsycho-
logique détaillé qui est indispensable.
Ce dernier aborde, domaine par do-
maine, les aspects neuro-psycholo-
giques et permet de déterminer si les
performances actuelles du sujet sont
normales ou anormales, selon le sexe,
l'âge, l'éducation. Les domaines ex-
plorés comportent la mémoire de
travail, l'encodage et la mémoire défi-
nitive, le rappel, la mémoire procédu-
rale, la mémoire autobiographique;
les aspects aphasiques, alexiques,
agraphiques; l'apraxie, le visuospatial
avec une éventuelle héminégligence;
enfin, les fonctions exécutives. En ef-
fet, il existe une certaine corrélation
entre le bilan neuropsychologique et
l'impact au niveau du handicap dans
la vie de tous les jours. Il faut cepen-
dant rappeler que le but n'est pas
d'agir sur le bilan neuropsycholo-
gique proprement dit (qui est en fait
seulement un indicateur) mais sur les
conséquences fonctionnelles du han-
dicap chronique.
La rééducation cognitive est-
elle la même pour tous les
patients?
Adrian Ivanoiu: Que du contraire, le thé-
rapeute doit voir le malade dans toute sa
complexité et le bilan neuropsycholo-
gique est donc un indicateur de la straté-
gie utilisée et du pronostic à envisager. Il
faut tenir compte des capacités rési-
duelles du patient et ne pas le mettre en
difficulté en lui demandant des exercices
trop ardus. Il faut tenir compte de com-
portements perturbants tels que l'ano-
gnosie, un état dépressif, de l'anxiété
voire de l'irritabilité. Parfois, il existe
également des déficits moteurs sensitifs
ou visuels, qui sont difficiles à réédu-
quer. Enfin, il faut tenir compte de l'état
général, par exemple dans le cadre de
métastases cérébrales.
Cette rééducation peut-elle
être rapide?
Adrian Ivanoiu: Au contraire, la réédu-
cation cognitive est foncièrement
longue. Il faut savoir prendre du temps,
expliquer au patient et à ses soignants la
nécessité d'une longue durée d'évolu-
tion. Il faut également soutenir le pa-
tient sur le plan anxiodépressif et éviter
une reprise d'activités trop rapide. En
effet, celle-ci est un piège car si la re-
prise est trop rapide, elle s'accompa-
gnera d'erreurs de fatigue et engendrera
secondairement un important état
dépressif. Il est donc important de
bien préparer la reprise du travail ou des
activités journalières, en vérifiant que
le patient ne démontre pas des déficits
résiduels y compris au niveau de la
fatigabilité. Celle-ci peut se travailler par
des exercices progressifs et permettre
au patient d'allonger petit à petit son
endurance au travail.
Comment se réalise la
revalidation cognitive dans
votre service?
Adrian Ivanoiu: Cette revalidation est
manifestement pluridisciplinaire car,
outre le neurologue qui est le respon-
sable médical de la prise en charge du
patient, ce dernier aura à faire à un ou
une neuropsychologue, logopède, ergo-
thérapeute, assistant social, voire infir-
mière à domicile. Il n'est pas rare non
plus qu'il rencontre le psychiatre du ser-
vice en raison de difficultés psycholo-
giques. Cette pratique pluridisciplinaire
est confirmée par une réunion de
l'équipe pluridisciplinaire, et ce de ma-
nière hebdomadaire, afin de discuter des
cas les plus difficiles à gérer.
Avez-vous des patients internes
et/ou externes?
Adrian Ivanoiu: La proportion internes-
externes est de 50-50 mais, en interne, il
faut tenir compte d'une collaboration
fréquente avec le service de médecine
physique (revalidation motrice).
Pourrait-on se passer d'une re-
validation cognitive?
Adrian Ivanoiu: Non car, contrairement à
une idée ancienne, tout ce qui est cognitif
ne se répare pas tout seul. Comme dans la
revalidation motrice, il y a une grande in-
fluence au niveau de la qualité de récupé-
ration par le type d'actions réalisées. Il en
est de même au niveau cognitif. Des exer-
cices spécialisés sont beaucoup plus por-
teurs qu'une revalidation en autonomie où
le patient tourne parfois «en rond» dans
ses exercices sans résultat et se décourage.
En ce qui concerne les patients
les plus jeunes, quels sont vos
contacts avec les entreprises
qui doivent les accepter en
reprise de travail?
Adrian Ivanoiu: Il persiste également à