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l
Neurone
·
Vol 16
·
N°9
·
2011
tiques mutantes pour le gène HSPB1.
Ces molécules réparent en outre les ano-
malies liées au transport axonal dans ces
neurones.
Viennent ensuite les souris symptoma-
tiques mutantes pour HSPB1, traitées à
la fois par TSA et par tubastatine A. Pen-
dant trois semaines, ces souris mutantes
ont reçu une dose intrapéritonéale quoti-
dienne de TSA ou de tubastatine A. Au
terme de cette période de traitement, le
taux de tubuline acétylée dans les nerfs
périphériques s'est avéré accru. En outre,
plusieurs des symptômes avaient égale-
ment quasi complètement disparu. Par
exemple, tant les performances motrices
que les amplitudes des «compound
muscle action potentials
» (CMAPs) et
des SNAPs avaient augmenté.
Ces données semblent indiquer que l'in-
hibition de la fonction désacétylante de
la HDAC6 induit une ré-innervation des
muscles, un phénomène confirmé au
niveau de la jonction neuromusculaire.
Enfin, cette stratégie thérapeutique
s'avère également donner lieu à une res-
tauration fonctionnelle, car les anoma-
lies du transport axonal ont pu être corri-
gées au cours de la période de traite-
ment. Ces résultats montrent que la
désacétylation de la tubuline joue un rôle
pathogène important dans les neuropa-
thies induites par la mutation du gène
HSPB1. La désacétylation de la tubuline
s'avère également jouer un rôle majeur
dans d'autres modèles de maladies neuro-
dégénératives (comme la maladie de
Hungtington, la dysautonomie familiale
et l'atrophie musculaire spinobulbaire)
(18, 19). À noter également que les
symptômes sont réversibles chez les sou-
ris mutantes HSPB1. Les inhibiteurs de la
HDAC6 permettent en effet de faire dis-
paraître certains symptômes. Dans un
autre modèle murin pour la CMT2,
l'inactivation de l'expression d'un gène
mutant (associé à la CMT2) a également
un effet réversible sur les symptômes.
Perspectives
Il reste encore beaucoup de chemin à
parcourir avant qu'un médicament ne
devienne disponible pour les patients.
De nombreux médicaments expérimen-
taux ­ même les plus efficaces chez les
animaux de laboratoire ­ échouent lors
des études cliniques, ce qui génère des
problèmes de sécurité ou de manque
d'efficacité thérapeutique. Pour autant,
les résultats de cette étude sont impor-
tants, car c'est la première fois que nous
disposons d'une réelle perspective de
traitement potentiel. Dans ce cadre, les
recherches sur les animaux de labora-
toire constituent un maillon important.
Au demeurant, l'utilisation d'autres mo-
dèles murins peut nous aider à trouver
dans quelle mesure cette nouvelle stra-
tégie thérapeutique, efficace dans un
modèle pour la CMT2, serait également
efficace dans d'autres maladies neuro-
dégénératives ou neurologiques. Plusieurs
gènes associés à la CMT2 et à la NMH
distale codent pour des protéines pré-
sentes dans le cytosquelette ou interve-
nant dans le transport axonal. Il est donc
possible que les inhibiteurs de la HDAC6
puissent également induire un effet posi-
tif dans d'autres modèles de la CMT2
et de la NMH distale. En outre, des ano-
malies du transport axonal sont fré-
quemment observées dans différentes
maladies neurodégénératives du système
nerveux central. Les inhibiteurs de la
HDAC6 pourraient également exercer
un effet thérapeutique dans ces modèles.
De nouvelles études scientifiques sont
donc requises afin d'éclaircir ce point.
Remarque: l'article original a été publié sous les références sui-
vantes: d'Ydewalle C, Krishnan J, Chiheb DM, et al. HDAC6 inhi-
bitors reverse axonal loss in a mouse model of mutant HSPB1-in-
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Les inhibiteurs de la HDAC6
permettent de faire
disparaître certains
symptômes.
Il reste encore beaucoup de
chemin à parcourir avant
qu'un médicament ne
devienne disponible pour les
patients.